« Le désespoir et le suicide sont le résultat de certaines situations fatales pour qui n'a pas foi dans l'immortalité, dans ses peines et dans ses joies », cette explication simple du suicide par Gérard de Nerval dans Le rêve et la vie (1853-1854) exprime déjà l'aspect causal extérieur du suicide. Or, les taux de suicide ont une étrange régularité dans le temps, selon les genres et régions. Ainsi, les pays nordiques présentent un pic de suicide au début de la période hivernale, dont la part d'hommes est quatre fois supérieur à celle de la femme. Un même pic du nombre de suicide est observable durant les fêtes de fin d'année dans les pays de l'Union européenne, avec une similitude de surreprésentation de l'homme.
Cette régularité laisse à penser que le suicide est un fait indépendant de la volonté individuelle. Autrement dit, qu'il existe une chose exerçant une contrainte extérieure sur l'individu le menant à cet acte, un fait social. Le suicide étant un acte délibéré de mettre fin à sa propre vie, se « massacrer soi?même » sui caedere en latin.
C'est pourquoi, nous pouvons nous demander quelles sont les contraintes sociétales agissantes sur le suicidé ?
Dans un premier temps, nous aborderons les contraintes extérieures à l'individu et dans un second temps, le rôle de la perception de l'individu par rapport à ses valeurs et à son histoire de vie le menant au suicide.
Si le suicide est régulier selon la région, c'est qu'il existe une influence sur l'acte de la société dans laquelle le suicidé évolue. Autrement dit, le suicide s'explique par des faits sociaux.
Le kamikaze japonais de la Seconde Guerre mondiale illustre ce phénomène : un individu dont la réussite sociale est pleine - le statut d'aviateur étant prisé - vient à se donner la mort. René Servoise, dans son oeuvre de 1995 Japon : les clefs pour comprendre, explique la mise en place rapide de la politique du kamikaze par l'état-major par « des siècles d'intériorisation du sacrifice [du kamikaze] » (...)
[...] Le suicide est donc un fait social, un élément qui contraint l'individu indépendamment de sa liberté personnelle. Mais, si tel est le cas, comment pouvons nous approcher les changements des taux et des nouveaux type de suicide, comme celui au travail ? La conception holiste de Durkheim néglige la part de liberté personnelle dans l'acte, qui, sans elle, mènerait à une société linéaire, sans changement. Prendre en compte cette liberté, c'est analyser l'histoire de vie de l'individu, les enjeux qu'il s'est fixé. [...]
[...] Le XX ème siècle voit aussi apparaître un nouveau phénomène dont les gothiques néo-romantiques en sont l'illustration : le retour aux valeurs passées. Quelque soit la dotation de l'individu en ressources, l'accès aux valeurs passées en compromis par la nature même de ces valeurs. L'idéal de valeurs est irretrouvable ce qui conduit l'individu au suicide. Ces idéaux-types du suicide de Francine Gratton ne nient pas la contrainte de la société. En effet, si les ressources sont un bien propre à l'individu, les valeurs qu'il se donne proviennent de la société, sont ce qui le contraint. [...]
[...] In fine, les explications holiste d'Émile Durkheim et d'individualisme méthodologique de Francine Gratton montrent que le suicide est un fait social. C'est-à-dire que l'individu dans son acte mortel est contraint par une force extérieure. D'une part, par son niveau d'intégration et régulation. Et d'autre part, par les valeurs émient par son groupe d'appartenance, de référence, d'origine auquel l'individu s'identifie. Le niveau de ressource pouvant aussi être une contrainte extérieure en le sens où elle est déterminée par l'appartenance à une strate de la société spécifique. [...]
[...] Le suicide est-il un fait social ? Le désespoir et le suicide sont le résultat de certaines situations fatales pour qui n'a pas foi dans l'immortalité, dans ses peines et dans ses joies cette explication simple du suicide par Gérard de Nerval dans Le rêve et la vie (1853-1854) exprime déjà l'aspect causal extérieur du suicide. Or, les taux de suicide ont une étrange régularité dans le temps, selon les genres et régions. Ainsi, les pays nordiques présentent un pic de suicide au début de la période hivernale, dont la part d'hommes est quatre fois supérieur à celle de la femme. [...]
[...] Si elle est faible, l'individu est désemparé, sans liens sociaux. En effet, les liens sociaux représentent une contrainte pour l'individu, celle de continuer à vivre. En leur absence, l'individu met fin à son existence. Pourtant, cette période nous montre une différence des taux de suicides selon le groupe d'appartenance, ainsi le nombre de suicidés catholiques est moins grand que celui des agnostiques. La différence entre le catholique et l'agnostique est la présence de règles interdisants le suicide dans le premier cas. [...]
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