Structures sociales, personnalité, Norbert Elias, Psychologisation, Rationalisation, Privatisation de la vie
L'analyse de Durkheim pêche par le fait qu'il ne s'intéresse pas aux acteurs sociaux. Pour compléter l'analyse il faut se pencher sur un autre auteur : Norbert Elias. Les travaux peuvent compléter l'analyse que Durkheim fait. Elias est un auteur d'origine allemande a du émigrer en 1933 aux Pays Bas. C'est un disciple de Max Weber. Son œuvre principale a portée sur un livre qui s'appelle en allemand « le processus de civilisation ». Cet ouvrage a été traduit en français sous la forme de deux ouvrages : « la civilisation des mœurs » et « dynamique de l'occident ».
Qu'est ce qui intéresse Elias ? C'est les mœurs, les manières de vivre des individus. Ses travaux portent sur l'évolution des manières de vivre en occident. En Europe occidentale se constitue une nouvelle forme de civilisation aux 18ème-19ème siècles. Processus de civilisation. Pour ce faire il va étudier plus particulièrement ce qu'il appelle « la société de cour ». C'est une étude de la cour de Louis 14, de ses évolutions etc. Qu'est ce qui intéresse Elias derrière ce processus de civilisation des mœurs ? Pour lui, le processus de civilisation est un processus de refoulement au sens de Freud. Elias est un disciple de Weber et il a très bien connu les travaux de Freud. Ce qui caractérise le processus de civilisation pour lui est le fait que les hommes refoulent tout ce qu'ils ressentent en eux même comme relevant de leur nature animale. Elias montre qu'un certain nombre de phénomènes comme la nudité est devenu de plus en plus un problème avec ce processus de civilisation. On ne mange plus avec ses doigts (sauf à Macdonald), on mange avec une fourchette. Les règles de politesse et de décence est le résultat d'un long travail historique. Le processus de civilisation peut se résumer par le contrôle social qui passe de sanctions externes à des contraintes internes, à des autocontraintes.
Elias se pose la question de l'origine de l'usage de la fourchette. La question qui se pose est de savoir si on utilise la fourchette uniquement pour des raisons hygiéniques. Rien d'hygiéniquement nécessaire dans l'usage de la fourchette. Pour Elias l'usage de la fourchette est la marque de l'évolution d'une certaine sensibilité collective, c'est un usage social qui tient au fait que dans les catégories socialement dominantes de la société de cour, on commence à ne pas supporter de manger avec les mains. On a des manuels de savoir vivre qui apparaissent par exemple. Aujourd'hui on ressentirait un certain malaise si on était amené à manger avec des gens qui mangent avec leurs doigts. Pourquoi cette sensibilité collective a augmenté et notamment a augmenté au temps où l'aristocratie s'est constituée ou a constitué une aristocratie de cour ?
[...] La pudeur est un sentiment de dégradation de soi. Se montrer nu c'est perdre quelque chose de soi même dès lors qu'on le fait dans des circonstances qui ne sont pas permises. Les interdits concernant les usages de son corps sont de plus en plus important. Ces interdits sont nuancés. On peut se dénuder mais pas devant n'importe qui. En général l'interdit est qu'on reste entre soi, on ne donne pas prise aux autres. Pourquoi ces transformations ? Accroissement de la compétition sociale : principe de la civilisation des mœurs Cette compétition n'a pas toujours existé L'explication d'Elias c'est le processus de civilisation qui est du à l'augmentation de la compétition sociale. [...]
[...] Les chevaliers avaient les mêmes comportements rustres que les paysans. A partir du moment où les différences entre les catégories sociales ne sont plus des différences statutaires mais des différences brouillées, les catégories dominantes sont amenés à adopter des comportements différents de celles qui les concurrence. C'est avec la pression constante des classes inférieures et donc à la crainte que cette menace fait naitre chez les membres des classes supérieures, que se trouve l'origine de cette course au raffinement, à la distinction. [...]
[...] Les décorations des façades sont aussi fixées par le roi, la décoration variait selon le rang. Il y avait tout un code qui organisait ce à quoi avait droit l'habitant. Il y a aussi l'organisation interne de ces hôtels comme le nombre de pièces qui était fonction du rang occupé. Les nobles de cour étaient des gens qui se montraient. Il s'agit de manifester son rang. La distinction évidente aujourd'hui entre vie privée et vie publique, dans l'univers social qu'était la cour, n'était pas développée. [...]
[...] Ce type d'analyse correspond tout à fait au type d'analyse qu'Elias pouvait faire. Transformation de la famille et du coup transformation des structures de la famille. La société de cour est un livre qui porte sur la cour royale de France, en particulier sous Louis 14. Au 17ème siècle, la cour royale s'est transformée en organisation sociale fermée avec des coutumes réglementant tous les comportements, que ca soit les façons de parler, les façons de s'habiller, les attitudes corporelles etc. [...]
[...] L'esprit d'épargne qui caractérise les bourgeois financiers et commerçants, est ridiculisé par les aristocrates. Privatisation de la vie Troisièmement l'élévation du seuil de sensibilité. Ca touche les sentiments de gêne, de honte, de pudeur. On assiste à une intériorisation très forte des interdits sociaux sous forme de sentiment de gêne et de honte. On ne se dénude pas devant autrui, alors que ca ne posait aucun problème. Les bonnes manières sont ce qu'Elias appelle les sentiments, qui sont proches de la sensation de gêne. [...]
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