Afin de rendre compte de la place attribuée à un prénom arabe dans un mode de compréhension de la normalité en domaine français, nous avions choisi de relever les notions importantes pour définir ce qu'est un stigmate à l'appui de l'ouvrage de Goffman, et comment se positionnait le prénom arabe par rapport à ce concept.
Nous avons interrogé deux personnes, Hasnae et Redouan, rencontrés tous deux dans un cours d'arabe. Hasnae a 21 ans, elle est en licence d'anglais, et précise qu'elle est d'origine marocaine, c'est-à-dire que ses parents sont marocains. Elle va souvent au Maroc, pour voir sa famille l'été. Redouan a le même âge et termine sa licence en droit, il est algérien et avait 12 ans quand il a quitté l'Algérie pour venir dans la région.
[...] Quand t'es juste avec des français et que t'es le seul qui porte un prénom arabe. Je trouve que les français sont hypocrites [ ] ils croient qu'ils ont toujours raison. Par exemple, L'ONU, qui c'est qui l'a créé ? Les Etats-Unis, la France, l'Angleterre. L'ONU c'est quoi ? Des règles que tu dois suivre, et celui qui suit pas il est pas normal, voilà alors celui qu'est pas comme les français il est pas normal. Une fois, on allait visiter une église et j'étais le seul à pas rentrer, j'voulais pas, et puis, je me suis dit bon allez, faut pas être bête là Je me suis retrouvé tout seul devant l'église. [...]
[...] Oui parce qu'en même temps, c'est les origines, c'est la culture, c'est les origines du pays, on est fier de nos origines. - Redouan : Pour la prononciation, ça m'a toujours énervé, les gens il se trompent et ça m'énerve. Il y a ceux qui disent Rédoueeeene mais le pire c'est Rédouâââne ! - Hasnae : oui tu veux comme les gens du bled ! - Moi : Redouâne c'est plus l'accent français, ou c'est les Algériens qui disent ça ? - Redouan : ben là-bas, mais ici aussi ça m'énerve ! Mon prénom c'est Redouaaaan ! [...]
[...] Une définition préalable nous paraît importante, sur ce qui serait appelé prénom arabe. D'après leurs dires et ceux d'autres personnes, on retrouve dans l'acception de prénom arabe plusieurs catégories. Celui de prénom de la tradition musulmane, qui est un des noms donnés en référence à l'Islam. En outre, la catégorie comprend aussi des noms, tel Rayan qui ne sont pas musulmans, donnés notamment dans les communautés chrétiennes (au Liban, par exemple). Ceux-ci sont, pour les interlocuteurs, arabes, mais pas musulmans. [...]
[...] A l'extérieur, l'individu en apprendra une autre, mais qui définit son prénom comme étrange. Ainsi, il y a superposition des deux conceptions de la normalité. Cela fera que l'individu, à l'extérieur, comprendra le système sous-jacent de mise en stigmate de son état, tout en n'étant pas d'accord avec cette attribution de qualificatif. Ainsi, c'est la rencontre avec les normaux qui permet l'étape de découverte du stigmate de la personne. La dernière étape est le positionnement face aux normaux et face aux stigmatisés. [...]
[...] La première étape est l'apprentissage de la normalité. Dans le cas des personnes interrogées, ils sont formés par deux centres de socialisation qui ont deux conceptions différentes de la normalité. Le premier est celui de la famille et la maison, le deuxième est celui de l'extérieur. Ceci va être déterminant dans la deuxième étape : la découverte du stigmate. Ici, le premier centre de socialisation ne définit pas le prénom porté comme stigmate, alors qu'il l'est dans le deuxième centre de socialisation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture