Combien d'entre vous ne savent pas que la Coupe du Monde de rugby se joue en ce moment en France ? Combien l'ont suivi occasionnellement ? Régulièrement ? Combien d'entres vous sont allé ou irons voir un match ? Combien ont ou vont regarder des matchs entiers ?
Finalement, combien d'entre vous soutiennent une autre équipe que l'équipe de France ?
Au vu de cet échantillon, il est évident que le sport est devenu un spectacle incontournable dans les sociétés humaines… Un spectacle de masse, faisant appel à nos passions, à notre patriotisme…
Ainsi, le spectacle sportif est incontestablement devenu un phénomène des plus mondialisés, à l'image des Jeux Olympiques et des Coupes du Monde de football ou de rugby. Or, parallèlement, les compétitions sportives sont de plus en plus vécues par les spectateurs comme des facteurs d'identification et d'expression des appartenances collectives.
Symbole même de la mondialisation, le spectacle sportif se pose donc aussi comme un moyen d'en atténuer les effets les plus déstructurants : alors que la mondialisation vient bousculer les repères identitaires traditionnels, le sport permet de créer des substituts en termes d'appartenances.
[...] Ou bien à Glasgow, les catholiques supportent traditionnellement le Celtic et les protestants les Rangers. Pierre Bourdieu, dans La Distinction, Critique sociale du jugement, évoque plutôt la fréquentation des spectacles sportifs via le prisme des classes sociales : les plus populaires des spectacles sportifs (foot, F1, cyclisme ) seraient principalement le fait des artisans, commerçants, ouvriers, cadres moyens, alors que les membres de la classe dominante vont moins dans les stades et regardent moins les programmes sportifs à la télé, faisant certaines exceptions pour des sports comme le tennis. [...]
[...] La mutation de l'événement sportif en spectacle, intensifiée au cours du xxe siècle, a ainsi pu être l'un des vecteurs principaux d'affirmation et de revendication identitaire tant au niveau national que local. Comme l'explique l'historien Eric Hobsbawm dans Nations and Nationalism since 1780 [1992] : Ce qui a fait du sport un moyen unique d'inculquer le sentiment national, c'est la facilité avec laquelle les individus mêmes les moins politisés peuvent s'identifier avec la nation, symbolisée par des jeunes gens excellents dans ce que pratiquement chaque homme veut ou a voulu au moins une fois dans sa vie : être doué pour Le spectacle sportif est donc devenu un moyen privilégié d'exprimer des antagonismes locaux, sociaux ou religieux et de les affirmer par rapport à des revendications concurrentes. [...]
[...] Une défaite dans cette compétition est donc vécue comme un affront à l'honneur national. Ex : après une déconvenue de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire en 2000, le général Guéï, alors président, a consigné l'ensemble de l'équipe dans un camp militaire À côté de cela, la création d'équipes régionales (comme une équipe de l'UE) est totalement inenvisageable, car vue comme la négation de particularités nationales. Les Jeux Olympiques continuent de mobiliser à grande échelle au niveau national, autour d'un sentiment patriotique puissant : on comptabilise ainsi les chances de médaille d'un pays, avant celles d'un athlète. [...]
[...] Du rôle structurant du sport pour les êtres humains Le besoin identitaire au niveau personnel La participation au spectacle sportif est avant tout l'expression d'un besoin d'appartenir, qui opère tout d'abord au niveau individuel. Ainsi l'ardeur partisane développée par le supporter d'un club ou d'une équipe nationale s'explique par une recherche ou un besoin d'émotions, une quête d'accomplissement personnel et de visibilité, et le sens de la compétition. La recherche et le besoin d'émotions tout d'abord, qui ne peut pleinement s'exprimer que si l'on prend partie pour un des deux camps. [...]
[...] Le sport, entre phénomène mondial et affirmation d'appartenances identitaires nationales et locales ? Introduction Combien d'entre vous ne savent pas que la Coupe du Monde de rugby se joue en ce moment en France ? Combien l'ont suivi occasionnellement ? Régulièrement ? Combien d'entres vous sont allés ou irons voir un match ? Combien ont ou vont regarder des matchs entiers ? [...]
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