Nous souhaitons nous pencher sur le sujet des jeunes des banlieues pour plusieurs raisons. Premièrement, le fait que nous ayons toujours vécu dans ce que certains appellent des « quartiers à risques », trop souvent présentés comme l'origine unique de la délinquance. En effet, l'insécurité est considérée comme le problème le plus important dans les quartiers en difficulté par 63% des Français, devant les problèmes d'emploi (56%) et de pauvreté (49%), révèle un sondage TNS Sofres pour la Revue Enjeux Logement publiée par l'Institut Nexity pour le logement en novembre 2006. A la question: quels sont les problèmes dont il faut s'occuper en priorité dans les quartiers en difficulté, les Français interrogés ont répondu l'insécurité et la violence (63%), les problèmes d'emploi (56%), de pauvreté (49%), d'échec scolaire (38%), les difficultés d'intégration (35%), l'état des logements et des bâtiments (19%). L'insécurité est également considérée comme le problème majeur dans les villes par 69% des Français, devant la pauvreté et les problèmes d'emploi.
Puis, le sentiment de confusion provenant de la propagation de nombreuses idées opposées sur ce sujet a attisé notre curiosité: d'une part, on pouvait entendre la thèse selon laquelle les violences urbaines s'expliquent simplement par un déficit d'éducation de jeunes trop paresseux qui succombent à l'idée de « l'argent facile » que permet l'économie souterraine (que ce soit la vente de drogues dures, de cannabis ou d'autres activités illégales comme le vol, le cambriolage et la fraude) ; d'autre part, on évoque la responsabilité du gouvernement dans ce malaise, l'échec du modèle républicain d'intégration, la ségrégation et le racisme que subiraient beaucoup de jeunes stigmatisés (principalement ceux issus de l'immigration).
[...] Ils occupent une position de surnuméraires, en situation de flottaison dans une sorte de no man's land social, non intégrés et sans doute inintégrables. ( . ) Ils ne sont pas branchés sur les circuits d'échanges productifs, ils ont raté le train de la modernisation et restent sur le quai avec très peu de bagages. Dès lors, ils peuvent faire l'objet d'attentions et susciter de l'inquiétude, car ils posent problème On constate l'ambivalence de cette situation où la pauvreté des uns semble provoquer la peur des autres au point que l'on traite de la question des banlieues bien plus en termes d'insécurité qu‘en termes de justice. [...]
[...] Chômage, discrimination, police sont des facteurs mis en exergue. Mais cela ne permet guère de comprendre la logique même de l'événement, ni les articulations entre la situation vécue, ni le moment déclencheur et le passage à l'acte. Deuxièmement, la théorie des agitateurs est la suivante : on accuse l'influence d'agitateur politique ou religieux capables de mobiliser une partie de la population contre les institutions pour détruire l'ordre social Aux Etats Unis d'Amérique, l'influence des militants noirs est mise en avant. [...]
[...] La police est parfois accusée de laxisme, de discrimination ou d'incompétence. La police est aussi accusée d'être au service du pouvoir ou des classes dirigeantes. Aujourd'hui, les témoignages de victimes de ce monopole de la violence légitime pour reprendre l'expression de Max Weber, ne paraissent plus exceptionnels mais fréquents, surtout chez les populations issues de l'immigration que l'on retrouve dans les quartiers. Les exactions policières actuelles ne relèveraient-elles que de quelques brebis galleuses de la profession et viendraient-elles d'un problème d'encadrement (réforme générale de la fonction publique) ? [...]
[...] En août 1965, de violentes émeutes dans le quartier de Watts à Los Angeles ont impliqué selon les enquêtes les habitants ordinaires ou moyens du quartier. L'Armée a du intervenir pour rétablir l'ordre des choses. La même chose en Angleterre dans les années 80-90 et 91 : la cité des Blackbirds Legs à Oxford est le théâtre de rodéos La police provoqua l'émeute. En 1992 à Bristol, une course poursuite où deux jeunes voleurs perdent la vie se termine par une émeute (pillages, feu à la bibliothèque locale). En 1991 à Telford, l'assassinat d'une jeune handicapée mentale par deux policiers déclenche une émeute. [...]
[...] Alors comment étudier ce lien entre les jeunes de quartiers et ces forces de l'ordre ? Quel discours chacun de ces groupes a-t-il sur l'autre ? Quels sont les stéréotypes des jeunes sur la police ? Au passage, on peut penser aux textes de certains rappeurs qui récemment ont attiré l'attention des autorités pour les exhortations explicites à la haine envers la police, et envers la société plus généralement. L'image que l'on a de la police reflète généralement notre rapport à la société. [...]
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