Jusqu'à une époque relativement récente, les questions de l'organisation de l'activité scientifique, l'étude des conditions nécessaires au développement de l'activité étaient restées celles des philosophes, des épistémologues et des historiens. Depuis les années vingt, le monde de la science est devenu un terrain d'enquête pour les sociologues. Ce livre constitue un résumé des théories des sociologues des sciences. Après un rappel des rapports des sociologues classiques à la science, O Martin nous plonge dans la diversité de ces études sociologiques. Le second chapitre établit que le domaine scientifique est un espace social régulé par des normes et une organisation spécifiques. Le troisième chapitre se penche sur les scientifiques eux mêmes et leurs institutions, les structures de la science : formelles et informelles. Des sociologues se sont donnés pour mission de montrer la stratification du champ scientifique et les inégalités inhérentes à son organisation. Nous verrons dans le quatrième chapitre quelles sont les théories qui postulent une détermination sociale des savoirs et enfin nous aborderons l'anthropologie des sciences, c'est à dire l'étude des pratiques scientifiques.
[...] Merton considère le processus de cumul des avantages comme une dysfonction manifeste du système de récompense à un niveau individuel mais au niveau de la communauté ce processus permet d'amplifier la visibilité de la communauté et permettrait de multiplier les communications entre les scientifiques de la communauté. Par ailleurs, il souligne que l'éthique de la politique globale de la science doit essayer d'établir une meilleure répartition des récompenses. L'organisation des laboratoires : système d'interaction et non pas organisation Dans les facteurs de la réussite dans les laboratoires de recherche fondamentale en France, Lemaine, Lécuyer, Gomis et Barthélémy essaient de savoir pourquoi des laboratoires marchent bien et d'autres non. [...]
[...] D'activité industrielle, la science devient une activité collective soumise à des valeurs, à des normes, à des usages partagés par tous ceux qui s'y adonnent. La science devient une profession : l'apprentissage, l'intériorisation des savoirs . sont formalisés et s'acquièrent dans des écoles spécialisées. La communauté scientifique acquiert une organisation interne et une autonomie par rapport au reste de la société. Dans cette émergence, la création en 1645 de la Royal Society of London, première institution scientifique, marque une étape décisive. [...]
[...] La Royal Society trouve son origine dans l'intérêt porté par ses membres fondateurs aux activités scientifiques. Les fondateurs sont J Wilkins, J Wallis, R Boyle, W Petty qui ont justement pour point commun d'être des puritains. Merton étudie l'histoire de la Société royale de Londres (1661) de T Part d'où il ressort une forte correspondance entre les éléments de la doctrine puritaine et les qualités jugées nécessaires à l'exercice de la pratique scientifique. Merton rappelle que le puritanisme condamne l'oisiveté, occasion de distraction et de péché, obstacle à la poursuite d'une véritable vocation On peut noter une affinité élective entre les valeurs propres de l'esprit puritain et celles caractéristiques de la démarche scientifique. [...]
[...] Puisque le mode de production des scientifiques est opportuniste et dépend des conditions matérielles dans lesquelles ils se trouvent (indexicalité), qui leur offrent les opportunités, leurs découvertes ne peuvent être comprises que dans un contexte local. Chaque laboratoire a une vie matérielle propre. Clarke et Fujimura disent que les pratiques scientifiques sont situées cette constatation nécessite des analyses microsociologiques. Enfin, les faits scientifiques ne sont pas découverts : ils ne préexistent pas à la pratique scientifique, mais sont fabriqués par les chercheurs dans le cadre de leurs activités. Les scientifiques oscillent entre deux points : état de fait ou artefact, l'énoncé au fur et à mesure prend l'une ou l'autre de ces appellations. [...]
[...] Ainsi pour la période 1961-64 plus de 11 millions d'articles n'ont été cités qu'une seule fois contre 11 qui ont bénéficié de 4000 à 4999 citations. Les frères Cole ont cherché les origines de ces inégalités : ils élaborent un échantillon de 120 physiciens, qui volontairement surreprésente le nombre de femmes et les scientifiques éminents (hommes et femmes). Ils sont différenciés suivant leur âge, le rang du département universitaire d'appartenance, la productivité, et le nombre de récompenses honorifiques obtenues, enfin la qualité sociale qui correspond au score citationnel. [...]
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