Se demander à quoi sert la sociologie politique peut paraître un brin provocateur, mais il est vrai que la sociologie politique, science encore jeune, s'inscrit au cœur d'un ensemble de disciplines parfois millénaires (philosophie politique) et qui se sont longtemps suffises à elles-mêmes.
En effet, la sociologie politique, que nous définirons par « la discipline se proposant d'étudier les fondements et les mécanismes des rapports politiques au sein de la société globale », avec toute la complexité qu'implique le terme politique (que nous verrons plus tard), est restée pendant des années très marginale en France, comme s'il s'agissait d'une pseudo-science honnie, ou du moins considérée comme sans réelle raison d'être.
La Sociologie politique se donne pour but premier de permettre de poser un regard neuf sur ce qui est peut-être un des faits sociaux les plus évidents : le rapport au pouvoir. Un des obstacles majeurs à son développement fut qu'elle est loin d'être pionnière en ce qui concerne l'étude du champ politique. En effet, rares sont les sciences humaines et sociales qui n'abordent pas le domaine politique, que ce soit directement ou indirectement. Le juriste, l'historien, l'économiste, et surtout le philosophe politique (pour n'en citer que quelques-uns) se sont depuis longtemps penchés sur les rapports politiques et leurs conséquences sociales. Pour autant, la sociologie politique est aujourd'hui devenue une discipline à part entière, à laquelle une certaine légitimité semble être reconnue.
S'interroger sur le « pour quoi faire ? » de la sociologie politique apparaît ainsi comme l'occasion de mettre en évidence les spécificités d'une science née des changements politiques spectaculaires (montée de la bourgeoisie, démocratisation, nationalismes, totalitarismes, etc.) qu'a connu le monde occidental depuis le début du XIXe siècle.
[...] Pour eux, la sociologie politique n'est pas qu'une science en ce sens qu'elle possède une fonction voire une responsabilité sociale. La critique de l'ordre social est essentielle : le dévoilement n'est plus une fin, mais un moyen, fournissant aux citoyens les armes pour comprendre et donc pouvoir agir sur les phénomènes politiques Mais aussi parfois de soutien à celui-ci : Dans la même optique, mais dans un sens totalement opposé, la sociologie politique peut également posséder un rôle social de pacification ou de soutien au pouvoir. [...]
[...] Opération qui n'est pas neutre socialement et qui remplit sans aucun doute une fonction sociale. Entre autres raisons parce qu'il n'est pas de pouvoir qui ne doive une part et non la moindre de son efficacité à la méconnaissance des mécanismes qui le fondent. (Bourdieu, Questions de sociologie pp.26-27). On pourrait également citer le concept de cens caché que met en évidence Daniel Gaxie. Ses travaux montrent que les inégalités scolaires fonctionnent tel un cens électoral, qui exclue certains citoyens de la vie politique. [...]
[...] + Le phénomène politique doit donc être appréhendé de manière plus globale. En effet, dans une perspective maximaliste, le terme politique engloberait tout ce qui trait à la vie de la cité”. Cette définition paraît au prime abord quelque peu excessive : comment distinguer ce qui est politique de ce qui ne l'est pas? Tout simplement par la perception que la société a de l'objet que l'on souhaite étudier. Pour un penseur comme J. Leca, le politique c'est rapport de force entre différents groupes qui fournissent chacun leur propre détermination, et qui fait surgir une détermination objective de ses frontières”. [...]
[...] La sociologie politique comme unique finalité 1. Une science se voulant avant tout cognitive : La sociologie politique n'a cessé depuis ses origines de tenter de justifier son statut voire son existence par sa scientificité. C'est ce qui pousse certains à contester le rôle social qu'elle pourrait avoir. Dans cette optique, toute analyse critique ou apologique envers le pouvoir politique n'est plus sociologique, car la neutralité axiologique que nous avons évoquée plus haut est rompue. La finalité de la sociologie politique réside alors en elle-même, elle devient une science cognitive qui se doit de rester neutre et désintéressée de ses résultats. [...]
[...] Il ne s'agit plus de savoir comment fonctionne la Cité, mais de savoir pourquoi elle fonctionne, et quelles sont les représentations et croyance qui sous-tendent son organisation. Ici la sociologie politique se rapproche de nouveau de la philosophie politique, en ce sens que toutes deux ont tenté de réfléchir à ce qui fonde un pouvoir (on pense notamment aux théories du Contrat Social). + Le sociologue politique cherche donc à aller au-delà des apparences pour mieux identifier les représentations à l'origine du pouvoir. En un sens on pourrait presque parler de phénoménologie du politique. [...]
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