En 2006, les prénoms les plus attribués ont été Enzo pour les garçons et Emma pour les filles. Si l'on questionne les parents, ils répondront presque tous qu'ils n'ont pas suivi la mode pour choisir le prénom de leur enfant. Pourtant, le fait est qu'aujourd'hui la mode gouverne bel et bien le choix des prénoms. C'est ce sur quoi s'est penché Guy Desplanques en janvier 1986 dans son article intitulé Les enfants de Michel et Martine Dupont s'appellent Nicolas et Céline. Guy Desplanques est aujourd'hui chef du département de la démographie de l'INSEE. Il est, avec le sociologue Philippe Besnard, le principal auteur à avoir étudié de façon rigoureuse le domaine du prénom. Les deux hommes ont en effet étudié les fichiers d'état civil et épluché les données statistiques depuis plus d'un siècle. Cet article publié dans la revue mensuelle de l'INSEE apparaît comme un condensé de l'ouvrage intitulé Un Prénom pour toujours, la cote des prénoms, publié pour la première fois en 1986 par Desplanques et Besnard. A travers l'étude des prénoms, cet article analyse les mouvements de mode de façon très empirique. L'article de Philippe Besnard et de l'historien Cyril Grange paru en 1993 dans l'Année sociologique et intitulé La fin de la diffusion verticale des goûts ? Prénoms de l'élite et du vulgum vient le compléter en se concentrant sur la diffusion de la mode.
Dans son dictionnaire de sociologie, Raymond Boudon définit la mode comme le « processus de transformation incessante et à tendance cyclique des préférences propres aux membres d'une société donnée, dans toute sorte de domaines. » L'exemple des vêtements est souvent choisi pour étudier les phénomènes de mode mais le choix des vêtements est doublement limité : par leur disponibilité et par leur coût. Le prénom lui, est un bien gratuit et sa consommation est obligatoire. Il se démarque donc de tout autre acte de consommation et apparaît comme un bien privilégié pour étudier la mode.
En quoi le choix du prénom relève-t-il d'un phénomène social ? En quoi le prénom est-il sujet aux fluctuations de la mode ? Comment se diffuse la mode ? Qu'est-ce qui influence le choix des parents ?
Tout d'abord, nous montrerons qu'avec l'amplification du phénomène de mode des prénoms, les lois qui régissent l'univers du prénom ont largement évolué depuis le 17ème siècle. Puis, nous constaterons qu'aujourd'hui, la mode des prénoms se diffuse selon un schéma vertical (qui a tendance à s'atténuer) ainsi qu'un schéma horizontal, et que divers facteurs influent sur le choix des prénoms.
[...] Dès le 17ème siècle, une nouvelle pratique apparaît : le deuxième prénom. Cette pratique naît dans la bourgeoisie urbaine de la volonté d'individualiser davantage les enfants. La pratique du prénom double puis multiple se répand rapidement au 19ème siècle et donne l'occasion d'élargir et de renouveler le répertoire des prénoms, préfigurant ainsi le modèle actuel. Après la Deuxième Guerre mondiale, le modèle classique hérité d'une France rurale associant transmission du prénom et transmissions des biens disparaît, d'abord pour les prénoms féminins. [...]
[...] Enfin, on peut se demander si les lois qui régissent l'univers des prénoms n'ont pas évolué depuis 1993 et ne vont pas évoluer dans le futur. Ces articles datent en effet de près de 15 ans et on peut souligner que depuis quelques années, les parents cherchent à être de plus en plus originaux et se soucient moins du compromis entre conformisme et originalité. Ils n'hésitent pas à inventer des prénoms ou à en fabriquer à partir de prénoms existants (Timéo par exemple). [...]
[...] Pourtant, le fait est qu'aujourd'hui la mode gouverne bel et bien le choix des prénoms. C'est ce sur quoi s'est penché Guy Desplanques en janvier 1986 dans son article intitulé Les enfants de Michel et Martine Dupont s'appellent Nicolas et Céline. Guy Desplanques est aujourd'hui chef du département de la démographie de l'INSEE. Il est, avec le sociologue Philippe Besnard, le principal auteur à avoir étudié de façon rigoureuse le domaine du prénom. Les deux hommes ont en effet étudié les fichiers d'état civil et épluché les données statistiques depuis plus d'un siècle. [...]
[...] La première est l'agrandissement du stock des prénoms. Dans le modèle classique, lorsque les prénoms étaient transmis, le répertoire des prénoms était très réduit comme on l'a vu. Avec l'apparition du prénom double, du prénom multiple et du modèle actuel de dénomination régi par la mode, le stock des prénoms couramment attribués s'est élargi. Ainsi, aux 17 et 18ème siècle, plus de 60% des enfants portent les 4 ou 5 prénoms les plus répandus. A la fin du 19ème siècle des filles sont désignées par les 10 prénoms les plus courants. [...]
[...] Qu'est-ce qui influence le choix des parents ? Tout d'abord, nous montrerons qu'avec l'amplification du phénomène de mode des prénoms, les lois qui régissent l'univers du prénom ont largement évolué depuis le 17ème siècle. Puis, nous constaterons qu'aujourd'hui, la mode des prénoms se diffuse selon un schéma vertical (qui a tendance à s'atténuer) ainsi qu'un schéma horizontal, et que divers facteurs influent sur le choix des prénoms. Avec l'amplification du phénomène de mode des prénoms, les lois qui régissent l'univers du prénom ont largement évolué depuis le XVIIe siècle Le phénomène de mode s'est amplifié avec le temps L'apparition du mode de dénomination actuel associant un prénom et un nom apparaît au 13ème siècle en France. [...]
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