La naissance du phénomène de la mode coïncide avec l'avènement d'une société des individus et il s'agit d'un phénomène qui intéresse autant la littérature que les sciences humaines. La mode est un phénomène central dans la Sociologie car elle montre notamment comment les préférences individuelles se conforment ou pas à une préférence collective. Ainsi, à travers la mode transparaît la part du social des comportements individuels.
Le cas des prénoms se révèle être particulièrement significatif des mouvements de mode, car il reflète à la fois une volonté de distinction et témoigne de la recherche d'un certain conformisme social. Depuis les travaux fondateurs de Philippe Besnard en France et de Stanley Lieberson aux États-Unis, les sociologues ont comprit que les prénoms constituaient de considérables outils d'analyse. C'est dans ce cadre qu'intervient Guy Desplanques, le chef du département de la démographie à la direction générale de l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) et co-auteur de l'ouvrage La cote des prénoms remis à jour depuis 1986.
On présente souvent le cas des prénoms comme un exemple particulièrement significatif pour expliquer le phénomène de mode et même comme le « bien de mode par excellence », mais l'attribution des prénoms dans la société est-elle toujours liée à des phénomènes de mode ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous commencerons par définir ce qu'est la mode, puis nous verrons en quoi le choix d'un prénom résulte du phénomène de mode et enfin nous nuancerons nos propos en cherchant à savoir si on assiste à la fin de la diffusion verticale des goûts.
[...] Hisquin ; Prénoms en France ; D. Hisquin, Les revues pédagogiques de la Mission Laïque Française, Avril 2001, n°42 - Besnard ; Grange ; La fin de la diffusion verticale des goûts ? Prénoms de l'élite et du vulgum Année Sociologique - Steven D. Levitt & Stephen J. [...]
[...] Elle est un simple produit des besoins sociaux ou psychologiques car elle est irrationnelle et indifférente aux contenus aux raisons objectives. Selon G Simmel, les modes sont des modes de classe, les modes de la couche supérieure se distinguent donc de celle de la couche inférieure et sont initiées par les couches supérieures et abandonnées par celles ci dès que les couches inférieures commencent à les imiter, pour se différencier à nouveau et ainsi de suite (cf. l'imitation est possible car les objets de la mode sont très souvent accessibles par l'argent et bon marché). [...]
[...] La liste des dix premiers prénoms s'est modifiée entre 1925 et 1929 pour les filles tandis que c'est seulement vers 1940-1945 que celle des prénoms masculins s'est renouvelée. Enfin, à la fin de la seconde guerre mondiale, cette liste est pour les deux sexes complètement différente à celle de 1900. Disparition des homonymes et de certaines terminaisons La plupart des prénoms chrétiens étaient masculins donc de nombreux prénoms féminins ont été formés en ajoutant un suffixe à ces prénoms masculins. Mais aujourd'hui les prénoms se distinguent plus nettement entre les sexes, on rencontre beaucoup moins de Marcelle, Dominique ou de Pascale. [...]
[...] Ils jouent un rôle d' «amplificateur» : ils accélèrent le processus de renouvellement des prénoms. Mais, dans l'autre sens, les noms des personnages de télévision ou de cinéma sont souvent choisis en fonction de leur popularité au sein de la population ou du moins auprès de certaines couches. Les cadres affectionnent aussi aujourd'hui les prénoms d'origine étrangère ce qui traduit l'impact d'une culture nord- américaine diffusée avec des séries télévisées. Il semble maintenant pertinent de se demander si le choix des prénoms marque la fin de la diffusion verticale des goûts III) La fin de la diffusion verticale des goûts ? [...]
[...] Et, même si à travers l'étude des prénoms c'est l'analyse des mouvements de mode qui est en jeu, de nos jours, l'attribution d'un prénom tend de plus en plus à s'éloigner du schéma classique de la mode et à résulter de réalités inédites. Bibliographie - G.Simmel ; La mode ; La Philosophie de la modernité, Paris, Payot - G. Desplanques ; Les enfants de Michel et Martine Dupont s'appellent Nicolas et Céline ; Economie et statistique, 184, janvier 1986 - J. Besnard & G. Desplanques ; La côte des prénoms en 2005 ; éditions Balland - D. [...]
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