Analyse du phénomène de la "guerre contre Noël" qui est apparu depuis quelques années dans les sociétés multiculturelles (Etats-Unis, Grande Bretagne, Canada) : certains veulent bannir la fête de l'espace public, en interdisant les chants de Noël, les décorations, le père Noël, etc.. Quels enjeux se cachent derrière cette controverse ? Quels rôles y jouent les minorités religieuses, les laïcs et le "politiquement correct" ? Quelles conséquences ?
[...] Les médias, la publicité, les établissements publics ou le gouvernement ne sont-ils pas censés être sécularisés ? Est-il légitime de laisser ces espaces célébrer une fête chrétienne ? Peut-on imposer aux minorités des valeurs et coutumes qui ne sont pas les leurs, sous prétexte que ce sont celles de la culture dominante ? Mais, sachant que ces sociétés autorisent aujourd'hui par exemple le port du voile et, plus surprenant, du kirpan sikh à l'école et construisent avec les fonds étatiques des lieux de cultes de confessions variées, on peut se demander en quoi un simple sapin de Noël serait gênant pour la pérennité du modèle multiculturel. [...]
[...] La grande majorité des articles de presse et des sites Internet évoquent de très fortes pressions laïques quant à la disparition de Noël dans les lieux publics. Selon toute vraisemblance cependant, il semblerait que cette impression soit surtout le fait d'un sentiment de peur ressenti par les défenseurs de Noël, qui se sont vus menacés dans leurs traditions et dans leur culture. Ce sont plutôt les groupes chrétiens qui, emmenés par le présentateur de Fox News, O'Reilly, se sont montrés extrêmes dans leur campagne de sauvetage de Noël. [...]
[...] Une autre puissante association chrétienne, l'Alliance Defense Fund, a d'ailleurs mobilisé des avocats pour écrire à responsables des autorités scolaires à travers le pays pour leur rappeler le droit de cité du Noël chrétien. D'autres groupes religieux distribuent des bracelets de caoutchouc estampillés Dîtes juste Joyeux Noël et des étiquettes et aimants à afficher sur son pare-choc. Les groupes chrétiens sont très actifs dans leur lutte pour le sauvetage de Noël. Leurs actions se situent clairement contre les laïcs, et non contre les minorités. [...]
[...] La persistance d'un repli identitaire des groupes culturels et religieux et les conséquences du politiquement correct Le bâtonnier de l'Ontario, James Morton, se prononce quant à la décision de la juge Marion Cohen de retirer les sapins décorés de l'établissement juridique : l'intégration et la compréhension sont des valeurs cardinales de la société canadienne et de notre système de justice, et elles se développent par le partage des symboles religieux ( Mais en retirant les arbres de Noël et les autres symboles religieux de la vue de tous dans nos palais de justice, nous produisons l'opposé [de l'intégration] En effet, alors que ces sociétés pluriculturelles prônent la tolérance et se disent chacune être des modèles d'intégration, les actions tournées contre Noël peuvent prouver le contraire : ne seraient-elles plus tolérantes envers elles-mêmes ? Mais à qui est-ce la faute ? [...]
[...] Le politiquement correct nie la culture du pays, avec pour objectif d'effacer tout sentiment d'injustice des minorités. Mais cette pratique a des effets pervers : les citoyens issus de la culture dominante éprouvent du ressentiment envers ces minorités ou/et envers la laïcisation de la société, qui leur volent leur identité. III. Un renouveau religieux et un ressentiment accru Denise Bombardier, chroniqueuse du quotidien Le Devoir, explique : Notre société vit une longue transition entre une culture religieuse, justement, et l'acquisition d'une vraie culture laïque, laquelle ne peut faire fi du passé. [...]
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