Au tournant du XIXe siècle, une nouvelle science tente de s'institutionnaliser : la sociologie. L'émergence de cette discipline est rendue difficile par sa dépendance à la théorie du droit, à la philosophie ou encore à l'histoire. En effet, la sociologie s'est constituée à travers un processus de différenciation et d'intégration : elle s'établit contre des vieilles disciplines et veut en même temps intégrer ces dernières dans un grand système où la sociologie, la science du fait social, dominerait l'ensemble.
Dans cette entreprise, Emile Durkheim avec sa revue « L'année sociologique » travaille activement pour légitimer cette nouvelle science en proposant un mode opératoire bien précis qui sera développé dans « Les règles de la méthode sociologique » de 1895 et éprouvé deux ans plus tard dans « Le suicide » publié en 1897.
[...] La conception durkheimienne de la sociologie est fondée sur une théorie du fait social. Le but de Durkheim est de démontrer qu'il existe une sociologie qui soit une science objective, conforme au modèle des autres sciences, dont l'objet serait le fait social. Pour Durkheim, la sociologie scientifique repose alors sur les hypothèses fondamentales suivantes : la sociologie est science autonome et indépendante ; l'objet de cette science est spécifique, il se distingue des objets de toutes les autres sciences ; mais, l'objet de cette science doit être observé et expliqué de manière semblable aux autres sciences ; il faut considérer les faits sociaux comme des choses ; la société n'est pas la simple somme des individus qui la composent ; la mentalité des groupes n'est pas celle des particuliers, elle a ses lois propres ; il faut écarter les prénotions, observer les faits sociaux de l'extérieur ; il faut écarter toutes les données sensibles qui peuvent influencer l'observation des faits sociaux ; il faut opérer une distinction entre un fait social normal et un fait social pathologique ; la cause déterminante d'un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents ; il faut rejeter le principe du pluralisme causal et préconiser au contraire le principe de l'unicité causale ; ce sont les structures sociales qui influencent et expliquent les comportements individuels par l'intermédiaire du pouvoir de coercition des faits sociaux. [...]
[...] La sociologie d'Émile Durkheim Introduction Au tournant du XIXe siècle, une nouvelle science tente de s'institutionnaliser : la sociologie. L'émergence de cette discipline est rendue difficile par sa dépendance à la théorie du droit, à la philosophie ou encore à l'histoire. En effet, la sociologie s'est constituée à travers un processus de différenciation et d'intégration : elle s'établit contre des vieilles disciplines et veut en même temps intégrer ces dernières dans un grand système où la sociologie, la science du fait social, dominerait l'ensemble. [...]
[...] l'importance et la singularité d'émile Durkheim dans l'histoire de la sociologie Emile Durkheim est né le 15 avril 1858 à Epinal en Lorraine dans une famille de rabbins. Brillant élève, il prépare au lycée Louis Le Grand le concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure où il entre en 1879. Dans la prestigieuse école, ses condisciples deviendront célèbres : Bergson, Blondel, Jaurès et Janet ; mais il admire surtout deux de ses professeurs : l'historien Fustel de Coulanges et le philosophe Emile Boutroux. [...]
[...] Les causes des phénomènes sociaux doivent être cherchées dans le milieu social. C'est la structure de la société considérée qui est la cause des faits sociaux. La causalité efficiente du milieu social est pour Durkheim la condition d'existence de la sociologie scientifique. Celle-ci consiste à étudier les faits sociaux de l'extérieur, à définir des concepts grâce auxquels on s'isole des catégories des phénomènes, à classer les sociétés en genre et en espèces, enfin, à expliquer un fait social particulier par le milieu social. [...]
[...] Le sociologue français Raymond Aron dans son œuvre Les étapes de la pensée sociologique (1967) synthétise la portée de la vision durkheimienne par deux idées capitales : - la priorité historique des sociétés, où la conscience individuelle est tout entière hors de soi, - et la nécessité d'expliquer les phénomènes individuels par l'état de la collectivité et non pas l'état de la collectivité par les phénomènes individuels. Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Editions Gallimard p Ibid., p. [...]
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