La question de la volatilité électorale est au centre des interrogations de la sociologie électorale française depuis les années 1980, ce qui s'explique par la restructuration de l'espace politique qui a eu lieu à cette période (notamment la baisse de l'extrême gauche, la montée de l'extrême droite et des mouvements écologistes) et les alternances à répétition. De plus, depuis les années 1970, le nombre d'électeurs s'identifiant fortement à un parti diminue, et, même quand cette identification est présente, elle détermine moins directement le vote. Les électeurs mobiles sont donc supposés expliquer les bouleversements qu'a connus la vie politique française à cette époque, et notamment les nombreuses alternances.
La volatilité électorale serait liée à l'érosion des identifications partisanes et des clivages sociaux ou religieux. C'est ce qui fait penser que ce phénomène remettrait en cause les modèles explicatifs du vote, qui insistent principalement sur la sociologie et la psycho-sociologie des électeurs, alors que la volatilité électorale suppose un certain affaiblissement des déterminismes. Ainsi, « la notion de volatilité fut utilisée au départ, davantage pour marquer la perplexité des chercheurs et le faible secours que leur apportait le paradigme de Michigan, que pour désigner de manière scientifique un phénomène qui obligeait les électoralistes à remettre l'ouvrage sur le métier. »
[...] En période de campagne électorale, il est amené à estimer les différentes offres électorales et à choisir la meilleure ou la moins mauvaise option. Mais son choix n'est en fait pas coupé de ses représentations et valeurs profondes, ni de l'ensemble de ses identités et appartenances. Bibliographie - Loïc Blondiaux, Mort et résurrection de l'électeur rationnel. Les métamorphoses d'une problématique incertaine Revue Française de Science Politique, vol octobre 1996, pp. 753-791. - Daniel Boy, Elisabeth Dupoirier, L'électeur est-il stratège ? [...]
[...] Ainsi, trait pour trait, le groupe des volatiles renvoie à la notion du nouvel électeur inventé en 1988 par P. Habert et Alain Lancelot. C'est-à-dire l'électeur informé, politisé mais hésitant de ses choix et se décidant tardivement au gré de l'offre politique et de la campagne. Mais si ce groupe existe bel et bien en 1995, on retrouve à travers les perplexes la vieille notion du marais (Deutsch, Lindon, Weill 1966). C'est-à-dire l'électeur dépolitisé, indifférent à la campagne et de tendance assez conservatrice. [...]
[...] On distingue un potentiel délibératif issu de l'expérience quotidienne et du bon sens. On peut alors tirer un nouveau portrait de l'électeur, un citoyen ordinaire dont tout le savoir politique est fragmentaire, incident et hasardeux, un citoyen qui n'étudie pas les candidats mais collecte des morceaux et des pièces d'information, de bric et de broc, au cours du temps, se constituant graduellement une image composite des principaux enjeux et candidats (W. R. Neuman, The paradox of mass politics, 1986). Par ailleurs Popkin, (The reasoning voter, 1994) montre que, même dépourvus de toute connaissance solide de la politique, les individus raisonnent effectivement sur les partis, les candidats et les enjeux et sont capables de soutenir des décisions à partir de l'observation du monde qui les entoure et de leur connaissance des campagnes électorales. [...]
[...] Grunberg, on ne peut pas concevoir l'élaboration d'un modèle de comportement instable du vote qui soit distinct d'un modèle général du comportement électoral (Elisabeth Dupoirier, Gérard Grunberg, France de gauche, vote à droite En effet, la majorité des électeurs mobiles ne correspond pas au modèle de l'électeur rationnel et peut s'inscrire dans les structures traditionnelles des comportements électoraux. Si la thèse siegfridienne de la stabilité des choix électoraux est remise en question, les variables lourdes jouent toujours un rôle important. [...]
[...] Toutefois, ses préférences ne sont pas nécessairement celles qui lui assurent le plus d'avantages individuels. Elles peuvent être liées à des valeurs politiques et à une vision du monde. L'avènement du modèle de l'électeur rationnel coïncide donc avec un affaiblissement des identifications partisanes mais aussi avec des transformations qui touchent la société dans son ensemble. En effet, les nouveaux paradigmes s'expliquent par les changements de société des dernières décennies. Dès les années 70, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, on souligne que les nouvelles générations sont socialisées dans des sociétés où les mécanismes et les formes d'encadrement des individus sont moins prégnants et où le relèvement général des niveaux d'instruction dote les électeurs de systèmes d'attitudes idéologiques plus riches et plus cohérents.» Ils peuvent alors s'éloigner de la tutelle des partis et voter en fonction de la défense de leurs intérêts. [...]
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