La question au coeur du champ de la sociologie de l'école est : pourquoi les enfants qui appartiennent à des milieux sociaux différents ne réussissent pas de la même manière à l'école ? Comment se fait-il que l'on observe de manière régulière des inégalités d'accès et de réussite en correspondance étroite avec la hiérarchie sociale ? On l'observe malgré toutes les politiques de démocratisation mises en oeuvre. Depuis les années soixante, période d'expansion de cette sociologie, toutes les réflexions tournent autour de cette problématique : les inégalités sociales devant l'école.
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L'éducation et le système scolaire sont des thèmes de recherche très importants depuis le début de la sociologie notamment à l'époque de Durkheim, c'est-à-dire à partir des années 1920. Dans "l'évolution pédagogique en France" de 1938, Durkheim s'intéresse à la culture scolaire au niveau de la société dans son ensemble, il faut s'intéresser à l'école car le système éducatif participe pour une grande part à la socialisation et à l'intégration des individus dans la société. Pour Durkheim, le social forme un tout, il s'intéresse au collectif, comment une conscience collective peut-elle se construire ? L'école, en inculquant des savoirs, des manières de pensée, joue un rôle important à jouer dans cette construction. Les idéaux éducatifs, les objectifs que se donne l'école et les programmes d'enseignement qui sont une traduction de ces idéaux, doivent être mises en relation avec le système social dans son ensemble avec les changements économiques, sociaux et culturels. Ils sont liés à la société et ses changements.
Pour Durkheim, les savoirs scolaires sont un arbitraire culturel qui est socialement constitué, construit par rapport aux besoins d'une société à un moment donné.
Les savoirs scolaires sont un domaine étudié et exploré depuis les années 80-90.
On estimait à l'époque de Durkheim que l'école jouait son rôle d'intégrateur. Le passage d'une culture scolaire imprégnée de religion, de morale à une culture scolaire beaucoup plus ouverte à la science, à la rationalité correspond à la transformation de la société au début du 20ème siècle avec la révolution industrielle, la division du travail et la laïcisation. On parle alors d'une société qui devient profane, on s'éloigne des mythes et la culture scolaire reflète cette transformation de la société (...)
[...] Dans les années 70, une multitude de questions surgit autour de la préoccupation productive et sur la capacité de l'école à remplir son objectif d'égalité des chances. On observe une massification, une plus grande facilité d'accès mais cette plus grande égalité d'accès s'accompagne- t-elle d'une égalité de réussite? De nombreuses enquêtes statistiques apparaissent, formant une sociologie essentiellement empirique fondée sur des débats d'idées, contrairement à la sociologie de Durkheim. A partir des résultats de toutes ces enquêtes, nous constatons l'existence d'un fait social majeur: la trajectoire scolaire des jeunes, c'est-à-dire l'accès et réussite à l'école est très liée à leur origine sociale. [...]
[...] Ce qui les différencie par contre, c'est le degré de conscience des individus. Evolution des théories : Ces approches ont dominé pendant 20 ans la sociologie de l'éducation. Depuis cette époque, le fonctionnement de l'école n'est plus expliqué à partir de sa fonction sociale. De même que l'approche de Boudon basée sur l'autonomie de l'école et les inégalités sociales n'est plus critiquée. Nous constatons également une confirmation de l'approche de Bourdieu et Passeron sur la théorie du rôle central des facteurs culturels. [...]
[...] Cela explique l'existence de chances inégales de réussite des enfants d'origine sociale différente. L'école ne fait pas qu'enregistrer des différences qui existent entre les élèves, elle transforme des différences culturelles en inégalités scolaires par l'inégale maîtrise des outils intellectuels tels que le langage par exemple. Les cultures des milieux populaires ne sont pas intrinsèquement plus faibles ou moins intéressantes, elles sont juste moins rentables car non reconnues par le système scolaire. De plus, un des aspects de ce processus de sélection est son aspect mystificateur. [...]
[...] Ainsi, les problématiques évoluent: comment la production des inégalités par le système éducatif fonctionne-t-elle? Les statistiques montrent encore et toujours la stabilité des inégalités sociales devant l'école, il reste alors à expliquer ce phénomène en ouvrant la boîte noire c'est-à-dire en révélant les mécanismes, les processus de production de ces inégalités. Ces nouveaux travaux vont prendre en compte les acteurs au niveau local: les établissements, les classes, les élèves (l'Ecole de Chicago). Aujourd'hui, ce n'est plus l'appareil statistique qui est privilégié mais les enquêtes et méthodes qualitatives, ethnologiques. [...]
[...] Le savoir enseigné est construit au regard des modes de pensée de la classe bourgeoise, c'est donc ce savoir qui va faire la sélection, les enfants des classes populaires sont alors moins à l'aise. BOUDON A l'inverse, Boudon fait partie du courant de l'individualisme méthodologique. Il adopte une approche néo-marxiste fondée sur la division de la société en classes. Boudon posera la question de l'anticipation des chances qui va faire que certains individus vont anticiper qu'ils n'ont pas beaucoup de chances et vont alors se diriger vers des cursus plus courts. [...]
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