Gustave Flaubert, dans son dictionnaire des idées reçues définit l'ouvrier comme étant « toujours honnête quand il ne fait pas d'émeutes » illustrant la tradition conflictuelle et revendicatrice de la « classe dangereuse » (L. Chevalier) ; tradition qui semblerait s'effacer devant les « nouveaux mouvements sociaux », post-matérialistes, malgré des conditions de travail, niveaux de salaire... qui pourraient justifier des actions collectives plus nombreuses ou même un taux de syndicalisation plus élevé. Ces phénomènes apparaissent comme des symptômes à l'effritement de la conscience de classe ouvrière.
Pourtant, un peu plus de 25% des actifs français occupent aujourd'hui ce métier. Cette position sociale recouvre de multiples fonctions et ne semble plus pouvoir être définie uniquement par un métier, devant l'apparition de nouvelles formes d'organisation du travail et de la production notamment. En effet, une socialisation particulière parait indispensable pour adhérer à ce groupe social spécifique que forment les ouvriers. Il apparait ainsi singulier que l'apprentissage d'un métier ainsi que l'adhésion à une culture particulière par le biais de la socialisation doivent aller de pair pour pouvoir « devenir ouvrier ». Le problème semble d'autant plus intéressant que la question de la fluidité sociale se révèle en filigrane. Par quels moyens adhère-t-on à ce groupe spécifique ? A-t-on vraiment le choix d'y entrer ?
Si devenir ouvrier c'est adhérer à un groupe social particulier, par le biais d'une socialisation spécifique, la question de la contrainte ou du choix d'un tel avenir se pose alors (...)
[...] En effet, selon K. Marx, la position au sein de la division du travail est le principal déterminant de la position au sein de la structure sociale. En démontant le moteur de l'histoire, K Marx livre une aliénation de la classe ouvrière. Pour lui, les rapports sociaux de production sont déterminés par les forces productives et ainsi la classe ouvrière, ne disposant pas de la propriété du capital serait ainsi dominée. Cette aliénation est renforcée par le fait que la classe ouvrière ne peut pas devenir une classe pour soi théorisée par Marx dans le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte à cause des idéologies mises en place par la classe dominante (passant notamment par la religion : l'opium du peuple ou encore par le relais d' appareils idéologiques d'Etat (Althusser) parmi lesquels l'école joue un grand rôle, qui diffusent des consciences fausses Les pommes de terre comme les appelle Marx dans le 18 Brumaire de LN Bonaparte, peuvent d'autant moins prendre conscience qu'elles appartiennent au même sac que celles-ci sont en concurrence entre elles vis-à-vis de la vente de leur force de travail. [...]
[...] Comment devient-on ouvrier ? Gustave Flaubert, dans son dictionnaire des idées reçues définit l'ouvrier comme étant toujours honnête quand il ne fait pas d'émeutes illustrant la tradition conflictuelle et revendicatrice de la classe dangereuse (L. Chevalier) ; tradition qui semblerait s'effacer devant les nouveaux mouvements sociaux post-matérialistes, malgré des conditions de travail, niveaux de salaire qui pourraient justifier des actions collectives plus nombreuses ou même un taux de syndicalisation plus élevé. Ces phénomènes apparaissent comme des symptômes à l'effritement de la conscience de classe ouvrière. [...]
[...] Devenir ouvrier, c'est donc apprendre un métier mais aussi et surtout adhérer à la culture spécifique d'un groupe social particulier, fermé sur lui-même. Il convient maintenant d'analyser les moyens par lesquels on devient ouvrier. Cette socialisation est propre au groupe ouvrier mais est aussi complétée par une socialisation venant d'autres institutions sociales. En effet, adhérer à un groupe social relativement fermé sur lui-même nécessite une socialisation de la part de ce groupe ouvrier. Celle-ci passe tout d'abord par une socialisation dans le monde du travail. S. [...]
[...] Pialoux analysent cette socialisation spécifique dans leur retour sur la condition ouvrière. Ils montrent ainsi que l'entrée des jeunes à l'usine s'accompagne d'un apprentissage aux règles, conditions de travail etc de l'usine (apprentissage qui choque même parfois de nombreux ouvriers). L'accès au monde du travail par les nouveaux ouvriers les plonge ainsi dans un univers du conflit par la participation aux mouvements sociaux. Ceux-ci permettent d'intégrer la classe ouvrière par le sentiment d'appartenance à la classe dangereuse (Louis Chevalier), celle qui va faire basculer l'histoire vers une société sans classe, communiste, comme le prophétisait Marx. [...]
[...] On peut néanmoins se demander s'il est encore possible de devenir ouvrier d'intégrer une classe qui semble de plus en plus perdre son unité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture