« Dans toute société, il existe des inégalités entre les individus...Mais il ne suffit pas de constater des inégalités pour avoir le droit de parler de classes sociales. » (H.Mendras, Eléments de sociologie). Une société n'est pas constituée d'un ensemble d'individus isolés : ceux-ci appartiennent à des groupes qui diffèrent par leur taille et leur fonction. Ces groupes entretiennent entre eux des relations qui structurent la société et en font un espace hiérarchisé. Analyser la structure sociale consiste notamment à en donner une représentation au moyen de catégories statistiques, de groupes sociaux ou de classes sociales.
On peut donc se demander : dans quelles mesures le concept de classe sociale peut-il rendre compte de la société française contemporaine ? On entend par classe sociale, toute catégorie inégalement située et dotée dans la sphère productive, et possédant une forte identité de classe. Cette identité de classe se caractérise par une stabilité dans le temps (mobilité faible et homogamie), une culture spécifique (système de valeurs et d'attitudes), et une capacité d'action collective tournée vers la défense d'intérêts propres (L. Chauvel). Les analyses de Karl Marx en terme de « lutte des classes » ont eu beaucoup d'échos dans la sphère intellectuelle et militante. On parle d'analyse réaliste ou encore holiste. Cette théorie ne s'appuie pas sur une construction purement intellectuelle, mais aussi sur des groupes d'individus « réels » soumis à un clivage clair et observable directement lors de conflits. C'est sans doute la raison de son succès. Cependant, la société que K.Marx observe a beaucoup évolué depuis la première Révolution Industrielle. La frontière entre les détenteurs du capital et les prolétaires n'est plus aussi nette qu'auparavant, et l'on est en droit de s'interroger sur la portée explicative de la théorie Marxienne dans nos sociétés post-industrielles dites moyennisées. (...)
[...] Néanmoins, l'approche de K.Marx reste unidimensionnelle, et en ne s'intéressant qu'aux rapports de domination dans la sphère de la production, celle-ci s'avère insuffisante pour décrypter la société moderne où l'argent n'est plus le seul outil de domination. Nous allons maintenant voir que d'autres théories sur les classes sociales, celle-ci pluridimensionnelles, sont susceptibles d'apporter un éclairage sur la société française et sur les rapports qu'entretiennent ses différents membres. En premier lieu, les analyses Weberiennes sur les classes sociales peuvent nous renseigner sur les rapports de domination quelles entretiennent ; notamment grâce à un biais autre que l'économique. Selon M.Weber, la société comporte trois ordres : économique, social et politique. [...]
[...] De même, le recours aux services à domicile représentait 0,68% du budget des cadres, contre 0,04% pour les ouvriers. Plus généralement, les classes dominantes ont une tendance plus forte à la délégation de certaines tâches (ménage, bricolage, réparation ce qui traduit une aspiration à d'autres occupations. En effet, le temps économisé grâce à l'achat des prestations d'autrui, laisse le champ libre à des activités plus exclusives et honorifiques : activités culturelles, participation à des associations Les activités culturelles sont elles aussi très discriminantes, et participent au répertoire de différenciation des classes supérieures. [...]
[...] Ils constituaient alors la base principale de son électorat depuis le début du XXe siècle. On peut donc imaginer la forte corrélation entre l'évolution de l'effectif ouvrier et le succès du PCF (jusqu'à 1/3 de l'électorat). Le déclin du sentiment de classe chez les ouvriers s'est aussi accompagné d'un déclin numérique résultant de mutations dans les structures de productions industrielles. L'automatisation, puis l'automation issues du progrès technique ont fait diminuer drastiquement la demande de main-d'oeuvre peu qualifiée dans des secteurs emblématiques : automobile, métallurgie, sidérurgie. [...]
[...] C'est sans doute la raison de son succès. Cependant, la société que K.Marx observe a beaucoup évolué depuis la première Révolution Industrielle. La frontière entre les détenteurs du capital et les prolétaires n'est plus aussi nette qu'auparavant, et l'on est en droit de s'interroger sur la portée explicative de la théorie Marxienne dans nos sociétés post-industrielles dites moyennisées. Plus généralement, la notion de classe sociale renvoie à un ensemble de définitions qui n'est pas unifié, ce qui nous invite à réfléchir sur sa complexité. [...]
[...] Enfin nous avons vu que les enseignements théoriques des classes sociales étaient parfaitement en adéquation avec la réalité ; au travers des différentes formes d'inégalités. Simmel pense que la classe moyenne assure un rôle de médiateur entre les classes dominantes et les classes populaires, on peut donc se demander si la disparition de la société salariale (fin de la moyennisation) résultant de la croissance des nouvelles formes de revenus, autres que salariaux, ne va pas entraîner un retour des conflits dans un sens plus Marxien du terme. [...]
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