Parler de sociologie de l'action et du discrédit conduit à parler de deux thèmes traités le plus souvent de façon opposée dans la sociologie contemporaine. Ces deux thèmes sont ceux d'acteur, et de dominé. Le plus souvent, une personne vue comme discréditée sera considérée comme dominée, n'ayant pas les moyens de faire valoir son point de vue, ses ressources auprès d'autres personnes. Le fait d'associer les termes actions et discrédit ne va donc à l'origine pas de soi. Cette rencontre entre ces deux termes vient donc supposer que la situation de discrédit permet quand même l'action. La sociologie de l'action et du discrédit pourrait donc être vue comme le fait de repérer ce qui amène le discrédit pour amener la personne qui se trouve en situation de discrédit à dépasser celui-ci.
[...] En effet, le processus de construction d'une cause collective, donc d'action collective, nécessite à certains moments des renoncements des individus pour pouvoir défendre une cause commune, cause qui est dès lors vue comme plus forte car impliquant davantage de personnes et ayant donc plus de poids. Le fait d'élever une voix induit donc le fait de trouver l'élément qui pourra fédérer le plus grand nombre possible, ceci en vue de pouvoir défendre les cas particuliers par la suite. Par la suite, l'action collective aura pour but de rendre sa voix audible. [...]
[...] Bourdieu lui préfère la notion d'agent. Selon lui, l'individu agit moins qu'il n'est agi ou bien par les moments et situations ou bien par des logiques extérieures qu'il a intériorisées par la socialisation ou tout effet de domination. Les sociologues qui retiennent plus volontiers la notion d'acteur s'attachent à la part d'autonomie des individus et des groupes C'est cette notion qui retiendra notre attention dans ce dossier car elle permet une relative autonomie et action face à une situation de discrédit. [...]
[...] Une autre source d'information m'est donnée par Le livre de François Dubet : La galère : jeunes en survie. Dans son livre, il revient sur la genèse de cette marche et explique que les jeunes des Minguettes, face à des incidents qui avaient lieu sur le quartier et ailleurs en France ont pu, suite à la proposition d'un adulte référence construire ce mouvement suite à une grève de la faim organisée localement. Cet exemple nous montre donc que par la possibilité d'écoute qu'offrait cet adulte référence, les jeunes du quartier des Minguettes ont pu dépasser le discrédit, se sentir écouté et prendre appui sur les propositions de cet homme pour construire un mouvement. [...]
[...] Dans La Marche, Bouzid témoigne de son expérience de marcheur durant la marche des beurs. Dès les premières pages du livre, il explique qu'il a plus rencontré la marche qu'il n'a au départ, participé à sa création. J'ai rencontré la Marche un dimanche après-midi, à Aix-en-Provence, première étape après Marseille Cette marche pour lui a été salutaire d'après ses dires car elle lui a permis de désamorcer la bombe de rage qui nichait en moi et dont la minuterie était d'ailleurs déclenchée Tout au long de son récit, on peut se rendre compte que ce qui a permis à Bouzid de rejoindre un mouvement collectif, c'est bien l'universalité de ce qui était formulé par cette marche. [...]
[...] Au cours de l'action collective se jouent sensiblement les mêmes choses. L'une et l'autre ne peuvent que très difficilement être dissociées. En effet, s'il y a action collective, c'est parce qu'il y a eu auparavant une envie d'action individuelle chez les acteurs prenant part à l'action collective. Certains n'auront pas mené d'actions individuelles auparavant, ou du moins aucune action qui aura été visible sur la scène publique, mais tous auront déjà eu l'envie, ou même résisté face à une situation. [...]
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