Socio-Histoire des socialismes
[...] De même, il plaide la subordination des syndicats au parti ouvrier (d'où le rejet du guesdisme dans le mouvement syndical). D'après lui, les syndicats restent par nature réformistes : une grève même réussie ne transforme pas l'ordre social. - Jules Guesde emprunte également à Marx la stratégie de la lutte des classes : il n'y a que deux classes antagonistes : la bourgeoisie et le prolétariat. D'où la méfiance chez lui vis-à-vis de l'action parlementaire et du républicanisme[5] : l'Etat est d'abord vu comme un instrument de la bourgeoisie qui pourrait annuler toute réforme législative ; si le POF développe une stratégie électorale et tend à se servir des élections, c'est avant tout pour des visées de propagande et d'agitation (la candidature électorale s'accompagnant d'un refus constant de participer à un gouvernement bourgeois : seule la participation communale n'est pas de même nature que ministérielle pour Guesde). [...]
[...] Blanc appelle à créer par la voie législative des ateliers sociaux ; les ouvriers y sont d'abord rémunérés en fonction de leurs compétences puis après, l'égalité des salaires est votée par les ouvriers eux mêmes et financée par l'Etat ; puis ces ateliers sociaux entrent en concurrence avec les autres ateliers individuels pour les englober (grâce à leurs immenses avantages, ils attirent facilement les travailleurs et les investisseurs). Le but est d'obtenir à la fin un secteur public central et omniprésent. La concurrence joue donc ici contre elle même. - L'Etat a surtout un rôle central : comme initiateur des ateliers sociaux ; puis comme régulateur et même gardien du système (pour éviter le retour d'une mauvaise concurrence). [...]
[...] L'appel à la révolution Avec le socialisme scientifique, une des nouveautés est que le pouvoir politique est désormais considéré comme un moyen et non plus comme un obstacle (comme pour le 1er socialisme). Pourtant, commence à apparaître une divergence de stratégie entre réformisme et révolution : - la réforme se traduit par la volonté de se servir du suffrage universel et de jouer le jeu parlementaire (position incarnée par Jaurès ou Paul Brousse) - la révolution consiste dans l'élaboration de plans d'action, la naissance de projets révolutionnaires (surtout chez Guesde ou Blanqui). La Commune en 1871 va illustrer cette tendance. [...]
[...] Cette stratégie suppose une capacité politique de la classe ouvrière ainsi qu'une évolution favorable du capitalisme ; mais si ces conditions ne sont pas réalisées, le rôle des socialistes est seulement d'exercer le pouvoir L'exercice du pouvoir consiste dans le fait de détenir quelques ministères au sein d'un gouvernement bourgeois (radical) ; ceci doit être évité mais n'exclut pas une entente électorale (ainsi en 1924, appui au Cartel des gauches sans participation socialiste). Le Front populaire en 1936 traduira cette stratégie d'exercice du pouvoir. [...]
[...] Le désenchantement du socialisme gestionnaire Le PS après le Congrès d'Epinay de 1971 est tout entier tourné vers la victoire électorale ; il s'agit dès lors d'un parti pleinement inscrit dans la logique présidentialiste de la Vè République qui amènera François Mitterrand à l'Elysée le 10 mai 1981. Or en 1982-83, c'est François Mitterrand le tournant de la rigueur qui signifie de facto l'abandon de la politique de rupture avec le capitalisme et avec la tradition de l'Etat producteur propre au socialisme. [...]
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