Norbert Elias (1897-1990) est un sociologue allemand qui s'est beaucoup intéressé à la sociogenèse, c'est-à-dire à l'étude de concepts alliant l'histoire à la sociologie, et ce notamment pour expliquer les relations entre individus et société. Cet auteur s'est attaché durant toute sa vie à rendre intelligible la société aux individus. Son œuvre majeure, Sur le processus de civilisation, publiée en 1939 montre en quoi l'individu, du fait d'une évolution vers des sociétés de plus en plus complexes, est devenu de plus en plus autonome, mais aussi de plus en plus civil, « social », en brimant ses pulsions les plus primitives.
[...] La sociologie eliasienne est posée : le processus d'individualisation est historiquement lié à un processus de socialisation Elle est ensuite confirmée par de nombreuses publications, dont La société des individus, publiée en 1987 (1991 en France). Cet ouvrage est une série de trois essais rédigés tout au long du XXe siècle (de 1939 à 1987). Le premier essai, du même titre que le livre, est rédigé en 1939. Le lien avec l'œuvre Sur le processus de civilisation publiée la même année est indéniable. Elias fait ici une sociogenèse de la relation entre individu et société. [...]
[...] Les associations, les activités sociales sont des instruments permettant de constituer entre un petit groupe d'individus des communautés de goûts partagés revêtant une plus profonde valeur affective que celle qu'ils possèdent aujourd'hui. L'identité individuelle s'en trouve renforcée. De l'autre côté, alors qu'Elias en 1987 appelait à prendre l'humanité pour unité de survie, les prémisses se font aujourd'hui sentir dans les grandes manifestations publiques. Au moment de la publication de son ouvrage, l'Etat représentait encore un élément stable d'intégration individuelle car il assurait les fonctions de protection des individus. Cette fonction permet l'union et l'intégration. [...]
[...] Pour conclure, La société des individus ne prétend pas apporter une réponse valable de tout temps sur la structure des relations entre individus et société. Au contraire, l'ouvrage met en évidence la perpétuelle mutation de ces rapports du fait de leur caractère social. On a par ailleurs vu que cette relation, ce rapport je-nous pourrait de nouveau s'inverser. Norbert Elias a rendu intelligible la société du XXe siècle en intégrant à son étude l'existence corrélée entre le je et le nous (pas de je sans nous Cette sociogenèse reste encore largement valable et pertinente aujourd'hui. [...]
[...] Si tant d'auteurs ont évoqué un gouffre infranchissable entre la société et l'individu, c'est parce qu'ils manquaient d'une vision globale, d'une sociogenèse de cette relation. En effet, la société sans les individus et les individus sans société n'existent pas. La société est précisément l'ensemble des fonctions que les hommes remplissent les uns par rapport aux autres . A la différence des boules d'un jeu de billards, les individus se mêlent et s'entrecroisent : c'est là la structure même de la société. [...]
[...] Le corps, le visage surtout, est l'emblème de cette individualisation. Il est l'enseigne de la personne Il permet de se sentir à la fois semblable et complètement différent des autres. L'identité est une sorte de processus d'évolution de la société où la place ne l'individu n'est plus garanti par sa naissance. Cette identité fonde le sentiment d'autonomie individuelle, et augmente encore plus l'individualisation. La lecture de cet ouvrage fait clairement ressortir le caractère instrumental de l'individu dans sa relation avec la société. [...]
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