Octobre 2002, une jeune fille nommée Sohane est brûlée vive par son petit ami dans un local à poubelles de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine, dans le Val de Marne. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 2007, c'est au tour de Valérie d'être brûlée vive par son ami Vincent, voulant "nettoyer" sa compagne qu'il pensait infidèle. Si ces actes peuvent paraître archaïques et barbares, ils n'en sont pas moins des menaces qui pèsent quotidiennement sur les filles des quartiers dits sensibles. C'est pour dénoncer ce genre de barbarie que le mouvement Ni Putes Ni Soumises voit le jour à l'hiver 1983, avec la Marche des beurs. Ce nouveau féminisme, qui ne se reconnaît pas dans les discours des mouvements féministes traditionnels, révèle un nouveau machisme, caractéristique des cités, et d'un certain nombre de facteurs culturels, sociaux et religieux propres aux quartiers sensibles. En effet, se battre pour la parité ou le droit à la contraception ne parle pas aux filles de ces quartiers sur lesquelles pèsent un certain nombre de contraintes socioculturelles, et où sévissent encore des pratiques telles que l'excision ou le mariage forcé. Pour Fadela Amara, présidente du mouvement Ni Putes Ni Soumises, si les années 70-80 ont permis une amélioration des rapports filles –garçons dans les quartiers populaires issus de l'immigration, on assiste depuis 1990 a une dégradation de ces rapports conduisant à plus de sexisme envers les filles. Comment expliquer cette tendance? Et en quoi la situation de ces filles est-elle révélatrice d'un machisme de type nouveau en France, caractéristique des quartiers sensibles?
[...] Elles se sont pliées aux nouvelles normes sociales, donnant l'image de femmes idéales selon la tradition. Elles ont accepté de se conformer au modèle de la jeune fille programmée pour devenir une femme au foyer, restant à la maison, s'occupant des petits frères et sœurs et aidant leur mère dans les tâches domestiques, portant le voile parce qu'elles y sont contraintes. Confrontées à l'extérieur à des sociétés ouvertes, certaines de ces filles peuvent parfois changer de comportement violemment, surconsommant tout ce qui leur est interdit dès qu'elles sortent de la cité (hommes, sorties, maquillage). [...]
[...] Le sexisme du XXI° siècle Octobre 2002, une jeune fille nommée Sohane est brûlée vive par son petit ami dans un local à poubelles de la cité Balzac à Vitry-sur-seine, dans le Val-de-Marne. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 2007, c'est au tour de Valérie d'être brûlée vive par son ami Vincent, voulant "nettoyer" sa compagne qu'il pensait infidèle. Si ces actes peuvent paraître archaïques et barbares, ils n'en sont pas moins des menaces qui pèsent quotidiennement sur les filles des quartiers dits sensibles. [...]
[...] Tout d'abord, le décalage entre l'éducation inculquée aux enfants au sein de la cellule familiale et celle reçue à l'école de la République a contribué à créer chez les jeunes issus de ces familles une véritable crise identitaire. A cheval entre deux cultures, deux éducations, deux identités, ces jeunes se sont rapidement trouvés en manque de repères, et de ce fait plus fragiles. L'écart entre l'éducation rigide et moralement archaïque des parents et la liberté sexuelle de l'espace public, de même que le décalage entre l'ouverture de la société et l'absence de dialogue à la maison ont entraîné chez les jeunes filles issues de familles immigrées un sentiment de frustration intense. [...]
[...] Après s'être arrogé l'autorité au sein de la famille, les garçons l'ont exercée au sein de la cité, le but étant de protéger la sœur des prédateurs et de la préserver vierge jusqu'au mariage. La liberté des filles s'est ainsi vue rognée petit à petit. Cette pression est progressivement devenue une véritable oppression, un contrôle organisé par les garçons sur les allées et venues des filles de la cité, ces dernières ne pouvant plus sortir sans un frère et voyant leurs fréquentations masculines strictement contrôlées. [...]
[...] Les jeunes issus de l'immigration sont en effet les premiers touchés par le chômage. En proie à un échec scolaire plus fréquent, ils sont en général plus fragiles que le reste de la population. D'autre part, ces jeunes ne connaissaient jusqu'à présent que très mal les mécanismes de la vie politique française, ainsi ne disposaient-ils d'aucun moyen d'expression. Cette fragilité explique qu'un certain nombre d'entre eux, en quête d'identité et de repères, tombe dans l'islam radical. L'imam est aujourd'hui devenu le nouveau régulateur social, ce n'est d'ailleurs par pour rien que N.Sarkozy a fait appel aux imams pour calmer les jeunes lors des émeutes de novembre 2005. [...]
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