Pour moi, il ne s'agissait pas seulement d'étudier les vendeurs de sex-shops, en général, mais d'aborder le sujet avec une optique particulière, qui prendrait en compte la spécificité du quartier de Pigalle. Le quartier étant relativement vaste, j'ai délimité le terrain d'enquête aux sex-shops du boulevard de Clichy, situés entre les stations de métro Blanche et Pigalle.
Pourquoi ce terrain ? J'y étais allée par moi-même, avec des amies, en août, parce que c'est quelque chose qui nous intriguait. En effet, on voulait savoir ce que c'était. Avant d'y aller, j'ai fait des recherches sur internet afin de me renseigner sur quelques adresses. Le but était de trouver un endroit pas trop « glauque » et pas trop loin non plus. J'ai découvert le site internet, Club des sens , qui est une sorte de forum où les adhérents font des commentaires sur toutes sortes de produits sexuels : des sextoys masculins, féminins, des magasins physiques, des sites internet, des centres de massage, des librairies… J'ai ainsi repéré le Rebecca Rils par un commentaire, laissé par une jeune femme. Elle voulait emmener son ami dans un sex-shop pour faire quelques achats qui agrémenteraient leur vie sexuelle. Mais celui-ci était plutôt réticent à se rendre dans ce genre d'endroit. Elle l'a emmené à Blanche, la station de métro sur le boulevard de Clichy et l'a laissé choisir le sex-shop qu'il voulait. Et il a précisément porté son choix sur le Rebecca Rils « parce qu'il ne faisait pas glauque : devanture ouverte, pas de rideaux, aspect propre… » C'est donc comme ça que nous nous sommes retrouvé un après-midi d'août à Pigalle.
Mon enquête m'a conduit à poser deux groupes de questions. D'une part, j'ai voulu comprendre ce qu'était un sex-shop, en particulier à Pigalle. D'autre part, à la lumière de cette première réflexion, j'ai questionné, plus précisément le métier de vendeur de sex-shop.
En quoi la catégorie « sex-shop » recouvre une réalité plurielle et hétérogène ? Qu'est-ce qui distingue alors les différents types de sex-shops que l'on peut mettre en évidence, et quelles logiques sont-elles à l'œuvre ?
Par ailleurs, en quoi consiste le travail d'un vendeur de sex-shop ? Les vendeurs considèrent-ils leur emploi comme un dirty job ? Cela dépend-il du type de sex-shop dans lequel ils travaillent ? Dans quelle mesure la distinction entre trois pôles de sex-shops à Pigalle est-elle présente à l'esprit des vendeurs de sex-shop ? Sont-ils amenés à développer des stratégies de valorisation ? Si oui, lesquelles ?
[...] Les nouveaux sex-shops ont une vitrine ouverte, et non pas opacifiée, comme l'obligent les lois concernant les sex-shops[6]. Il en résulte un aspect plus avenant. On trouve ainsi dans les vitrines des objets vendus par le magasin, comme des chaussures, des canards vibrants (stimulateur clitoridien), beaucoup de lingerie sur des mannequins, des BD, des jeux érotiques J'ai observé très peu d'affiches promotionnelles. Le panneau interdit aux mineurs est soit absent, soit bien caché parce que je ne l'ai pas vu pour tous. [...]
[...] Pour résumer le Sexodrome, il constitue à lui seul un pôle distinct des sex-shops de Pigalle. Sa taille le rend unique, ainsi que l'éventail des services proposés. On y trouve absolument tout. Le Sexodrome se place donc dans une logique résolument commerciale. Aucun domaine légal et commercialisable du sexe n'est absent, ce qui laisse néanmoins penser que la prostitution n'est pas loin (mais cela reste au stade de la conjecture). Et tout est fait pour que les clients achètent. Les sex-shops traditionnels[4] C'est la catégorie majoritaire des sex-shops de Pigalle. [...]
[...] Le cadre d'analyse Plusieurs entretiens m'ont appris qu'il n'y avait qu'un nombre réduit de patrons qui tenaient la plupart des sex-shops et cabarets du quartier. J'ai d'ailleurs pu confirmer cela par l'observation en remarquant que le même vendeur, Serge, travaillait dans plusieurs sex-shops. Par son attitude vis-à-vis des autres vendeurs, j'en ai déduit qu'il était au-dessus dans la hiérarchie, centralisant la gérance de ces sex-shops là, et donc que tous appartenaient probablement à un seul et même propriétaire. On peut ainsi organiser le quartier à partir de quelques pôles[2]. [...]
[...] A droite d'autres sextoys. Au-dessus des rayonnages, très spacieux, il y a des photos érotiques en noir et blanc et que le Sexodrome présente comme une galerie d'art. Au sous-sol, on trouve encore des sextoys, des jeux érotiques (jeux de cartes, jeux de dés ) et de la lingerie. A l'étage supérieur, ce sont les cabines de projection, une centaine, mais une seule toilette à la propreté pour le moins douteuse. Les avis des internautes du Club des Sens. Il s'agit donc de l'avis de clients. [...]
[...] Les vendeurs considèrent-ils leur emploi comme un dirty job ? Cela dépend- il du type de sex-shop dans lequel ils travaillent ? Dans quelle mesure la distinction entre trois pôles de sex-shops à Pigalle, est-elle présente à l'esprit des vendeurs de sex-shop ? Sont-ils amenés à développer des stratégies de valorisation ? Si oui, lesquelles ? I. L'objet d'étude Dans cette première partie, je vais tâcher d'expliquer comment j'ai accédé au terrain et comment cela a influencé mon cadre d'analyse. Puis je présenterai rapidement ce qu'est un sex-shop. [...]
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