Depuis 1950, la majorité des villes latino-américaines ont eu une croissance démographique et une extension majeures, certains auteurs ont même parlé de la « ville monstrueuse » avec pour modèle les quatre villes géantes : Mexico City, Sao Paulo, Buenos Aires, et Rio de Janeiro. En près d'un demi-siècle (1950-1990) ces villes sont passées de 13 millions à 60 millions d'habitants, suivant ainsi le modèle d'urbanisation des villes européennes et américaines. Cependant à bien des égards, les villes latino-américaines se distinguent des grandes métropoles des pays du Nord et se rapprochent plus de celles des pays en développement. On comprend donc, par l'ampleur du phénomène les enjeux qui se posent aujourd'hui pour ces villes du monde émergent. Des enjeux d'autant plus importants que l'évolution socio-économique de la ville a montré, lors des années 1980, sa forte vulnérabilité à la récession économique.
Ainsi, alors que la ville était le centre polarisateur de toute l'activité du pays, elle a subi de plein fouet les effets de la crise, qui se sont eux-mêmes répercutés sur les populations les plus vulnérables, accroissant les problèmes de logements déjà prégnants pour cette population trop nombreuse. De ce fait, aux logiques résidentielles que l'on trouve dans la plupart des grandes villes, les villes latino-américaines se distinguent par des logiques de ségrégations socio-spatiales, marquant profondément le paysage de la ville. Les différents états ont eu des réponses politiques très variées.
L'étude du cas de la ville Sao Paulo nous aidera donc à comprendre les véritables processus de ségrégation en œuvre dans le continent latino-américain, tout en prenant compte des spécificités de la ville. Quels sont donc ces processus de ségrégation ? Sont-ils apparus avec la crise économique de 1980 ou sont-ils fondés sur des logiques plus anciennes ? Enfin quelles marques prennent-ils concrètement sur le territoire ? A quelle échelle ? Le processus de ségrégation qui se fonde sur une pression foncière et une crise du logement est-il resté sans réponse de la part des autorités ? Dans le cas de Sao Paulo quel rôle ont joué les différents pouvoirs politiques sur cette ségrégation ? L'ont-ils renforcé ou atténué ? Enfin, quels enjeux politiques sous-tendent les différentes actions publiques ?
Ainsi, le processus de ségrégation socio-spatiale est commun à la majorité des villes latino-américaines et opère selon les mêmes processus (I). Dans le cas de Sao Paulo l'on retrouve la même évolution de la ville mais avec des logiques de ségrégations plus anciennes (II), mais également nouvelles qui n'ont pas trouvé de véritables réponses, et se sont mêmes vues aggravées avec les politiques qui se sont succédées de 1910 à 2004 (III).
[...] Il se caractérise par une urbanisation contigüe et une forte verticalité comme nous l'avons vu plus haut. Les coefficients d'occupation des sols étaient supérieurs à deux en 1983, et la densité était de 228 habitants à l'hectare, d'après le Plano Diretor de la ville. De plus, le centre est bien doté en infrastructures et en logements de qualité. Cependant, d'importantes nuances peuvent être faites, puisque cela ne concerne que certains quartiers particuliers, d'autres étant tout autant touchés par la taudification que la périphérie. [...]
[...] Les niveaux d'instruction et les taux de mortalité infantile sont situés dans la moyenne du Municipio. La densité est également moyenne avec 123 habitants à l'hectare, et les taux de logements satisfaisants et les carences en infrastructures environnent les 50%. La périphérie quant à elle, forme un large anneau de très faible densité (49 habitants à l'hectare) caractérisé par une population à très faibles revenus : près de la moitié des familles ont un revenu inférieur à 3 salaires minimum. [...]
[...] A formaçao e o sentido do Brasil, Rio de Janeiro, Companhia das letras p.229. In Boris Fausto, Historia concisa do Brasil, Sao Paulo, EDUSP Olivier Dabène, Exclusion et politique à São Paulo,Les outsiders de la démocratie brésilienne, Karthala, Paris Cf. carte annexe Marcio Pochmann et Ricardo Amorin (dir.), Atlas da exclusao social no Brasil, São Paulo, Editora Cortez, 2e ed Céline Sachs, São Paulo : politiques publiques et habitat populaire, Brasilia, ed. de la maison des sciences de l'homme, Paris Cf. carte annexe. [...]
[...] Ce fait n'est pas nouveau puisqu'il se fonde souvent sur des foyers précolombiens relativement importants. La colonisation va accélérer le processus d'urbanisation du continent dès le XVIe siècle et donner à la ville latino-américaine le sens qu'elle a aujourd'hui : un lieu polarisateur, mais également un lieu qui connaît une forte ségrégation spatiale, due à des structures foncières particulièrement inégalitaires. A. Croissance urbaine et extension spatiale Le processus d'urbanisation massive touche inégalement les villes latino- américaines, mais dans la plupart d'entre elles, va de pair avec une industrialisation nourrie par l'exode rural. [...]
[...] La mesure de cette ségrégation est donc avant tout d'ordre socio- économique, avec une répartition spatiale des revenus, conforme aux trois cercles déjà évoqués plus haut. Ainsi, d'après la figure 10, on constate une nette concentration des familles ayant le plus de revenus minimums : entre 20 et 40 dans le centre, tandis que le tissu intermédiaire rassemble les familles ayant entre 10 et 20 revenus minimum, et enfin la périphérie du Municipio avec des familles ayant entre 4 et 10 salaires minimum par mois. [...]
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