DISSERTATION SOCIOLOGIE DE L'ACTION PUBLIQUE Les problèmes sociaux d'un point de vue constructiviste.
La construction des problèmes publics se fait autour d'une question clé : Comment une question privée devient un problème public ?
L'une des définitions les plus pertinentes est celle d'Olivier Baisnée, qui dit « On a un problème public dès lors qu'une situation est reconnue et définie comme telle par des acteurs sociaux qui investissent ou non l'espace public et arrivant à faire partager cette interprétation de la situation au-delà des groupes mobilisés (et convaincus du problème), notamment les autorités publiques, qui sont alors amenés à intervenir ».
Cette construction des problèmes publics peut avoir plusieurs dimensions, notamment une dimension cognitive avec une importance des représentations et du langage dans la structuration des problèmes publics, qui produit un « ordre symbolique » (la fiction d'une « société » ordonnée est ainsi produite) mentionné dans l'ouvrage de Gusfield « The culture of public problems » par exemple.
Ensuite une dimension stratégique, en effet, les problèmes sont construits comme publics par des acteurs qui ont un intérêt à maîtriser le cadrage politique d'un phénomène social : maîtriser les éléments de causalité.
Enfin, une dimension sociologique, il n'y a pas de matière en soi qui soit un problème public, il s'agit d'un construit social situé dans le temps et l'espace.
Selon Joseph Gusfield, qui est un sociologue Américain formé en compagnie de Howard Becker, Erving Goffman et Elliott Freidson, dans la génération des sociologues d'après-guerre à l'Université de Chicago, à la question : Qu'est-ce qu'un problème public ?
Gusfield préfère problèmes publics à problèmes sociaux, car il y a une distinction entre le public et le privé. Dans son 1er ouvrage sur les politiques de tempérance en matière d'alcoolisme aux Etats-Unis : il existe un certain travail de mobilisation pour que ce problème passe de la sphère privée (morale individuelle) à la sphère publique (prohibition).
Alors que Spector et Kitsuse dans l'extrait « Un modèle d'histoire naturelle des problèmes sociaux » ils déconstruisent l'histoire naturelle des problèmes en 4 temps :
D'abord, on perçoit une situation comme problématique (passage de la sphère privée à la sphère publique).
La demande est reconnue par des agences gouvernementales ou des institutions officielles.
Ensuite, on a une réponse publique au problème : peut donner lieu à une nouvelle génération de définition si la réponse apportée n'est pas considérée comme suffisante.
Et enfin, on a une situation de blocage : les groupes mobilisés développent des solutions alternatives (les Restos du cœur par exemple).
A l'aide de 3 textes à savoirs le chapitre 1 et 2 de l'ouvrage de J.Gusfield « La Culture des problèmes publics. L'alcool au volant : la production d'un ordre symbolique » traduit par Daniel Cefaï.
L'ouvrage de Spector et Kitsuse « Constructing Social Problems ». Et enfin, l'extrait du texte de M. Spector et J. Kitsuse « Un modèle d'histoire naturelle des problèmes sociaux ».
Comment se construisent socialement les problèmes sociaux ?
[...] L'objet de l'étude doit être l'activité sociale et collective de définition du problème. Un des points essentiels soulevés est alors celui de l'accès à l'attention publique. Mais c'est à Gusfield surtout que l'on doit la véritable amorce de cette réflexion. D'abord, parce qu'ils soulignent, dans son ouvrage consacré au problème de l'alcool au volant, intitulé La Culture des problèmes publics. L'alcool au volant : la production d'un ordre symbolique le caractère public des problèmes sociaux. Gusfield en vient même à préférer l'emploi du terme "problème public" à celui de "problème social". [...]
[...] Dans la 3ème phase, dont le titre est bureaucratisation et déplacement des termes du problème. C'est une réponse publique au problème qui peut donner lieu à une nouvelle génération de définition si la réponse apportée n'est pas considérée comme suffisante. En effet, une fois le problème institutionnalisé, on créé des règles bureaucratiques du problème. Et enfin, dans la 4ème phase, appelée l'invention de solutions alternatives. On a une situation de blocage, les groupes mobilisés vont repousser l'institution et développent de nouvelles activités, organisations alternatives et parallèles. [...]
[...] Et ensuite nous verrons l'accès des problèmes sociaux à l'attention publique. I. Les problèmes sociaux comme activités de revendication. Spector et Kitsuse soulèvent le fait que les deux définitions relatives à l'approche normative des problèmes sociaux, à savoir les problèmes sociaux comme processus et celle des problèmes sociaux comme données positives qui caractérisent le mieux ces approches sont celle de Merton et celle de Fuller et Myers, qui ont en commun l'utilisation de normes et de valeurs comme principe d'identification des problèmes. [...]
[...] D'autres auteurs comme Howard Becker ont joué un rôle majeur dans le constructivisme social, notamment dans son ouvrage Outsiders et sa fameuse théorie de l'étiquetage, selon lui La déviance, au sens d'action publiquement disqualifiée est toujours le résultat des initiatives d'autrui Il faut donc mettre à distance les jugements moraux pour analyser le fait social. En prenant l'exemple des fumeurs de marijuana dans sa démonstration. Il voit 3 explications à l'interdiction de la marijuana aux Etats-Unis : Tout d'abord, l'identité des fumeurs (Noirs ou Mexicains). Ensuite, les effets de la marijuana sont en contradiction avec les valeurs des Etats-Unis (l'éthique protestante notamment). Et enfin, l'extension des compétences des autorités pénales. [...]
[...] D'autres encore ont mis l'accent sur l'influence des médias dans la construction sociale des problèmes sociaux. La plupart de ces études ont été présentées dans la revue Social Problems rassemblant de nombreux chercheurs avec l'ambition de fournir des données empiriques sur la base des perspectives théoriques ouvertes par les travaux de Spector et Kitsuse. Les résultats de ces recherches ont ainsi permis de formuler de nouvelles questions et d'alimenter la réflexion théorique de la sociologie des problèmes sociaux. Ainsi on peut dire que selon eux il peut y avoir problème sans qu'il y ait des indices objectifs du problème. [...]
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