Il est désormais convenu de critiquer les sciences sociales pour leur soi-disant incapacité à produire un savoir scientifique. Les nombreux adjectifs utilisés pour désigner ces sciences sont là pour le prouver : sciences « molles », « imprécises », « douces », etc. Pourtant, depuis un siècle et demi et l'institutionnalisation des sciences sociales - de l'histoire, de la psychologie, de la sociologie à partir de 1850 puis ensuite de l'ethnologie - celles-ci ont développé une somme de concepts et d'outils afin de bâtir les connaissances les plus objectives possible.
Ainsi, dans son ouvrage phare, La formation de l'esprit scientifique de 1938, Gaston Bachelard, propose une méthodologie rigoureuse pour parvenir à faire oeuvre de science. Il explique ainsi que « Rien ne va de soi, rien n'est donné, tout est construit. » Autrement dit, ce n'est pas l'objet de recherche qui donne le caractère scientifique à un travail mais la méthode utilisée. La science est un ensemble de connaissances, fondée sur l'objectivité et faisant appel à l'observation ainsi qu'à l'expérimentation. On considère généralement que les sciences naturelles reposent sur l'explication et la mise en évidence de lois générales alors que les sciences sociales sont plutôt fondées sur la compréhension et des caractères singuliers ou historiques.
Au cours de ce travail, nous nous interrogerons : peut-on objectiver les faits sociaux ? Autrement dit, peut-on produire une science de l'homme en société ? Dans une première partie, nous étudierons les critères des sciences dures et des sciences sociales afin de mettre en évidence leurs différences. Dans une seconde partie, nous développerons deux méthodes propres aux sciences sociales qui permettent, malgré leurs différences, de faire oeuvre de science, et de se rapprocher, en termes de scientificité, des sciences naturelles.
[...] On met souvent en garde sur le fait que le raisonnement scientifique est souvent contaminé par : - Les faux syllogismes : faire de faux syllogismes signifie qu'on ne respecte pas les règles du syllogisme qui est de prendre toutes les possibilités en compte. Ce sont des formes de raisonnement par abduction c'est-à-dire écarter des éléments. Un faux syllogisme, c'est dire que quand il pleut la rue est mouillée/la rue est mouillée donc il a plu. Construire les propositions c'est prendre en compte par syllogisme, par logique, tous les éléments possibles et s'interdire toute forme d'abduction. - Les préjugés sociaux. [...]
[...] Cela veut dire qu'on peut parfaitement admettre de la part du politiste des considérations morales à la seule condition que ceci soit pleinement assumé, revendiqué comme tel. Néanmoins, la science politique suppose une certaine distanciation. Le chercheur doit mettre une certaine distance par rapport à l'objet de recherche : cela veut dire que le politiste ne peut pas ignorer les catégories des acteurs sociaux qu'il étudie. Ainsi, si ce dernier étudie le militantisme au sein du front national il est bien obligé de connaître les valeurs partagées par ces militants. Pourtant, connaître ces valeurs, ça ne veut pas dire les épouses, les partager, les assimiler. [...]
[...] Il y a une sorte de modèle idéal de l'enquête sur le terrain : on se pose une question claire, on élabore ses hypothèses et ensuite on va tester ses hypothèses sur le terrain en faisant des observations. On sait ce qu'on va observer, qui, comment, quoi. Puis le chercheur déploie les techniques d'enquêtes, il va analyser les informations recueillies et les interpréter en fonction d'un cadre théorique. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les entretiens exploratoires, les observations exploratoires avant la formulation de ses hypothèses. [...]
[...] Dans la conquête du fait scientifique, la question des valeurs est très importante : il faut rompre avec les présupposés idéologiques. Une des difficultés propres aux sciences sociales est de travailler sur des objets quotidiens, mais en plus en science politique, sur des objets où on a des valeurs et des valeurs de citoyen. En science politique, on travaille sur des objets labélisés comme politiques. Ainsi, les valeurs idéologiques peuvent rendre difficile un travail sur un objet politique. Max Weber prend comme exemple est-ce que si on est anarchiste on peut travailler scientifiquement sur l'État ? [...]
[...] La seconde différence vient du fait que les objets observés résistent à l'objectivation. D'une part, les humains bougent et changent ce qui rend difficile leur saisie objective, d'autre part, ils sont intelligents, et résistent à l'observation par exemple, les gens sont changés par la situation d'entretien : ils ne veulent pas paraître idiots, ils refusent d'être traités comme des objets d'étude, ils devinent où on veut en venir ; dit autrement, l'observation les modifie ce qui transforme le résultat scientifique. [...]
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