Sahlins est un profond connaisseur des sociétés mélanésiennes, ce qui servira son interrogation sur les sociétés primitives. Il ne s'arrête pas à l'ethnographie, mais étudie tout le champ du social, pour appréhender de façon novatrice l'économie. Sahlins cherche en fait à fonder une alternative à l'analyse en termes d'économie de marché des sociétés primitives. Il tente de constituer une anthropologie économique renouvelée à propos des économies primitives. En fait, il s'agit de montrer que ces économies ont des fonctionnements propres, différents et cohérents, et qu'elles ne sont donc certainement pas des versions primitives et moins développées de notre économie de marché.
Il s'agit dans cette entreprise, contre toutes les mystifications, de réfuter des grands systèmes de théories économiques non par un autre système, mais par les faits. En effet trop souvent on a voulu étudier les sociétés primitives selon des outils contemporains, en oubliant que la structure de la société supporte plus ou moins bien l'usage de certains concepts. Il paraît ainsi difficile de parler d'exploitation dans une société sans classes, ou encore de marché dans une société qui produit pour consommer et non pour échanger comme veut le montrer Sahlins. Voilà pourquoi il s'agit selon Clastres d'une réflexion « salubre », comme il le dit dans sa préface.
[...] Sahlins, âge de pierre, âge d'abondance Présentation du thème et des questions majeures. Sahlins est un profond connaisseur des sociétés mélanésiennes, ce qui servira son interrogation sur les sociétés primitives. Il ne s'arrête pas à l'ethnographie, mais étudie tout le champ du social, pour appréhender de façon novatrice l'économie. Sahlins cherche en fait à fonder une alternative à l'analyse en termes d'économie de marché des sociétés primitives. Il tente de constituer une anthropologie économique renouvelée à propos des économies primitives. [...]
[...] Affirmer que les chasseurs vivent dans l'abondance, c'est donc nier que la condition humaine est une tragédie concertée et l'homme, un forçat qui peine à perpétuité dans une perpétuelle disparité entre ses besoins illimités et ses moyens insuffisants (p.37). Donc pour Sahlins si trop de chercheurs ont considéré que ces sociétés étaient de subsistance, c'est qu'ils avaient un regard bourgeois sur un monde différent. Ayant attribué au chasseur des motivations bourgeoises et l'ayant muni d'outils paléolithiques, nous décrétons par avance que sa situation est désespérée (p.41). [...]
[...] Dans nos sociétés, la famine est devenue une institution : la pauvreté est une institution sociale, une invention de la civilisation Donc l'abondance de ces sociétés est liée à leur mode de vie, qui renouvelle toujours les subsistances données par la nature. Les besoins sont finis et les stocks n'existent pas dans les sociétés primitives, ce qui a pu faire dire à certains anthropologues que les sauvages étaient en situation de manque perpétuel et de risque d'extinction permanent. Pour Sahlins, il n'en est rien. [...]
[...] Ainsi elles connaissent l'abondance, et sont peut-être même les seules à la connaître. Sahlins parvient donc à se détacher des outils d'analyse économiques classiques, où plutôt à revenir à l'empirie contre des systèmes de pensée jugés fatigués, pour nous présenter une approche originale et novatrice de la structure économique des sociétés primitives. Nous pouvons néanmoins émettre quelques critiques : tout d'abord il adopte une démarche de défense conceptuelle face à l'économisme. Certes il montre l'inefficacité des théories économiques classiques pour rendre compte du fonctionnement des sociétés primitives, mais on peut par-là même regretter qu'il s'y cantonne. [...]
[...] Il y a ainsi moins de sous-utilisation des ressources quand le degré d'intégration familial augmente. Ceci car au niveau du pouvoir c'est la générosité qui apporte le prestige : le chef est un modèle et son impératif de prodigalité augmente la production de sa famille. De même l'impératif de réciprocité chez ses obligés entraîne une hausse de production dans leurs familles. La vie politique stimule la production (p. 184). Le peuple est donc dépendant du Big man mais refuse d'être exploité. [...]
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