Contrairement à certaines traditions africaines ou afro-cubaines où ce terme peut désigner l'officiant d'un culte de magie noire, ou indifféremment porté vers le bien et le mal, le nganga Camerounais « fait le bien ». Une étude de ce cas me semble intéressante du point de vue de la connaissance de la pensée sorcière parce que le nganga n'est pas un simple « guérisseur » au sens strictement médical. Certes, sa connaissance des plantes est sans égale et dans une société où chacun possède à un niveau relatif un savoir médicinal que se transmettent les générations d'une ...
[...] Chacun se retrouve donc finalement à confesser quelque chose (puisque tout lien familial est par essence conflictuel) et cette partie de la cérémonie s'achève par des promesses d'amendement et des vœux de guérison. Le patient est alors soumis à une série d'épreuves où l'on retrouve généralement l'idée de la purification par l'eau. Enfin, la troisième phase est le combat que le nganga livrera individuellement au sorcier pour délivrer définitivement le patient de son mal : s'étant retiré de l'assemblée (qui déguste alors le repas sacrificiel de poulet ou de chèvre aux herbes préparé par les femmes de la famille du nganga), dans sa cabane, il s'étend sur son lit et part dans le Ndimsi, pour infliger au sorcier le choc en retour, c'est-à-dire annuler son mal en le retournant contre lui. [...]
[...] Le Nyungu est un serpent résidant sous les fondations d'une maison, nuisant à celle- ci ou à l'un de ses habitants. La peur du Nyungu rend surtout effrayant le contact direct quotidien avec les canalisations, principalement les toilettes du trou desquelles on craint de voir jaillir le serpent. En pratique, les familles soupçonnent la présence d'un Nyungu et font appel au nganga lorsque par exemple la discorde s'installe brutalement dans la maison. Dans le cas précis du Nyungu, le nganga se déplace jusqu'à la demeure des victimes et procède à une cérémonie sensée chasser le serpent. [...]
[...] En contrepartie, le flux vital du corps physique de la victime s'amenuise, entraînant des symptômes de natures diverses. De Rosny note que la croyance en l'Ekong comporte une grande part d'assimilation de la mémoire collective liée à l'esclavage. (On se voit fréquemment en rêve emmener sur l'eau, poings liés). Dans la sorcellerie du Caïman ou sorcellerie dans l'eau apparaît le fantasme de dévoration et de cannibalisme : la victime (son double) est littéralement mangée par le sorcier ; c'est la sorcellerie inspirant le plus de terreur, de dégoût et de mépris, elle est jugée comme un mal absolu et totalement gratuit, comparativement aux pratiques sous-tendues par l'acquisition d'un individu ou l'enrichissement. [...]
[...] Contrairement à l'exorciste qui se bat lui aussi dans un arrière monde de pure violence, le nganga ne se bat pas contre le diable mais contre d'autres hommes qui sont devenus sorciers. Il partage avec eux l'état d'êtres surpuissants et hors du commun ; étant le seul en mesure de lutter contre eux, il inspire de ce fait un respect craintif voire un dégoût terrifié naissant de l'amalgame inconscient entre les deux forces qu'il paye d'un assez grand isolement. Le nganga n'est donc ni un prêtre, ni un phytothérapeute, ni un marabout. [...]
[...] Si bien que le nganga est amené à soigner des individus aussi bien pour des motifs médicaux classiques (douleurs, etc.) que pour une chute de vélo anormale un échec scolaire, un chômage prolongé Il existe cependant des cas pathologiques ou des situations sociales dont les symptômes évoquent plus spécifiquement telle ou telle sorcellerie. Je citerai succinctement les principaux types de sorcellerie et les cas pathologiques qu'ils engendrent. Dans la sorcellerie de l'Ekong, la victime est enlevée par le sorcier pendant son sommeil. [...]
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