La transmission s'opère par l'intermédiaire de l'institution scolaire, qui délivre des labels de qualité selon des critères qui lui sont propres.
L'école est de manière générale vécue comme une contrainte, avec pour compensation son élection en tant que lieu de sociabilité privilégié. Dans sa forme la plus volontariste, la sensibilisation aux arts dans le cadre scolaire prend la forme de la constitution de publics captifs à travers l'organisation de sorties à caractère culturel, dont la principale justification repose sur la formation de dispositions et la probable reproduction de ceux-ci.
Nous allons donc voir si sous l'effet de la massification scolaire, la population sous influence scolaire (les adolescents), est devenue culturellement plus hétérogène, et si cette hétérogénéité, qui contribue à abaisser les frontières symboliques entre les groupes sociaux, s'accompagne de la diminution de fortes inégalités d'accès à la culture savante.
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[...] La famille apparaît de ce point de vue comme une institution fondamentalement conservatrice, notamment dans la production et la reproduction des inégalités scolaires, de telle sorte que le lien apparent entre le niveau de diplôme et la fréquentation des lieux de diffusion de la culture savante masque en fait un lien plus profond entre les caractéristiques sociales de l'environnement familial et les dispositions générales de l'individu à l'égard de la Culture, qui se manifeste simultanément sur le terrain des performances scolaires et sur celui des habitudes culturelles. En d'autres termes, le niveau d'études, qui est strictement conditionné par les caractéristiques de la socialisation primaire de l'individu (théorie de l'habitus), n'exerce pas d'effet propre sur les dispositions esthétiques et les pratiques culturelles. Selon ce modèle théorique, les pratiques culturelles possèdent par ailleurs un pouvoir d'identification réciproque des individus qui contribue à consolider les frontières entre les groupes sociaux. [...]
[...] La formation de publics est aujourd'hui plus ou moins développée selon les domaines artistiques et selon les types d'équipements culturels. Les sorties théâtrales et les visites de musées ont joué en la matière un rôle pionnier. Ces pratiques se sont développées plus tardivement dans le domaine musical, qui est traditionnellement plus éloigné de l'univers scolaire. Ainsi, les dispositifs contribuent à faire de la situation scolaire en elle-même un facteur de fréquentation des équipements culturels, et cette tendance s'est sensiblement accrue au fil des années. [...]
[...] Aujourd'hui, non seulement des pans entiers de la culture scolaire héritée des humanités se transmettent plus difficilement aux nouvelles générations, mais le rôle que celle-ci joue dans les mécanismes de distinction tend à diminuer en raison des mutations touchant aux modes d'acquisition des savoirs, à la formation des goûts et à la production des modèles d'excellence, ainsi qu'aux mécanismes de consécration dans les milieux artistiques. Comme nous l'avons vu, les adolescents ont certes peu de pratiques dites légitimes (issues de l'apprentissage scolaire) mais il faut néanmoins comme le démontre Lahire éviter le misérabilisme culturelle et voir ce qu'à en propre la culture adolescente. [...]
[...] Au total, cette interprétation implique logiquement un certain scepticisme à l'égard du rôle de l'école en matière de démocratisation de l'accès à l'Art et à la Culture, dont elle n'aurait en quelque sorte ni la vocation ni les moyens. Ainsi formulée, cette interprétation ne résiste pourtant pas à l'analyse empirique qui, en marge des phénomènes d'héritage social, met incontestablement en évidence un effet propre de l'École sur la propension aux pratiques culturelles. Si l'on considère que la propension des diplômés à l'égard des pratiques culturelles peut s'analyser comme la mise en œuvre d'une compétence acquise dans le cadre scolaire, afin d'obtenir une vision d'ensemble, il faut étudier la corrélation entre niveau de diplôme obtenu et sorties culturelles. [...]
[...] De ce point de vue, l'École n'influence pas tant les pratiques culturelles par la transmission de contenus que par la mise en place d'un environnement propice à la rencontre des arts. La sensibilisation aux arts dans le cadre scolaire prend de plus en plus d‘ampleur, avec par exemple, l'instauration des " classes à projet artistique et culturel " (PAC) et des classes ateliers de pratiques artistiques et culturelles " (APAC), qui constituent l'une des mesures- phares pour le développement de l'éducation artistique et culturelle. [...]
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