Dans les sociétés modernes, la virginité prénuptiale n'est plus depuis longtemps une norme imposée aux jeunes filles. En France, par exemple, si cette norme était encore dominante dans les années '50, elle est complètement désuète aujourd'hui. Cependant, dans beaucoup de sociétés traditionnelles, la continence prémaritale est exigée des jeunes filles comme condition de validation d'un mariage.
Dans une brève première partie, nous essayerons d'analyser la régression de la norme de virginité en France et sa quasi-inexistence actuelle, à l'exception, par exemple, de certains groupes ethniques encore fortement liées à leurs mœurs d'origine. En apportant comme preuve empirique de notre raisonnement quelques données statistiques, à la fois qualitatives et quantitatives, nous les confronterons avec la théorie, notamment celle relative à l'image de la femme, comme analysée par G. Paicheler.
La deuxième partie portera sur l'analyse du rite de la virginité dans le Maghreb, en prenant comme exemple la société marocaine en particulier. Cet espace valorise encore beaucoup ce rite, malgré les confrontations de plus en plus fortes de ces traditions avec les influences modernes. Nous essayerons de rechercher les origines de cette tradition, ses justifications et les conséquences qu'elle apporte sur les comportements des différents acteurs de ce milieu, les jeunes femmes en particulier. L'analyse des origines de la norme de la virginité prénuptiale nous permettra de comprendre les raisons pour lesquelles cette tradition s'est imposée à un moment donnée dans les sociétés musulmanes, la réponse allant beaucoup au-delà d'une justification purement religieuse.
A travers l'analyse du culte de l'honneur, nous allons déterminer l'essence des relations hommes-femmes dans une société traditionnelle et l'importance de la virginité dans la glorification de la virilité.
On analysera par la suite la virginité dans l'optique des femmes maghrébines, pour essayer de comprendre leurs opinions, leurs motivations et leurs raisons d'acceptation ou de rejet d'une norme sur la sexualité féminine restrictive. L'opposition entre les traditionalistes et les novatrices sera centrale dans ce contexte et marquera ainsi la confrontation actuelle des sociétés arabes méditerranéennes avec le choc du modernisme.
Finalement, nous traiterons les conséquences d'une transgression de cette norme pour la jeune femme et pour sa famille. Face au risque majeur de l'exclusion sociale, nous aborderons les comportements visant à tromper le social. Nous verrons également l'influence de certaines normes juridiques concernant le mariage et la virginité des femmes.
[...] J'ai gardé ma virginité jusqu'à mon mariage. Je ne voulais pas être la honte de ma famille, je voulais que tout le monde soit fier de moi. D'ailleurs une fille qui perd sa virginité ne pourra jamais trouver un mari respectueux Pour la femme traditionnelle, la virginité est le seul signe extérieur de l'honneur familial ; elle reste donc profondément conditionnée par les conséquences néfastes provoquées par sa perte éventuelle. Souvent, les filles mêmes protégent le rite traditionnel de contrôle de la virginité pendant la nuit des noces. [...]
[...] Le prix accordé à la virginité traduit l'orgueil du mâle qui tient à s'assurer de la pureté de celle qui sera désormais en sa possession et qui portera ses enfants. De plus, l'acte de défloration durant la nuit de noces correspond au passage de l'adolescence à l'âge adulte, à l'accomplissement de tout homme[25]. On observe que, paradoxalement, la virginité vue comme une caractéristique physique exclusivement féminine, n'est utilisée dans la société islamique que pour symboliser l'évolution de l'homme, pour lui faire un cadeau pour faire preuve au monde de sa puissance, de sa virilité, de son honneur. [...]
[...] Le philosophe Youssef Seddik, un bon connaisseur de l'islam, avance encore plus en affirmant que rien dans le Coran ne justifie un tel puritanisme. Le texte fondateur ne parle même pas de la question de la virginité, il n'y a pas du tout trace, ni dans les prescriptions, ni dans les jugements de valeur Il paraît que le Prophète lui-même préférait les femmes expérimentées, plus mûres. C'est maintenant qu'on régressé, qu'on a rejoint une image tout a fait catholique, tout à fait puritaine de la sexualité D'après l'analyse du sociologue marocain Paul Pascon, le patriarcat en Maroc repose sur l'idée de l'existence d'un lien mystique du à la procréation par le père. [...]
[...] Le sort de son bébé est l'abandon ou dans les meilleurs des cas, l'adoption. Elles vivent une culpabilité atroce à supporter et un souvenir amer, lourd à gérer toute leur vie. Ce sont les mères d'enfants non désirées, non légitimes et bien sûr non reconnus socialement. La vie de ces femmes devient socialement et moralement pénible. Elles sont souvent considérées comme des prostituées et sont continuellement exposées à la prostitution[41]. Le risque d'être enceinte inquiète l'ensemble des femmes marocaines et paralyse leur vie sexuelle. [...]
[...] L'opposition entre les traditionalistes et les novatrices sera centrale dans ce contexte et marquera ainsi la confrontation actuelle des sociétés arabes méditerranéennes avec le choc du modernisme. Finalement, nous traiterons les conséquences d'une transgression de cette norme pour la jeune femme et pour sa famille. Face au risque majeur de l'exclusion sociale, nous aborderons les comportements visant à tromper le social. Nous verrons également l'influence de certaines normes juridiques concernant le mariage et la virginité des femmes L'évolution de la norme de virginité en France a. [...]
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