Le rire en tant que phénomène naturel indéniablement propre à l'Homme, est sujet à de nombreuses polémiques de par sa fonction sociale, ainsi que cette notion de spontanéité qui lui est inhérente, grâce à laquelle notre inconscient se révèle et s'exprime librement. D'après cette affirmation rien ne semblerait donc plus spontané que le rire mais paradoxalement, le rire peut aussi s'avérer être intentionnel.
Persuadé que le rire n'est pas un phénomène innocent et des plus anodins, mais bien un instrument intentionnel d'intimidation et de rejet des individus en marge de la société, Régis Thomas défend ardemment dans son article Le plaisir de rire l'idée que ce dernier peut détourner l'Homme de sa conscience morale en portant un jugement. Idée de rejet fortement mis en évidence à travers le personnage de Gustave Flaubert dans son œuvre Madame Bovary publié en 1857. L'ouvrage d'Olivier Mongin De quoi rire?, quant à lui, va se montrer plus nuancé en abordant le paradoxe du double caractère du rire contre autrui qui à une fonction sociale, et enfin nous aurons une vision totalement opposée dans l'interview donnée par Dely Denaud Contrairement a Dieudonné, Coluche n'enferme pas, pour le journal Libération le 19 juin 2006 car l'idée qui en ressort est celle d'un rire qui se veut dénonciateur.
Ainsi, le problème qui se pose est de répondre à la question de savoir si le rire est un phénomène en faveur d'une certaine cohésion sociale, ou bien au contraire va être un élément déclencheur de clivages sociaux.
[...] Le rire serait donc perçu comme favorable à l'intégration sociale, car va porter sur une chose risible commune , ce qui va permettre de créer une sphère commune d'entente et de partage bien au delà des clivages et différences sociales comme en témoigne succinctement l'auteur dans Le plaisir de rire de Régis Thomas. Idée à laquelle s'ajoute celle qui nous est délivrée dans l'interview donnée par Dely Denaud qui est que le rire peut être utilisé à bon escient en se faisant porte-parole des minorités. [...]
[...] Ainsi le problème qui se pose est de répondre à la question de savoir si le rire est un phénomène en faveur d'une certaine cohésion sociale, ou bien au contraire va être un élément déclencheur de clivages sociaux. Pour ce faire, nous verrons que certes le rire qui est au départ individuel étant communicatif va se propager chez d'autres individus pour finir par devenir collectif au sein d'un groupe, puis nous tenterons de démontrer que c'est en cela qu'il va non seulement exclure, mais aussi présenter un danger au bien-être et à l'intégration sociale. [...]
[...] Le rire doit donc son pouvoir de réunir a cette notion de partage et de communication entre des individus. Cependant comme nous allons le voir à présent, il n'y a qu'un pas entre le rire qui rassemble et le rire qui exclut. Suite à notre première approche qui a eu pour résultante de définir le rire à travers sa fonction sociale de réunion, il convient à présent de relativiser cette dimension positive, en mettant en évidence que ce phénomène possède un double caractère, pouvant servir à nuire à autrui. [...]
[...] Le rire "mauvais" va donné a l'Homme le sentiment d'être intimidant en humilient l'autre, et donc d'être plus important. Comme l'évoque très pertinemment Dely Denaud, de nos jours de nombreuses polémiques sont sous-jacentes quand il s'agit du rire identitaire ou du rire raciste largement employé par les humoristes, car cela rappel qu'à travers le rire cela peut vouloir dénigrer et se moquer des différences dans le sens ou il permet à l'Homme d'exprimer une opinion négative notamment en s'attaquant à des minorités ethniques qui se sentent en cela rabaissées. [...]
[...] Dans ce cas de figure, le rire est délibérément mauvais et cherche à blesser et humilier l'individu qui fait les frais d'une cohésion sociale à son encontre. Olivier Mongin développe aisément cela, en allant jusqu'à parler du rire comme une arme en cela même qu'il a le pouvoir de rabaisser celui qui subit les railleries de ses assaillants mal avisés qui entraineront inéluctablement un repli de la victime sur elle-même. Le rire peut donc s'avérer être spontanément méchant et nuisible au bien-être social d'un individu. [...]
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