Les études des sociologues tels que Bourdieu, Passeron et Boudon dans les années 60-70, sur l'échec scolaire ont mis en avant la reproduction des élites par l'école. Les familles, par le biais de la transmission du capital culturel, détermineraient l'échec ou la réussite scolaire de leurs enfants.
Cependant un constat de cas singuliers des réussites scolaires en milieu populaire contrarie les statistiques qui dégagent clairement, que les élèves de milieux aisés ont plus de chance de réussir que leurs camarades venant de milieux populaires. Comment expliquer ces trajectoires originales ? Est-ce que ce sont les familles qui par le biais de stratégies éducatives, permettent la réussite de leurs enfants ? Définition stratégie : art de diriger certaines opération dans un but précis. (Soutien scolaire, choix de l'école privée plutôt que publique pour assurer la réussite). Et que dire des échecs en milieux bourgeois ? Les livres, les encyclopédies, ne sont rien d'autre qu'un patrimoine mort, si le goût de s'en servir n'est pas éveillé par l'usage des parents (s'ils sont absents). Est-ce que ces échecs sont dus au manquement des parents à assurer des stratégies ? Est-ce que ces investissements scolaires des familles sont l'unique recette d'une réussite scolaire ?
C'est ce que les sociologues de l'éducation à la fin des années 1980, début des années 1990 vont s'attacher à étudier, par le biais d'entretiens, d'observations microsociologiques de ces familles populaires dont les enfants ont de bons résultats à l'école. Jusque là, la familles ne faisait pas l'objet d'études, on la mentionnait simplement comme l'entité qui transmettait le patrimoine culturel. Mais contre une représentation trop mécaniste de la transmission du capital culturel (scolaire), Bernard Lahire affirme la nécessité de réfléchir aux conditions sociales (relationnelles) et aux modalités de cette transmission. Nous chercherons alors à savoir, ce qui va faire, qu'un enfant de milieu aisé ou populaire, à capital égal avec un enfant de son même milieu, va avoir de meilleurs résultats qu'un autre. Est-ce que ce sont les stratégies éducatives familiales qui vont être l'unique cause des réussites scolaires, des enfants, ou est ce que les relations intrafamiliales, les dimensions morales, culturelles vont aussi entrer en jeu, dans la réussite scolaire de l'enfant ?
Pour cela, nous verrons dans un premier temps que la transmission du capital Culturel n'est pas automatique, que même si les familles sont dotées en Capital Culturel, elles doivent mettre en place des stratégies familiales pour assurer la réussite scolaire de leurs enfants. Puis, nous verrons, que la réussite scolaire d'enfants dont les parents n'ont pas la possibilité de mettre en place des stratégies éducatives, peuvent quand même réussir, à condition que la socialisation de l'enfant dans son univers familial soit en adéquation avec son univers scolaire.
[...] Les familles sont caractérisées par le faible capital scolaire du chef de ménage, dans la plupart des cas d'origine étrangère et souvent maghrébine, et une situation économique modeste (ouvrier, employé non qualifié . Parmi ces élèves, une moitié éprouve manifestement des difficultés à l'école, l'autre obtient de bons et même d'excellents résultats. A milieu socioprofessionnel et conditions de vie équivalents, où situer les raisons de ces différences dans la scolarité des enfants ? en dépit d'un contexte objectivement peu favorable (parents analphabètes, maîtrisant mal le français, incapables de suivre les acquisitions en > de savoir de leurs enfants), comment expliquer la réussite scolaire de certains élèves ? [...]
[...] Puis, nous verrons, que la réussite scolaire d'enfants dont les parents n'ont pas la possibilité de mettre en place des stratégies éducatives, peuvent quand même réussir, à condition que la socialisation de l'enfant dans son univers familial soit en adéquation avec son univers scolaire. I. Des stratégies familiales mises en œuvre pour garantir la transmission du capital culturel Des trajectoires scolaires originales qui contredisent la théorie bourdieusienne Les réussites exemplaires en milieux populaires, et les catastrophes scolaires en milieux bourgeois, viennent miner de l'intérieur les constructions de la sociologie sur la reproduction et de l'inégalité des chances, selon lesquelles c'est le capital culturel acquis ou conquis qui explique la réussite scolaire. [...]
[...] Bernard Lahire accorde une importance particulière au rapport que la famille peut entretenir avec l'écrit. Si l'enfant voit dans son univers familial en situation de grande précarité, une organisation des dépenses, dans un cahier des charges, des prévisions, pour gérer l'ingérable et ne pas tomber plus bas, alors il va s'imprégner de cet ordre matériel. Conclusion L'attention portée aux conditions réelles de transmission d'un capital culturel, la relation que la famille entretient avec son enfant, conduit donc à relativiser la métaphore de l'héritage, selon laquelle le capital culturel et social se transmettrait automatiquement, et déterminerait la réussite ou l'échec scolaire de l'enfant. [...]
[...] La réussite scolaire constitue pour les familles à fort capital économique et culturel un moyen d'assurer leur reproduction. Un fils d'industriel fortuné dispose certes d'un héritage potentiel important, mais en cas de naufrage scolaire, il ne pourra pas hériter de la position sociale du père. Elles vont dés lors mettre en œuvre des stratégies éducatives de reproduction, pour assurer à leur descendance la place qu'elles occupent déjà dans la société. Le simple fait de parler de stratégies éducatives parentales, remet donc en cause l'idée de la transmission mécanique du capital culturel. [...]
[...] Transition : Les stratégies familiales vont donc être favorables, à la réussite des enfants. Car le capital culturel ne se transmet pas automatiquement, il faut pour cela que les parents fassent des investissements pédagogiques. Mais ces stratégies d'aide directe ne sont les seules causes explicatives de la réussite scolaire. Les familles démunies de capital culturel, qui par conséquent n'ont rien à transmettre, peuvent aussi rendre possible la réussite de leurs enfants, en intervenant essentiellement sur la transmission de conditions morales, et affectives. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture