C'est un fait : l'Ecole est aujourd'hui au coeur des préoccupations de tous. Au-delà des traditionnels clivages politiques, intellectuels, religieux ou sociaux, chacun s'interroge sur l'avenir du système scolaire et, plus largement, sur l'éducation à donner aux jeunes.
Il n'y a pas un jour, en effet, où l'on n'évoque l'apprentissage de la lecture, le malaise des enseignants, la violence dans certains établissements, la transmission des valeurs, le bien-fondé de la mixité ou la question des signes religieux en classe... Par des biais multiples l'Ecole se trouve ainsi au centre du débat public (...)
[...] Selon eux, "le niveau de compétences à l'entrée au CP est lui- même le produit de différents facteurs . De fait, les chances de parvenir en sixième à l'heure ou en avance sont deux fois plus liées à ce niveau initial qu'à l'origine sociale ou au niveau d'études des parents. Ce lien apparaît dès le début de la scolarité élémentaire mais il s'intensifie au fur et à mesure de son avancement . De toutes les caractéristiques de l'élève prises en compte, c'est ce niveau à l'entrée au CP qui pèse le plus fortement sur les chances de parvenir sans redoublement en sixième : son impact est cinq fois plus fort que celui du diplôme de la mère ou de l'origine sociale". [...]
[...] Tout en conservant à l'esprit les biais statistiques possibles évoqués plus haut, il nous semble que ces écarts justifient de se poser la question (très sensible) de facteurs comme l'influence des familles. Un autre facteur serait celui de l'environnement violent auquel font face, plus souvent que la moyenne, les élèves Hispaniques et Noirs. il ne pourrait être légitime de se poser la question de la transmission différenciée d'un habitus scolaire selon le milieu social (par exemple), mais illégitime d'aborder la question d'une différence de valeurs, normes, contrôle social, de niveau de capital culturel (Bourdieu) etc. selon l'ethnie. [...]
[...] De même, le milieu social influe sur les capacités des enfants à atteindre la 6ème sans redoubler. Parmi les d'écoliers les plus faibles en CP des enfants de cadres et professions intermédiaires contre des enfants d'ouvriers figurent dans la meilleure moitié des élèves de 6ème en français. J.P Caille et F.Rosenwald relèvent en outre que les chances de réussite à l'école primaire sont moins importantes lorsque l'enfant est resté du CP au CM2 dans une école classée en Zone d'éducation prioritaire (ZEP). [...]
[...] La totalité d'entre eux habite dans la même cité et tous les parents ou presque vivent de l'aide social. Dès qu'ils trouvent un travail, leur premier réflexe est de déménager dans un quartier pavillonnaire où ils ont le sentiment qu'ils pourront trouver un établissement mieux adapté, où la violence sera moins grande. Il n'est pas question de stigmatiser ces parents de mauvais républicains parce qu'ils veulent un bon collège pour leurs enfants ; mais ces comportements, individuellement légitimes, provoquent des effets collectifs dévastateurs. [...]
[...] Si la démocratisation a bien été quantitative, il lui manque d'avoir été réellement pensée : ces jeunes, éloignés de la culture scolaire avec laquelle ils entretiennent d'ailleurs un rapport très utilitariste, se sont retrouvés dans des filières dévalorisées ; ils ont obtenu un petit bac Entrés à l'université, souvent par défaut d'une orientation plus encadrée (comme les IUT ou les BTS), coupés de leur milieu et incapables de travailler seuls, leur parcours estudiantin se résume à l'échec et à l'abandon . L'Ecole répond à des grandes directives nationales, l'organisation des enseignements obéit aux mêmes règles dans tous les établissements de France. L'Ecole et donc juste et égalitaire mais inéquitable. [...]
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