Peter L. Berger, éminent sociologue avait soutenu la thèse de la sécularisation selon laquelle la modernité entraîne le déclin inéluctable de la religion. Aujourd'hui, l'homme lui-même avoue volontiers s'être trompé. Il décrit dorénavant un XXIe siècle marqué par le "retour du religieux", à savoir la résurgence de croyances ou de pratiques qui se rapportent à une religion. Ce changement de position d'un grand sociologue en l'espace de quelques années montre à quel point ce phénomène était inattendu. Mais quelle est la nature de ce « retour du religieux »?
Le terme de « retour » invite à penser la résurgence du religieux comme une remise en place d'un état antérieur, de sociétés traditionnelles où le religieux avait une place essentielle. Cependant, les logiques de fonctionnement des mouvements évangéliques d'une part et de l'islam d'autre part – pour ne citer que les plus massifs – montrent qu'ils emploient des moyens modernes pour étendre leur influence. Dès lors, peut-on réellement parler d'un « retour » du religieux ?
De plus, pourquoi ce retour du religieux fait-il tant parler de lui? L'analyse de ce retour du religieux montre en fait qu'il s'affirme souvent comme un retour dans le passé qui se pose en refus de la modernité. Or, on remarque par une identification plus précise que le religieux entretient des relations étroites avec la modernité qu'il rejette. Le plus marquant reste cependant qu'aujourd'hui le retour du religieux se fait sentir dans le domaine politique.
[...] Mais, aujourd'hui ce retour est extrêmement visible, car on assiste à une connivence entre le religieux et le politique Le religieux s'invite notamment dans le discours d'hommes politiques en Europe : Nicolas Sarkozy a pu affirmer que Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes durant le discours de Latran. À la même occasion, il a défini le concept de laïcité positive qui peut s'entendre comme la reconnaissance effective de la place des courants spirituels dans la vie publique, à leur concours dans la définition d'une morale pour le pays. De même, Medvedev a assuré que La coopération entre les nations, les religions et les cultures, c'est la base de l'État russe Comment expliquer le retour des références religieuses ? [...]
[...] De même, les mouvements pentecôtistes sont en phase avec les valeurs modernes : culte de la performance, rapport individuel et direct de l'homme à la divinité, puissants médias bâtis pour le prosélytisme. La modernité n'empêche donc pas le retour du religieux. D'autant plus que ce dernier ne concerne pas uniquement des populations peu cultivées et fortement influençables. Paradoxalement, en Égypte et en Turquie il apparaît que c'est dans les villes à haut niveau de modernisation - où les filles ont reçu une éducation supérieure de type occidental qu'elles préfèrent porter le voile. Les mouvements évangéliques protestants ont même été à l'origine d'une modernisation des mœurs en Amérique latine. [...]
[...] Ce regain pour le domaine du religieux semble contraster avec la sécularisation en Europe. En fait, il est bon de considérer avec J.- P.WILLAIME que la modernité a permis dans le vieux continent la différentiation fonctionnelle entre les institutions et une individualisation croissante des acteurs Mais, le processus ne signifie pas un déclin inéluctable de tous les phénomènes de croyance on assiste plutôt à un changement du religieux : la religiosité traditionnelle diminue alors que la spiritualité subsiste. Ce terme mou peut être défini comme un ensemble de pratiques non liées à une institution religieuse traditionnelle. [...]
[...] Dès lors, peut-on réellement parler d'un retour du religieux ? De plus, pourquoi ce retour du religieux fait-il tant parler de lui ? L'analyse de ce retour du religieux montre en fait qu'il s'affirme souvent comme un retour dans le passé qui se pose en refus de la modernité. Or, on remarque par une identification plus précise que le religieux entretient des relations étroites avec la modernité qu'il rejette. Le plus marquant reste cependant qu'aujourd'hui le retour du religieux se fait sentir dans le domaine politique. [...]
[...] Ce retour du religieux est aussi défini comme la Revanche de Dieu pour reprendre le titre de l'œuvre de Gilles KEPEL. Le retour vers les religions traditionnelles s'explique alors par un attrait pour leur aspect communautaire en opposition à l'image du citadin certes moderne, mais surtout solitaire et dépressif. De plus, ces religions ont l'avantage d'être encadrées, d'offrir un retour aux sources traditionnelles d'interdits, d'autorité. La critique d'une culture moderne superficielle et pauvre, car elle ne possède aucune référence transcendantale mène à rechercher la structuration d'une religion ancienne le christianisme avec 2000 ans de vie ou l'islam qui en compte 1400. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture