Le concept de représentation sociale, l'une des notions fondatrices de la psychologie sociale, mais aussi de la sociologie de la connaissance, désigne une forme de connaissance sociale, la pensée du sens commun, socialement élaborée et partagée par les membres d'un même ensemble social ou culturel. C'est une manière de penser et d'interpréter notre réalité quotidienne. Les représentations sociales sont donc à la base de notre vie psychique. C'est à elles que nous faisons appel pour nous repérer dans notre environnement. Situées à l'interface du psychologique et du sociologique, les représentations sociales sont au cœur du dispositif social. De fait, elles sont présentes, qu'il s'agisse des objets de la pensée pure ou de la pensée socialisée. Les idées justes en relèvent tout autant que les idées fausses. Bref, les représentations sociales sont présentes dans la vie mentale quotidienne des individus aussi bien que des groupes et sont constitutives de notre pensée autant comme organisateurs du psychisme que comme produits de la mentalité collective culturellement déterminée.
Une des propriétés des représentations sociales serait d'emprunter parfois à l'irrationnel. De ce point de vue, on peut dire que les représentations sociales se prennent elles-mêmes pour la mesure de toute chose ; ce qui signifie qu'elles n'ont pas besoin de preuves pour être. D'où pour nous la tâche ardue de comprendre l'évolution d'un regard scientifique des sciences humaines depuis plus d'un siècle sur ces représentations, qui pourtant elles-mêmes ne peuvent par définition être fondées en raison.
L'étude des représentations sociales renvoie bien sur à la psychologie sociale -qui apparaît comme la science la plus à même d'assurer une synthèse des connaissances sur cette question, mais également à la plupart des sciences humaines : sociologie, anthropologie, psychologie de l'enfant, psychologie, histoire des mentalités, histoire de la science, épistémologie, sciences du langage, etc. Il nous reste donc à explorer ces représentations et à comprendre leur diversité par un bref historique de leur étude par les sciences humaines, de Durkheim à Moscovici. Un article assez récent de ce dernier (Moscovici, 1989) souligne le fait « qu'une véritable histoire [des représentations sociales], étayée par des analyses et des documents précis, reste à faire ». Nous pouvons essayer de présenter ici quelques repères chronologiques et évolutions sans pour autant satisfaire pleinement ce besoin, en suivant notamment le cheminement choisi par Pierre Mannoni . Celui-ci s'appuie d'ailleurs surtout sur Vovelle, Jodelet et Moscovici pour articuler son propos.
[...] Cette recherche amène donc à questionner le mode d'interrogation des représentations sociales. Ces études montrent alors que dans la vie sociale les représentations interviennent comme une «grille de lecture et de décodage de la réalité permettant «l'interprétation de la situation dans un sens préétabli, grâce à un système de catégorisation cohérent et stable. Initiatrices des conduites, elles permettent lieur justification par rapport aux normes sociales, et lieur intégration Ainsi, grâce à l'approche expérimentale, il est possible de sortir d'un certain flou concernant les représentations sociales et de mettre en évidence leur fonctionnement, tant pour les individus que pour les groupes. [...]
[...] Élias sur les moeurs et l'hygiène, et ont dès lors développé des recherches sur d'autres représentations comme celle de la prostitution (A. Corbin) par exemple. Donc l'étude des représentations s'est enrichie des courants de pensée qui se sont développé en sciences humaines au cours du XXe. G. Vigarello aborde par exemple les représentations du propre et du sale, ce qui est une nouvelle étude du passé selon des approches modernes. Ainsi l'interdisciplinarité est encore et toujours au cœur de ce champ d'étude des représentations. [...]
[...] Repartant des études de Moscovici, P. Amerio et N. de Piccoli attestent que la consistance cognitiviste et sociale des représentations ( . ) en réaffirme leur caractère d'existence, non pas comme des médiateurs mentaux entre un stimulus et une réponse, mais comme des variables indépendantes : les idées existent non seulement dans les formes codifiées des règles et des constitutions, mais aussi dans les formes qui sont produites par la vie quotidienne émergeant du sein (de la) société». Le problème se pose de savoir quelle réalité les représentations sociales créent vraiment[6], sachant que les processus cognitifs dans lesquels elles interviennent sont «compromis» par leur rapport avec les automatismes normatifs dans lesquels les hommes sont immergés, comme l'explique Mannoni. [...]
[...] Guimelli et la fonction d'infirmière ; R. Mardellat et les pratiques commerciales et représentations dans l'artisanat ; C. Herzlich et les représentations de la santé et de la maladie ; D. Jodelet et la folie). D'autres monographies portent sur des objets ou des phénomènes sociaux particuliers. C'est, par exemple, l'étude de M. Morin sur les représentations du sida et de sa prévention chez les jeunes (l994), celle de Kaës sur la culture (1968) ou encore celle de Mannoni et Bonardi sur le terrorisme (2001). [...]
[...] Ici est donc posée la question de la construction effective des représentations, sans les considérer ad hoc. En France, c'est donc Serge Moscovici qui pose vraiment les bornes d'un vaste champ de recherche articulé autour des représentations sociales. Dans ses différents ouvrages, il démontre le rôle des représentations sociales dans l'institution d'une réalité consensuelle, leur fonction dans l'intégration de la nouveauté et l'orientation des conduites. L'élan ainsi renouvelé connaîtra une très large expansion dont les ramifications intéressent la quasi totalité des sciences humaines. [...]
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