L'étude des représentations de la mort dans les cultures traditionnelles africaines nécessite le travail qu'une vie entière ne saurait accomplir ; aussi bien nos prétentions sont limitées. Il ne s'agit pas de détailler, comme le ferait l'anthropologue, l'ensemble des représentations de la mort, des coutumes et des pratiques du deuil en Afrique, mais bel et bien de s'interroger, à l'aide d'exemples, sur ce que les différences de représentation, de préparation et de réparation de la mort, qui subsistent entre le monde occidental et les civilisations traditionnelles, nous donnent à penser.
Il s'agit, d'une autre manière, de se demander quel regard, les différences de représentation de la mort qui opposent l'homme africain de l'homme occidental à travers leurs mythes et leurs rites, nous permettent-elles de porter sur les spécificités de l'élaboration du deuil et de ses éventualités pathologiques ?
S'il est peu de choses universelles, le travail de deuil en est une, et c'est sûrement un travail parmi les plus importants, et les plus fondamentaux que la psyché doive accomplir. C'est un travail qui l'occupera une vie entière, de la naissance à la mort ; aussi n'est-il pas étonnant de voir quelle place il occupe dans l'imaginaire et la vie sociale du Négro-africain. Cette place est à la hauteur de son statut, prépondérante.
En dressant un aperçu des représentations mythologiques de la mort, des pratiques du rite funéraire et des attitudes face à la mort en Afrique, nous tenterons une réflexion sur le deuil et ses éventualités pathologiques en Occident.
[...] Abrahamsson, op. cit., p D. Zahan, op. cit.1970, p Ibid, p.66. D. Zahan, op. cit p Fig H. Abrahamsson, op. cit., p cité par D. [...]
[...] Le schéma ci-dessous illustre tout cela à merveille[12]. Si la première catégorie de mythe ne conçoit pas la mort sans l'intervention du ciel la deuxième catégorie va plus loin en ajoutant que la mort est indissociable de la condition humaine, qui pour pleinement s'accomplir doit renoncer à l'immortalité. Ici, les hommes ont le choix entre l'immortalité et l'obligation de renoncer à une des fonctions essentielles de la vie : se reproduire et acquérir une descendance, assouvir sa faim ou sa soif, dormir, etc . [...]
[...] L.V. Thomas, op. cit p Voir notamment P.-C. Racamier, Le génie des origines, psychanalyse et psychoses pp. 56-58. Par exemple, dans certaines tribus, les personnes victimes de noyade sont considérées comme maudites voir également D. Zahan, op. cit pp.82 et 83. D. [...]
[...] Le retour, lorsque toutes les questions ont entrainé une réponse négative, à la question initiale (Tatu Lule luket ? Tu devais mourir aujourd'hui ? évoque bien l'idée d'un apaisement au terme du cycle des questions de l'interrogatoire du cadavre. Le mort n'invoque la responsabilité de personne dans la cause de sa mort, c'est donc qu'il devait mourir aujourd'hui On ne peut manquer de s'interroger sur la pertinence de l'information scientifique, lorsqu'il s'agit de donner au deuilleur une réponse au pourquoi de la mort et lui permettre ainsi de la représenter. [...]
[...] La fonction du rituel du deuil a été parfaitement expliquée par E. Ortigues[25] qui s'est attaché à comprendre le fonctionnement structurel des rites mortuaires bantus. La forme générale de ces rites repose sur une opposition : le temps des morts et le temps des vivants. La survenue d'un décès au sein de la communauté pose un problème : en lui infligeant une perte là où chaque homme fait partie du tout de la communauté, elle introduit dans le système un signe négatif - Comme dans ce système chaque élément est solidaire, et que chaque changement à un impact sur tous les individus, il convient de transformer le signe négatif en un signe positif + Le rituel du deuil va commencer par généraliser le signe négatif en imposant aux individus une série d'interdits et de tabous à respecter. [...]
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