Le terme de « responsabilité sociale de l'entreprise » a envahi, depuis 4 ans, le champ médiatique. Quotidiens, magazines économiques et même grand public y consacrent articles et dossiers : fonds éthiques, agences de notation sociale comme Vigéo présidée par Nicole Notat, commerce équitable, codes de conduite, rapports de développement durable... Toutes ces notions sont présentées aujourd'hui comme la nouvelle « révolution managériale ». Celle-ci est cependant corrélée à un phénomène de bien plus grande ampleur, à savoir, la mondialisation. A charge de preuve, les mouvements anti-mondialistes accusent en vrac le néo-libéralisme, le système financier mondial et les multinationales d'être à l'origine de tous les maux de la planète. Des multinationales qui sont en effet depuis quelques années, au banc des accusés : Bayer accusé de causer la mort des abeilles à travers son insecticide, le Gaucho, Wall Mart récemment dénoncé pour le non respect de l'égalité homme-femme notamment au niveau des salaires ou encore Ikea soupçonné de faire travailler des enfants en Inde. Cette contestation des multinationales touche leur image, leur « talon d'Achille » en quelque sorte. Pragmatiques, les entreprises tentent de s'adapter pour répondre à cette véritable demande éthique que s'empressent de véhiculer les ONG. Pendant les 30 Glorieuses, on leur demandait de produire toujours plus et toujours moins cher. Désormais, l'attente des consommateurs et des salariés a changé et ces derniers exigent non plus seulement des comptes sur l'augmentation des profits mais aussi sur la façon morale de les obtenir : sans licencier ici pour exploiter ailleurs, tout en économisant l'énergie et en produisant moins de déchets. Aujourd'hui, la bonne gestion doit être assortie d'une bonne conduite comme en témoigne l'évolution de la notation des entreprises qui ne se fait plus seulement à partir des résultats financiers mais aussi désormais sur la base d'un rating social. Aussi, il convient de se demander si l'engagement de ces entreprises est un véritable acte de philanthropie ? Si je pose la question, c'est qu'évidemment, cet engagement n'est pas complètement désintéressé. Pour tenter de vous décrire quelque peu le phénomène, nous avons choisi dans une première partie de nous demander comment les entreprises réagissent devant l'évolution de la société et quel en est leur intérêt. Ensuite, nous verrons que pour être crédible et efficace, ces entreprises se doivent d'obtenir le soutien des ONG ou le [...]
[...] En effet, face aux dénonciations systématiques des ONG, les entrepreneurs ont vite compris leur avantage. Essuyer l'opprobre jetée sur son entreprise par une campagne d'ONG coûte beaucoup plus cher en terme d'image que d'investir préventivement dans des matériaux non polluants par exemple. De plus, aujourd'hui, les produits écologiques ont la côte. On voit ainsi l'intérêt des constructeurs automobiles d'orienter leurs recherches vers la construction d'une voiture propre. Toyota avec sa Prius à moteur hybride, moitié à essence, moitié électrique, remporte un franc succès aux Etats- Unis. [...]
[...] L'Etat est ainsi à même d'étendre l'action des entreprises, de l'élargir au maximum de concernés. Aujourd'hui, le principal obstacle de commercialisation des voitures propres, hybride ou à hydrogène, reste leur prix. Un prix que l'Etat peut réduire au moyen de subventions comme c'est le cas en Californie, où le résultat est d'ailleurs incontestable puisque Toyota y vend 4000 voitures Prius par mois contre quelques centaines en Europe. Mais souvent, c'est même l'Etat qui donne l'impulsion et impose des contraintes juridiques aux entreprises. [...]
[...] Côté emballage, c'est la même chose : l'entreprise gagne à réduire le poids et le volume de ces derniers, car moins lourds et moins encombrants sont les emballages, plus l'entreprise pourra faire d'économies au niveau des coûts de transport. La bouteille d'Evian est ainsi passée de 45 grammes en 1980 à 32 grammes aujourd'hui. En outre, le recyclage peut s'avérer être un véritable business. A cet égard la preuve en est de l'entreprise australienne Amcor qui se charge de recycler les bouteilles en plastiques et revend le PET recyclé. [...]
[...] On relève ainsi dans les coupures de presse que j'ai pu lire nombre de partenariats entre ONG et entreprises. Ainsi, Ikéa et WWF ont mis en place conjointement des programmes de défense des forêts en Russie et en Chine. Carrefour et la Fondation International pour les Droits de l'Homme, Nike et Global Alliance, Ikéa et l'UNICEF pour permettre à tous les enfants d'aller à l'école ou encore Lafarge et WWF. Par ailleurs, de plus en plus d'ONG sont dirigées aujourd'hui par d'anciens cadres supérieurs des grandes multinationales, ce qui facilite les négociations. [...]
[...] Dans les pays industrialisés, le problème se centre plus sur les discriminations à l'égard des minorités issues de l'immigration et des femmes. L'action, là encore, est au service de l'image de l'entreprise mais pas seulement. En effet, face à la pénurie de talents, mais aussi au départ imminent des baby-boomers à la retraite, il s'agit pour les entreprises de ne pas se priver des compétences des minorités. Sous le slogan diversity means quality les patrons britanniques ont depuis longtemps théorisé le caractère économique rationnel de la non discrimination. L'environnement idéologique de la diversité se prête bien à un contenu libéral. [...]
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