« Nomos : le mot, traduit d'ordinaire par “loi”, signifie à l'origine le partage, la loi du partage, donc l'institution, donc l'usage (les us et les coutumes), donc la convention et, à la limite, la pure et simple convention » écrivait Cornélius Castoriadis. Nous avons d'une part les lois qui définissent un certain nombre de règles dans une société, d'autre part les mœurs qui régissent de manière implicite les comportements des sujets. Le terme de nomos ne se limite d'ailleurs pas à la pure dimension juridique, il est riche en ce qu'il recouvre toutes les conditions initiales et effectives de la socialisation. Alors que les normes ont trait au comportement des individus et à la définition de règles, on pourrait penser qu'elles sont la simple intériorisation de valeurs fondamentales. Ainsi les normes seraient l'actualisation de valeurs préexistantes ; or, cette conception néglige la complexité des relations entre les valeurs et les normes. Il serait illusoire de vouloir chercher leur origine ; en revanche, il est beaucoup plus productif de décrire le mécanisme de leur agencement. Les significations imaginaires constituent l'ensemble des significations apodictiques qui se donnent au moment de l'institution d'une société. On ne peut pas démontrer l'existence de normes sociétales dans la mesure où elles sont liées intrinsèquement à l'institution de la société. Les significations imaginaires mobilisent un ensemble d'affects, de représentations et d'intentions des sujets concernés : ces derniers éprouvent, désirent et fabriquent des images de leur vivre ensemble. Les significations ne sont pas stables et figées, elles sont remises en question et altérées par l'évolution des sociétés. En effet, tout se passe comme si cette institution imaginaire était à l'œuvre en permanence comme une création continuée. Si cette théorisation reste ancrée à une conception culturaliste de la politique, elle n'en offre pas moins des points de comparaison entre les différentes sociétés. Comment se traduit l'altération des significations imaginaires du point de vue des normes et des valeurs des individus ?
[...] Nous pouvons relier l´émergence de ces nouvelles valeurs aux changements de rapports de production comme le relève Georges Lapassade : les rapports sociaux, les rapports aux "valeurs", la situation existentielle sont en relation directe avec les rapports de production qui structurent la société Ces nouvelles valeurs sont sans doute reliées à l´apparition d´une nouvelle conscience de classe qui domine les rapports sociaux. Ronald Inglehart n´envisage pas cette possibilité, car il analyse des tendances de fond indiquant une transformation des sociétés post- industrielles. Les recherches actuelles en science politique font part d´une nouvelle culture politique fondée sur l´aspiration à la participation et à la mise sur agenda de questions environnementales[53]. Les clivages partisans sont moins nets. En réalité, l´adoption de ces valeurs est propre à l´apparition de nouvelles classes dominantes. [...]
[...] M1 : Si M est un magma, on peut repérer dans M des ensembles en nombre indéfini. M2 : Si M est un magma, on peut repérer dans M des magmas autres que M. M3 : Si M est un magma, il n'existe pas de partition de M en magmas. M4 : Si M est un magma, toute décomposition de M en ensembles laisse comme résidu un magma. M5 : Ce qui n'est pas magma est ensemble ou n'est rien. Ces précisions sont nécessaires pour éviter le retour inévitable à une logique ensidique. [...]
[...] La culture n´est pas un concept défini renvoyant à une série d´entités homogènes déclinées selon les valeurs, les normes sociétales et le comportement des individus selon Chokr. Devant ces genres et ces degrés de fragmentation, de dispersion, d´entremêlement, de fertilisation croisée et de contamination caractéristiques du monde actuel (en cours de mondialisation et de glocalisation je défends la thèse que la représentation de la culture, d´une culture, de cette culture, comme un consensus sur des fondamentaux croyances, valeurs et pratiques partagées- est difficilement tenable, sauf pour "les gardiens de l´intégrité culturelle et de la pureté ethnique" qui aimeraient que nous croyions autrement La complexité des cultures est liée aux dynamiques internes parfois contradictoires (existence d´une contre-culture, affrontement de valeurs antagonistes Il s´agit de repérer des normes morales capables d´éclairer nos comportements. [...]
[...] -Inglehart Ronald, «The Silent Revolution in Europe: Intergenerational Change in Post- Industrial Societies», American Political Science Review 65:4, p. 991-1017. -Inglehart Ronald, The Silent Revolution, Changing Values and Political Styles Among Western Publics, Princeton University press -Inglehart Ronald, Postmodernization Erodes Respect for Authority, but Increases Support for Democracy in Pippa Norris Critical Citizens, Global Support for Democratic Government, Oxford University Press pp. 236-256. -Inglehart Ronald, Changing Values among Western Publics from 1970 to 2006», West European Politics, vol nº31, January-March 2008, pp. [...]
[...] La psychanalyse éclaire le processus de socialisation et ses effets sur l´individu[24]. La théorie des significations imaginaires permet d´envisager la complexité du processus de socialisation qui ne doit pas conduire à un réductionnisme des normes et des valeurs. Les paradigmes définis par Edgar Morin sont de ce point de vue très utiles pour saisir la transformation des sociétés humaines : l´évolution ne peut plus être une idée simple : progrès ascensionnel. Elle doit être en même temps dégradation et construction, dispersion et concentration. [...]
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