Etude des rapports entre le religieux et la religion. Argumentation de la question suivante : "Le religieux est-il un concept révélateur du fonctionnement des sociétés ?". Il s'agit de voir d'abord comment et pourquoi la religion peut être interprétée comme un élément explicatif du fonctionnement de la société, avant de voir dans quelle mesure cette approche ignore la véritable essence de la religion.
[...] Ce qui naturellement porte alors à penser et voir le religieux comme cause de cette violence ou de cette volonté de réformes. Or, en pensant ainsi, on se méprend sur la nature du religieux. Car ce n'est pas à la religion en tant Raymond Aron, Histoire et politique, Paris, Commentaire Julliard p.370. Ibid, p que désir nécessaire de foi et de vie spirituelle que doivent être attribué ces événements, mais à son instrumentalisation, à la morale et aux justifications politiques que l'on construit sur ce dévoiement. [...]
[...] Or pour elle, ce thème ne vient pas du christianisme originel mais de l'influence du mythe de l'au-delà invoqué par Platon du mythe du jugement dernier développé par exemple au dernier livre de la République, repris jusqu'à l'utilisation politique de la religion par la bourgeoisie moderne. L'intégration de la tradition romaine dans le christianisme, effectuée par Augustin, continuée par l'Eglise médiévale, est alors vue par Arendt comme une corruption du christianisme originel. Hannah Arendt considère donc que la foi ne peut entrer dans le domaine de l'apparence publique sans perdre son intimité et sa vérité. Se dévoile ici une perspective selon laquelle le politique dans son essence n'a aucun rapport avec la question religieuse. [...]
[...] L'organisation religieuse des sociétés humaines serait à l'origine de toutes les autres institutions. Toute la civilisation serait issue du culte et c'est ainsi qu'on pourrait expliquer les rapports entre les croyances religieuses et 9 NISBET ROBERT, La Tradition sociologique, Paris, Édition de poche, PUF, Quadrige DE COULANGES Fustel, La Cité antique, Paris, Hachette, 2e Edition p Ibid, p DURKHEIM Emile, L'Année sociologique vol. II, in Journal sociologique, Paris, PUF p l'organisation de la vie individuelle et sociale, ses accointances entre les fonctionnements religieux et les fonctionnements politiques13. [...]
[...] Ainsi, si la religion, qu'on considèrera ici comme la forme institutionnalisée du religieux, est désignée communément comme un ensemble de dogmes et de pratiques établissant les rapports de l'homme avec la divinité et le sacré elle reste sujet à débats, certains ne l'envisageant que comme une affaire entre chaque homme et la divinité tandis que d'autres, en soutenant que les religions terrestres, pour se prétendre athées, n'en restent pas moins des religions lui donnent alors une tout autre portée. Entre une définition de la religion exclusive ou inclusive, y-en a t-il une qui rende mieux compte de ce qu'est le religieux ? On a en fait affaire à deux approches différentes. Tout d'abord, ceux qui pensent que les religions, qu'elles soient athées ou théistes, n'ont pas lieu d'être distinguées les unes des autres, du fait qu'elles engendrent le même type de comportements. [...]
[...] Ainsi, Aron va définir sous le terme de religions séculières les doctrines qui prennent dans les âmes de nos contemporains la place de la foi évanouie ici-bas, dans le lointain de l'avenir, sous la forme d'un ordre social à venir, le salut de l'humanité »15. Elles sont de véritable substituts aux religions car elles répondent au même besoin : le désir d'absolu de l'homme. Ainsi, de même que la religion au sens traditionnel a pour fonction de poser les valeurs les plus hautes qui donnent à l'existence humaine son orientation, de mêmes ces doctrines fixent le but dernier, quasiment sacré par rapport auquel se définissent le bien et le mal. [...]
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