Quels regards l'anthropologie porte-t-elle sur la guerre et la violence, phénomènes sociaux permanents dans l'Histoire humaine ?
Notre point de vue occidental sur la question est-il à remettre en cause ?
Il semble bien que ces phénomènes belliqueux font partis intégrante de la cohésion sociale dans certains types de société, et c'est ce que nous verrons en premier lieu.
Nous nuancerons cependant ce propos par la suite, en énonçant les nombreux risques que la guerre et la violence représentent pour l'équilibre social, point de vue qui se rapproche plus de nos conceptions occidentales modernes.
Enfin, sous un angle plus précis, nous démontrerons comment ces phénomènes sociaux influent sur le rapport de genre.
[...] Ce dernier exploit lui accordera un prestige et une gloire éternelle mais lui coutera la vie. Je cite Clastres qui raconte : Les Chulupi célèbrent encore la fin d'un des leurs, Kaanoklé de grande renommée. Parvenu au faîte de sa gloire, il n'avait donc pas le choix : montant son meilleur cheval de guerre, seul, il s'enfonça de plusieurs journées de marche dans le territoire des Toba, attaqua un de leurs camps et mourut au combat. Il y a donc une affinité tragique, un fort lien entre le guerrier et la mort. [...]
[...] L'intensité de la souffrance doit être maximale, c'est pourquoi par exemple, chez les Guayaki, on n'utilise pas un couteau de bambou tranchant, mais un homme habitué à cette tâche, part explorer les rivières aux alentours à la recherche de pierres un peu coupantes, sans trop l'être, le but étant qu'elles déchirent la peau au lieu de la trancher. Pourquoi torture on ainsi ? Outre le fait de tester la résistance individuelle, de rassurer la société sur la qualité de ses futurs membres adultes, ce rituel transmet un message. Et même plus que le transmettre, elle l'inscrit sur le corps des initiés. [...]
[...] Et de cette logique découle le fait que la guerre est l'élément primordial à l'existence de sociétés primitives. En effet pour que la communauté puisse se penser comme un Nous comme une unité sociale indivisible et indépendante, elle doit avant tout se définir par l'opposition aux communautés voisines, qui deviendront soit des ennemis, soit des alliés. Clastres dit même si les ennemis n'existaient pas il faudrait les inventer Pour persévérer dans son indivision sociale, la communauté a besoin de la figure de l'Ennemi, en qui elle peut voir l'image unitaire de son corps social. [...]
[...] La société renvoie au guerrier triomphant d'un fait d'armes, une image flatteuse de lui-même, des cérémonies sont organisées en son honneur, tout ceci afin de légitimer les risques qu'il prend au combat. L'unique règle commune à tous les guerriers est la règle du chacun-pour- soi. Le guerrier est individualiste et ne compte pas sur les autres guerriers car il ne veut pas partager les honneurs avec ses compagnons d'armes. Cette propriété de la logique du guerrier empêche donc déjà au groupe, au corps social des guerriers d'avoir une stratégie unitaire, c'est donc un risque de moins pour la société de voir ce groupe se retourner contre elle. [...]
[...] La tête commence alors à rétrécir et les Jivaros remodèlent les traits de la victime, puis ils suturent les yeux et la bouche). Descola explique que cette pratique, et le rituel de plusieurs jours qui l'accompagnent (la "grande fête") ne visent pas à obtenir un trophée mais permet en fait de créer de nouvelles identités, étant donné que la tsantsa, représente un visage reconnaissable. La tête réduite subit en effet une dépersonnalisation, le rituel efface les attributs individuels de la victime tels que le nom, et la tsantsa incarne une identité Jivaro générique, cela permettant l'affermissement de l'identité ethnique. [...]
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