On peut également observer des continuités intéressantes dans l'histoire hongroise, reflétant les mentalités et faisant certainement partie de l'identité nationale. Au printemps des peuples en 1848, la Hongrie s'est enflammée pour la voie de soulèvement révolutionnaire proposée par Kossuth, à l'encontre des réformes graduelles préconisées par Széchenyi. Similairement, en 1956, en réaction contre le régime imposé par les Soviétiques, le peuple hongrois s'est soulevé dans une « révolution antitotalitaire » (selon le terme de Raymond Aron).
[...] Réflexion sur l'identité nationale d'une Hongroise Si je m'interroge sur mon identité nationale, j'en reviens naturellement à mes premières années de vie. Pendant mon enfance, mon identité avait été formée forcément par mes parents. Le cas de mon père m'a montré que la langue est un facteur très important dans la construction d'une identité non seulement au niveau national mais aussi individuel. Mon père est né en 1923 et a grandi dans une époque bouleversée. Son lieu de naissance, la Tchécoslovaquie était un tout nouvel Etat à la suite du démantèlement de l'Empire austro-hongrois. [...]
[...] Dans les deux cas, ces révolutions étaient écrasées par l'intervention militaire, d'abord russe, puis soviétique. D'autre part, témoignant d'un certain instinct de survie, même pendant les années de plomb les Hongrois avaient toujours réussi à trouver un modus vivendi avec des régimes oppressants. Ainsi, seulement quelques années après l'écrasement de la révolution de 1956, la Hongrie socialiste de János Kadar est devenue ce qu'on appelait le baraque le plus gai du bloc soviétique, c'est-à-dire un régime certes pas libre, mais octroyant des petites libertés aux Hongrois. [...]
[...] Mon père en tant que Slovaque n'a pas connu les questions de nationalité jusqu'au Premier arbitrage de Vienne signé le 2 novembre 1938. Conformément à cette décision, la Hongrie a récupéré une partie de la Slovaquie appelée Haute-Hongrie où se trouvait une minorité hongroise considérable de la Tchécoslovaquie. A partir de la récupération de ce territoire, la loi hongroise est entrée en vigueur et ce fait a changé la vie quotidienne de la population. Le hongrois est devenu la langue officielle exclusive et les élèves dans les écoles étaient obligés de l'utiliser. [...]
[...] A cet égard, l'intégration européenne a su offrir une sorte de solution avec une perméabilité grandissante des frontières en Europe centrale et offrant ainsi des possibilités à la mère patrie de communiquer plus facilement avec les minorités hongroises vivantes dans les Etats voisins. Même si, considérant l'attitude et les politiques de ces Etats, la définition d'Ernest Renan sur la nation semble être toujours intacte : une nation est une société unie par des illusions sur ses ancêtres, et par la haine commune de ses voisins Arrivée à Strasbourg principalement pour des raisons personnelles, j'aimerais bien profiter de l'atmosphère européenne de la ville, de même que ses possibilités sur le plan académique pour élargir mes connaissances et mes horizons concernant le fonctionnement des institutions européennes ainsi que les complexités et les paradoxes d'une identité européenne. [...]
[...] Or, sur le plan culturel, cette identité de l'Europe centrale était saisie brillamment par le poète pessimiste, Ady au début du XXe siècle, dans son poème L'Aveu du Danube : A Duna-táj bús villámhárító./ Fél-emberek, fél-nemzetecskék / Számára készült szégyen-kaloda./ Ahol a szárnyakat lenyesték / S ahol halottasak az esték (Bien triste exutoire que le pays du Danube. Pilori de la honte pour des gens diminués, pour nations tronquées. Ou toutes les ailes ont été rognées, ou les soirées ont le goût de la mort traduction d'André Reszler) On peut également observer des continuités intéressantes dans l'histoire hongroise, reflétant les mentalités et faisant certainement partie de l'identité nationale. [...]
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