A l'heure actuelle, existe-t-il une véritable culture de la violence ? Les statistiques dévoilent une montée conséquente de la délinquance. La commission d'une infraction symbolise souvent une rupture d'intégration sociale ainsi qu'un rejet des lois de la république. La réponse institutionnelle demeure insuffisante et les concitoyens se sentent en totale insécurité. C'est la raison pour laquelle politiciens, juristes, cliniciens cherchent à croiser leurs connaissances afin d'instituer un dispositif efficace, susceptible d'enrayer ces troubles constants à l'ordre public. Un élément particulier ressort des statistiques : une recrudescence inquiétante de la délinquance juvénile. Malgré une relative stabilité ces dernières années, la délinquance des mineurs a doublé entre 1986 et 1996 avec un taux de récidive non négligeable. 22% des personnes mises en cause sont des adolescents et ce, en ne prenant en compte que les faits constatés. En effet, il semble exister un chiffre noir important de cette jeunesse en proie à la violence. Le système juridique français se trouve désarmé face à ce phénomène qui touche aujourd'hui des mineurs de plus en plus jeunes. Il existe un changement de nature de cette délinquance : les actes commis sont de plus en plus violents et les atteintes ne portent plus uniquement sur les biens mais aussi sur les personnes. A la fin du XIXe siècle, des chercheurs ont tenté d'établir des théories expliquant le phénomène criminel. C'est le début de la criminologie. Progressivement, cette science s'enrichit et prend de l'importance. Toutefois, l'intérêt spécifique pour la délinquance juvénile se révèle tardif. Les différents travaux scientifiques menés sur ce sujet ont simplement abouti, en schématisant, à la conclusion qu'il n'existait pas de personnalité délinquante propre au mineur. Il semble alors que, lorsqu'un adolescent tend à commettre des actes violents, cela résulte de multiples facteurs : sa personnalité, son environnement social et familial, les circonstances qui se présentent à lui … Ainsi, peut-on s'interroger sur les raisons qui poussent les mineurs à commettre des actes délictuels.
[...] N'est-il pas légitime qu'ils revendiquent un droit de parole véritable ? Sans réponse à leurs attentes, ils vont exprimer leur mécontentement par des actes délictuels (incendie, émeute, agression de policier). Ils cherchent à s'imposer. Avoir la capacité de se faire respecter est une préoccupation qui revient régulièrement dans les propos par lesquels les jeunes justifient leurs actes de violence. Sont mises en avant les notions de respect, d'honneur et de réputation. La reconnaissance dont jouit un adolescent aux yeux des autres est liée à sa capacité de s'imposer. [...]
[...] Si cette image ne correspond pas à son idéal, l'adolescent éprouve souvent un sentiment de rejet, d'humiliation. Le moyen le plus approprié pour lui de reconquérir son identité semble être le recours à la violence. Comment avoir l'impression de donner naissance à son existence ? Le jeu symbolique avec la mort est une manière radicale, mais puissante de s'interroger sur le sens de la vie. À travers des comportements extrêmes, l'adolescent se construit : il repousse sans cesse les limites pour avoir le sentiment d'exister. [...]
[...] Cependant, si le mineur ne dispose pas autour de lui d'interlocuteurs fiables et légitimes à ses yeux, il se peut que le sentiment de malaise s'accroisse : la simple crise d'adolescence se prolonge alors en une crise de la jeunesse. D. Le Breton insiste sur le fait que l'adolescence symbolise la construction d'une existence propre. Cette structuration de la personnalité passe d'abord par la constitution de l'image que le jeune souhaite refléter. Des psychanalystes de renom tel que Freud ou Lacan ont défini le concept de narcissisme chez l'adolescent. L'idée dominante est que le mineur se constitue par identification à autrui. [...]
[...] On observe un assouplissement des procédures. Pour exemple, citons la possibilité de présenter immédiatement le jeune devant la juridiction des mineurs. De nouvelles mesures sont prises pour obtenir une réponse progressive et diversifiée aux actes de délinquance (mesure de composition pénale pour les mineurs de treize à dix-huit ans, placement en internat scolaire ou exécution de travaux scolaires pour les mineurs de dix ans . On ne peut pas encore décrire les effets de cette loi, celle-ci étant trop récente, néanmoins elle soulève déjà une certaine polémique. [...]
[...] Pour exister, ils doivent susciter le respect. D'après P. Hintermeger, l'usage de la force (racket, agression physique) confère un fort sentiment de supériorité : s'imposer, s'affranchir des règles communes, donner une leçon. Des différents arguments soulevés dans ce paragraphe, on peut émettre l'hypothèse qu'il n'existe pas de personnalité délinquante. On ne naît pas délinquant, on le devient par des causes principalement externes : la recherche d'une reconnaissance sociale, le besoin de tester les limites de la vie pour en comprendre le sens, l'acquisition de ses propres valeurs. [...]
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