Il semble que l'on puisse distinguer deux types de sentiment d'insécurité : L'un en est dépendant, est déterminé par la fréquence et l'intensité des violences. C'est donc un sentiment d'insécurité que l'on pourrait qualifier de rationnel (I). L'autre semble peu déterminé voire pas du tout par la fréquence et l'intensité des violences. C'est donc un sentiment d'insécurité que l'on pourrait qualifier d'irrationnel. (II)
[...] On reste dans le domaine du risque rationnel, non du risque en grande partie fantasmé comme c'est le cas avec l'insécurité comme état d'âme. II. La violence de la peur ou l'insécurité comme état d'âme A. Les fondements de cette peur La montée des incivilités On ne peut pas dire pour autant que les incivilités soient un phénomène social nouveau : le manque de politesse, le vandalisme, les vitres brisées ou les menus larcins n'ont jamais été totalement éradiqué (même si on ne peut pas contester une tendance à la baisse jusqu'au début des années 70). [...]
[...] On postulait alors que la perception du crime était fonction de l'occurrence de celui-ci et que le sentiment d'insécurité était uniquement déterminé par la fréquence et la gravité de la délinquance. Or les recherches devaient démontrer que l'intensité du sentiment d'insécurité n'évoluait pas selon les courbes de la statistique des crimes les plus graves ni selon les résultats des sondages de victimisation. En fait, on a montré au début des années 1990 que l'on pouvait réussir à réduire les désordres –vandalisme, ivresse sur la voie publique, attroupements de jeunes - sans réduire pour autant le sentiment d'insécurité. [...]
[...] Elles nourrissent ainsi un sentiment d'insécurité plus diffus mais plus profond, moins rationnel que le précédent mais beaucoup plus lourd de conséquences. La victimation n'a pas lieu ou rarement mais on l'anticipe, on l'a craint par avance, on la fantasme. Et comme tout fantasme, il prend une proportion plus importante que la réalité. On peut donc dire que la menace quotidienne de la violence (à travers les incivilités) nuit autant sinon plus que sa concrétisation exceptionnelle (à travers la variable du crime). [...]
[...] Peut-il y avoir un véritable sentiment de peur, d'insécurité en l'absence de violences ? Dans ce rapport à la violence réelle, il semble que l'on puisse distinguer deux types de sentiment d'insécurité : - L'un en est dépendant, est déterminé par la fréquence et l'intensité des violences. C'est donc un sentiment d'insécurité que l'on pourrait qualifier de rationnel : je parlerais donc d'insécurité comme état d'esprit. - L'autre semble peu déterminé voire pas du tout par la fréquence et l'intensité des violences. [...]
[...] En effet, à la longue les deux mouvements se rejoignent car si la sensibilité s'accroît, un plus grand nombre de comportements entre dans la catégorie des violences. On s'est donc rabattu sur l'autre explication que propose le sens commun, à savoir l'action des médias. Cette explication n'est pas plus convaincante. Il est incontestable qu'il y a bien un lien entre la couverture médiatique de la criminalité et le sentiment d'insécurité, mais la complexité de ce lien empêche d'en dire plus. [...]
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