Les rapports sociaux de sexe - Fonctionnement et évolutions des sociétés contemporaines

Thèmes abordés

Rapports sociaux de sexe, fonctionnement des sociétés, évolutions des sociétés contemporaines, Trente Glorieuses, ordre social vertical, place de la femme, classe ouvrière, discrimination, black feminism, révolution identitaire, socialisation familiale

Résumé du document

Les Trente Glorieuses marquent une période de révolutions sociales en France. Au sortir de la guerre, l'économie est florissante et transforme le marché du travail. Si les transformations se manifestent dans les catégories socioprofessionnelles avec la disparition du monde paysan et l'élévation sociale de la classe ouvrière, ces transformations sont aussi prégnantes dans les rapports sociaux de sexe avec l'arrivée des femmes sur le marché du travail : en 1954, seuls 25% des mères de 2 enfants avaient un emploi contre 80% en 1982.
Soit les rapports sociaux de sexe témoignent d'un ordre social vertical basé sur une attribution de rôles sociaux qui imprègnent le fonctionnement de la société par des rapports de dominants/dominées qui ne sont pas propres à la lutte des classes, soit l'analyse longitudinale des rapports sociaux sexués rend compte des évolutions sociales, politiques et économiques.

Extraits

[...] Les rapports sociaux de sexe - Fonctionnement et évolutions des sociétés contemporaines Les Trente Glorieuses marquent une période de révolutions sociales en France. Au sortir de la guerre, l'économie est florissante et transforme le marché du travail. Si les transformations se manifestent dans les catégories socioprofessionnelles avec la disparition du monde paysan et l'élévation sociale de la classe ouvrière, ces transformations sont aussi prégnantes dans les rapports sociaux de sexe avec l'arrivée des femmes sur le marché du travail : en 1954, seuls 25% des mères de 2 enfants avaient un emploi contre 80% en 1982. [...]

[...] Au-delà des rapports de genre, ces séries témoignent de l'évolution des instances de socialisation dans leur fonctionnement au sens d'institution régie par des règles comme la famille. Nous nous demanderons alors en quoi les rapports sociaux de sexe révèlent tout aussi bien les mécanismes de la société que les évolutions de son fonctionnement. Nous verrons d'abord la transmission des normes sociales genrée avant de voir que ces normes ne sont pas inscrites dans un ordre immuable pour finir sur les autres formes de rapports sociaux qui traversent les sociétés contemporaines. [...]

[...] Dorlin utilise cette analogie entre genres, classes et race et la nuance, pour analyser les rapports de domination quant au genre et à la race qui relèvent tout deux d'un processus de pathologisation qui naturalise les différences anthropologiques. L'apparition du black feminism utilise l'intersectionnalité pour se distinguer d'un discours féministe largement construit autour de l'expérience de femmes blanches favorisée qui invisibilise les conditions des femmes racisées qui n'ont pas été reconnues pendant longtemps comme représentatives des discriminations ni envers les femmes ni envers les ethnies. [...]

[...] Si celle-ci affiche un principe de neutralité quant aux rapports de genre, on est en droit de la remettre en question lorsque la hiérarchie scolaire se masculinise pour arriver 48% de femmes agrégées alors qu'elles représentent plus de 80% des enseignants au primaire d'après les chiffres de l'éducation nationale. L'institution scolaire n'est pas plus indépendante que ses acteurs quant aux rapports de genres, les enseignants aussi ont des attentes sexuellement différenciées en fonction genre de leurs élèves et expriment ces différenciations dans leurs pratiques pédagogiques. [...]

[...] La question intersectionnelle fait surgir des débats d'ordre politique au sein de communautés de luttes contre les discriminations : la lutte féministe est critiquée en ce qu'elle prend uniquement en compte les femmes blanches de classes supérieures qui rejettent la lutte féministe noir, car supposément porteuse de valeurs virilistes alors que les Superwoman étaient elles-mêmes en opposition avec les Black macho en quête de reconquête du privilège masculin. L'étude de Wallace analyse dans lutte parallèle des féministes américaines et le mouvement noir une situation de double allégeance pour les féministes noirs dont les intérêts des deux mouvements sont jugés comme antagonistes. Ces situations ambigües se retrouvent dans l'Empire français étudié par Vergès où les femmes blanches n'avaient pas le droit de vote, mais le droit de posséder un esclave. [...]