Quels sont les rapports entre un migrant et la communauté où il s'installe, et quelles sont leurs manifestations spatiales ?

Thèmes abordés

identité, société, communauté, immigration, ségrégation spatiale, quartier ethnique, anthropologie

Résumé du document

La communauté, comprise dans son acception large comme une société locale, constitue l'unité de base des regroupements humains, comme le montre Tönnies dans Communauté et société (1960) en énumérant les sociétés « primitives » fondées sur des groupements plutôt réduits. Dès lors, on peut s'interroger sur l'influence des migrations sur ces communautés, et caractériser la place du migrant au sein de la communauté.
Lorsqu'un migrant gagne un nouvel espace, il doit composer avec un changement de statut : il n'est plus chez lui, il est un étranger. Ce changement de statut se traduit spatialement, par exemple par un regroupement en quartiers ethniques.
Ainsi, quels sont les rapports entre un migrant et la communauté où il s'installe, et quelles sont leurs manifestations spatiales ? Dans un premier lieu, le statut et la condition de l'étranger qui migre dans une communauté seront discutés. Les phénomènes d'habituation seront ensuite détaillés. La formation de quartiers ethniques et ses implications concluront le propos.

Extraits

[...] La relation entre une communauté et les étrangers qui s'y installent relève parfois de l'hostilité. En effet, les membres de cette communauté peuvent considérer l'intrusion d'étrangers comme une menace potentielle, et, comme le soulignent les auteurs de Territoires d'autochtonie, mobiliser leur ancrage local et leur capital d'autochtonie pour affirmer leur légitimité face aux nouveaux arrivants. L'exemple donné de la transmission des entreprises artisanales à d'autres membres de la communauté montre une volonté d'entre-soi, pour préserver les valeurs de la communauté, et se prémunir face à des influences extérieures. [...]

[...] Pour analyser les relations entre migrations et communautés, il faut comprendre le statut détenu par le migrant au sein d'une communauté où il s'installe. Simmel, dans Digressions sur l'étranger (1908), détaille longuement son statut. Il montre qu'il ne s'agit pas d'une simple cohabitation. L'étranger entretient une relation complexe avec la communauté, faite d'éléments qui les rapprochent, comme le partage de certaines valeurs universelles, et d'autres qui les éloignent, comme les différences culturelles. Il est en relation constante avec les membres de la communauté. [...]

[...] Cela expliquerait pourquoi, dans l'exemple précédent, les Noirs caribéens ne ressentent pas la nécessité de se regrouper en quartiers ethniques fortement ségrégés. Wirth montre ainsi que les ghettos juifs constituaient un début à l'intégration d'une personne dans une communauté plus vaste, en tant qu'individu. Ainsi certains Juifs issus des ghettos se sont installés dans d'autres quartiers, où ils ont établi des contacts extérieurs à leur communauté d'origine et se sont assimilés aux populations locales. Pourtant, l'influence est réciproque : l'auteur souligne que ces Juifs apportaient chez ces populations locales leurs propres coutumes, qu'ils judaïsaient aussi le quartier. [...]

[...] Quels sont les rapports entre un migrant et la communauté où il s'installe, et quelles sont leurs manifestations spatiales ? La communauté, comprise dans son acception large comme une société locale constitue, l'unité de base des regroupements humains, comme le montre Tönnies dans Communauté et société (1960) en énumérant les sociétés « primitives » fondées sur des groupements plutôt réduits. Dès lors, on peut s'interroger sur l'influence des migrations sur ces communautés, et caractériser la place du migrant au sein de la communauté. [...]

[...] L'intégration d'un migrant a une communauté qui lui est étrangère n'est pas sans difficulté. Dans Culture shock: negotiating feelings in the field (2007), R. Irwin montre que les anthropologues qui arrivent sur un nouveau terrain d'étude subissent un choc culturel, qu'ils doivent surmonter en s'appropriant ce nouvel espace. Cette appropriation passe par la reconstruction de son espace vécu, centrée d'abord sur le lieu de résidence, auquel on s'habitue le plus vite. Elle est aussi facilitée par l'intégration aux activités communautaires, comme l'obtention d'un travail. [...]