Exclusion, pauvre, pauvreté, altérité, différence, travail social, politique de la ville
Dans les âges qu'elle traverse, l'exclusion reflète toujours le climat de la société qu'elle croise. Ainsi dans ses formes, ses sigles et les catégories de population qu'elle désigne, l'exclusion revêt différentes formes d'expressions sociales qui nous éclairent toujours sur la société qui la produit. L'exclusion est souvent associée à la déviance au point que dans tous les âges du traitement de la question sociale, les exclus ont été assimilés à des « accidentés de la vie » que l'action sociale doit réparer.
[...] On peut compléter ce constat en précisant que ce champ d'action s'est développé depuis 30 ans en fonction de la gravité de l'exclusion. En définitive, là où les formes classiques de socialisation sont en déclin et menacent de désaffiliation sociale les individus en position de précarité, la ville devient le lieu d'expression d'une politique qui a d'abord été expérimentale pour s'ancrer durablement dans le paysage social. Au terme de cette analyse ouvrons le débat en nous demandant si les logiques d'actions sociales qui forment le cœur du projet démocratique ne fonctionnent pas sur des logiques d'inclusion et in fine sur une normalisation de l'exclusion ? [...]
[...] Les pauvres et les autres figures de marginalité vont être jusqu'au XVI èm siècle l'objet d'un contrôle pour éviter que l'hégémonie du culte ne soit menacée. La charité s'exerce envers les pauvres connus mais les vagabonds ou gens sans aveu (c'est à dire sans attache sociale) sont chassés, souvent arrêtés et enfermés. L'exclusion des étrangers, des errants, des forains, associée à l'interdiction de mendicité, permet de tenter une prise en charge systématique de l'indigence domiciliée : gestion à la fois sociale et policée de la pauvreté. C'est l'avènement de la pensée rationnelle qui fera reculer la prégnance du théologique dans l'espace social. [...]
[...] Le recours au thème de l'exclusion démontre un déplacement que l'on observe à l'horizon des années 80 et qui va de pair avec les nouvelles figures de la pauvreté. On retrouve là, l'inquiétude qui s'est construite au fil des siècles : Cet autre peut-il être moi ? En effet le cap symbolique du un million de chômeurs franchit en 1974, distille dans son sillage le spectre des vies qui basculent Dans cette continuité, le traitement social de l'exclusion s'axe dès le milieu des années 80, vers une compréhension des processus de fragilisation sociale qui deviendra l'axe de la nouvelle question sociale. [...]
[...] Toutefois, l'égalité de droit n'est pas synonyme d'égalité de fait et entre solidarité versus déni, la notion d'exclusion semble être à l'interface d'une impossible équation. Il est évident que le traitement de l'exclusion est inhérent au processus démocratique autour de la notion de réparation, de réduction des inégalités mais depuis que la notion d'exclusion a fait son apparition sur la scène sociale n'est-elle pas comparable au mythe de Sisyphe ? La négation de cette aporie, de ce déni du conflit entre égalité de droit et inégalité de fait, entraîne des tentatives permanentes pour réduire tous les types d'exclusion. [...]
[...] En effet, le pauvre est intégré dans l'espace social, il fait partie de l'ordre des choses et nous avons précédemment évoqué sa fonction sociale. Le marginal peut ne pas être considéré comme un pauvre mais comme un individu ayant choisi ce mode de vie. Dans les années 60, beaucoup de jeunes marginaux sont issus des classes supérieures vis à vis desquelles ils sont en opposition. A l'aube des années 1970, avec la crise économique naissante, la capacité de l'Ėtat à conduire le progrès social recule. [...]
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