Il nous est aujourd'hui évident de nous penser comme individus évoluant dans une société déterminée. Nous sommes tous convaincus que la société est un regroupement d'individus. Pourtant, et cela peut nous surprendre, cette conception n'a pas toujours été évidente. Il a existé, en occident même, des sociétés qui ne sont pas dotées d'outils de langage pour penser le « je », c'est-à-dire pour concevoir l'individu comme une entité autonome, complètement séparée du reste du groupe.
Louis Dumont, dans son Essais sur l'individualisme, opère la distinction fondamentale entre les sociétés traditionnelles holistes qui accordent plus d'importance au tout qu'à la partie. Ce type d'organisation privilégie les liens communautaires sur les droits des individus. Elles se différencient en cela des sociétés modernes qui se caractérisent par l'idéologie individualiste.
Pour penser la genèse de cet individu considéré comme porteur de valeurs spécifiques et comme la plus petite entité différenciée d'un « tout », il faut considérer qu'il est le fruit d'une histoire, d'un processus qui « n'a ni point de départ véritable, ni moteur central et dont il faut se garder d'en rechercher l'origine première ». Bien que nous conservons cet avertissement de Christian Le Bart en tête, les prémisses de ce processus peuvent déjà être explicitées chez les penseurs antiques Grecs et Romains et notamment chez les philosophes stoïciens dont le but était le perfectionnement de l'individu. Le christianisme des origines constitue lui aussi un début d'individualisation puisqu'il postule que le salut qui ne peut être qu'individuel.
Ce processus d'individualisation se distingue de l'acception courante que l'on accorde au terme individualisme et dont la conation est souvent péjorative, associé à l'égoïsme des individus contemporain. En effet, ce terme désigne le processus qui a conduit les sociétés occidentales modernes à valoriser l'individu abstrait en tant que porteur de valeurs particulières.
[...] L'invention de nouvelles techniques de mesure et d'observation a entraîné la remise en cause des principaux dogmes de l'Eglise. L'homme est désormais seul et en proie aux doutes existentiels. Cela forme la base d'une nouvelle philosophie humaniste qui place l'homme au centre de sa réflexion. L'homme se dote d'une entité intrinsèque la raison l'entendement explicitée par le cogito cartésien : cogito ergo sum je pense donc je suis La pensée soumise aux dogmes et croyances de l'Eglise passe se transforme progressivement en une pensée individuelle et autonome. [...]
[...] Les droits et libertés fondamentaux de l'individu constituent par la suite la base du constitutionnalisme moderne pour lequel il faut protéger l'individu au nom de ses droits naturels contre les abus du pouvoir. Il s'agit donc de juger les lois sur la base de ces droits et libertés fondamentaux. L'individualisme révolutionnaire est donc permis par la vocation universelle de ses idéaux. On retrouve la corrélation entre individualisation et universalisme. La Révolution française a aboli les corporations et a implicitement favorisé un l'individualisme économique basé sur le libéralisme. Le capitalisme érige l'intérêt personnel en habitus dominant au sein de la société. [...]
[...] Louis Dumont, dans son Essai sur l'individualisme, opère la distinction fondamentale entre les sociétés traditionnelles holistes qui accordent plus d'importance au tout qu'à la partie. Ce type d'organisation privilégie les liens communautaires sur les droits des individus. Elles se différencient en cela des sociétés modernes qui se caractérisent par l'idéologie individualiste. Pour penser la genèse de cet individu considéré comme porteur de valeurs spécifiques et comme la plus petite entité différenciée d'un tout il faut considérer qu'il est le fruit d'une histoire, d'un processus qui n'a ni point de départ véritable, ni moteur central et dont il faut se garder d'en rechercher l'origine première Bien que nous conservons cet avertissement de Christian Le Bart en tête, les prémisses de ce processus peuvent déjà être explicitées chez les penseurs antiques Grecs et Romains et notamment chez les philosophes stoïciens dont le but était le perfectionnement de l'individu. [...]
[...] Le processus d'individualisation connaît aujourd'hui certaines vicissitudes. On l'associe désormais spontanément à l'égoïsme d'individus déracinés, sans passé et à l'individualisme économique qui développe une compétition forcenée entre les individus. L'individualisme moderne est de plus ambigu. Par exemple, des éléments non individualistes, comme la famille, survivent toujours dans nos sociétés. Le processus d'individualisation se réalise en effet avec une dialectique complexe qui combine éléments individualistes et leurs opposés. En matière économique et sociale par exemple, le libéralisme qui a été poussé à l'extrême, jusqu'à produire une compétition économique féroce entre les individus a été obligé d'intégrer des mesures de protection sociale. [...]
[...] Le citoyen est pensé comme un individu doté de droits naturels et arraché aux communautés qui font obstacles l'expression de sa raison. Pour Kant, les Lumières peuvent être définies comme la sortie de l'individu par lui- même de l'Etat de tutelle dont il est lui-même responsable La démocratie permet donc aux individus de décider en leur âme et conscience de ce qui est bon pour la société. Il est libre, indépendant et son jugement est éclairé. La citoyenneté est impossible s'il ne l'est pas, ce qui est le cas pour les femmes, les domestiques, les indigents, les enfants Les principes révolutionnaires constituent la base de notre modernité politique, économique et sociale La Révolution française a contribué de deux manières à l'individualisation. [...]
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