femme, inégalités de genre, travail des femmes
En France, depuis les années 1960, nous pouvons observer un très fort accroissement du taux d'activité féminin. Néanmoins, ce qui a changé ce n'est pas le travail féminin, mais bel et bien l'entrée massive des femmes sur le marché du travail rémunéré, et plus particulièrement la forme de leur salariat. La raison qui explique que ce ne soit pas le travail féminin qui ait changé c'est que ce dernier a toujours existé.
Comme le montre F. Battagliola , quelque soit la période de l'histoire, les femmes ont toujours exercé un travail, que ce soit au sein du foyer ou hors du cadre familial. Mais, l'évolution de l'activité féminine n'est pas sans lien avec les rapports de dominations entre hommes et femmes, mais aussi avec la culture et la société française. Tout cela engendre alors un certain nombre de problème, à savoir le manque, voire l'absence totale de reconnaissance du travail féminin par la société à certaines périodes de l'histoire et, la volonté des politiques d'encourager les femmes à rester au foyer. Enfin, au fil des années une segmentation des métiers selon le sexe s'est implantée dans les mentalités, d'où la question qui se pose : n'existerait-il pas des emplois spécifiquement féminins que sont les emplois dits atypiques ? L'analyse de cette question, nous amènera alors à nous pencher sur la vulnérabilité des femmes au chômage, mais aussi sur leur employabilité. Cela nous amènera donc tout naturellement à analyser, de manière quantitative, le chômage des femmes.
Avant de se lancer dans ces différentes analyses, un retour sur la définition de la notion de « travail » ainsi que l'étude de la place des femmes dans les premières études statistiques réalisées apparaît nécessaire. Dès 1851, afin de mesurer ce dernier, de nombreux recensements ont été effectués dans le but d'estimer le nombre de personnes concernées par chaque activité professionnelle. Mais, pour arriver à cet objectif, il à été nécessaire de créer des catégories, ce qui n'a pas toujours été facile, notamment en ce qui concerne la place des femmes. Suite aux différents recensements effectués au début du XIXème siècle, trois notions ont alors été crées, à savoir celle de la profession, de la population active et inactive et celle de chômeurs. A cette période, la profession est uniquement définie par les métiers issus des corporations, c'est-à-dire des associations d'ouvriers et d'artisans défendant les intérêts de leur profession. Puis, au fil des années, la notion de « classe », ou plus précisément la position sociale occupée par chaque individu dans sa profession va être prise en compte. Par exemple, on différencie les « chefs » des « ouvriers » et des « employés ». Enfin, la distinction entre salarié et non salarié va s'affiner. En ce qui concerne les femmes et les enfants, ils étaient souvent classés sous la profession du chef de famille. La distinction entre population active et population inactive s'appuie sur la définition du travail marchand procurant une rémunération directe, comme par exemple la vente de biens ou le salaire. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, les mères au foyer ainsi que les domestiques étaient classées dans la même catégorie : celle de la « classe domestique », bien que, contrairement aux femmes au foyer, les domestiques étaient rémunérées. Mais, la décomposition de cette catégorie va engendrer une distinction entre population active et population inactive. Conventionnellement, la population inactive regroupe toutes personnes qui ne sont ni en emploi, ni au chômage. Ainsi, à cette période seule les personnes ayant une activité rémunérée sont considérées comme étant active. Les individus vivant du revenu d'autrui, sans être eux même rémunéré, sont alors classés sans profession, donc faisant partie de la population inactive. Cela sera notamment le cas des femmes restant au foyer. La distinction entre population active et inactive écartera donc les femmes du rang de la population active. Plus concrètement, ces dernières ne font pas partie de l'offre de travail. Pour certains historiens de l'économie, la notion de chômage est une invention de la fin du XIXème siècle allant de paire avec la constitution de la classe prolétaire urbaine puisque, c'est à cette époque que la « frontière travail/non travail devient une coupure nette entre deux mondes et est vécue comme telle, d'autant qu'elle est séparation entre lieu de travail et lieu d'habitat » . Mais, il convient d'ajouter à cela que cette notion implique également une différence entre la profession et l'emploi puisqu'un chômeur possède une profession mais n'a pas d'emploi. En 1891, la création de l'Office du travail va contribuer à introduire dans les recensements une question sur le chômage. Dès lors, les chômeurs vont être considérés comme faisant partie de la population active.
A présent, il convient de tenter de savoir comment classer l'activité des femmes. En effet, lorsque ces dernières exercent la même activité que leur mari, la tendance était de les classer sous la profession de ce dernier. Ainsi, pour toutes les femmes dont l'activité était effectuée au domicile et ne donnait, de ce fait, pas lieu à une rémunération se posait un problème puisqu'il était impossible de déterminer si « la part qu'elles prennent à l'exploitation est notable ou insignifiante » . A cela s'ajoute le cumul des activités, mais dans les recensements, seule l'activité principale était retenue. Dans le cas des femmes qui exerçaient une profession distincte de celle de leur mari, là encore se pose quelques problèmes. Dans cette optique, la notion de profession se réfère plutôt au modèle de travail masculin puisque, comme souligné plus haut, les femmes avaient souvent, à cette époque, plusieurs activités dont seule la principale était retenue. Tous les petits métiers étaient alors, lors des recensements, négligés. A travers ces différents constats nous voyons donc bien à quel point le classement du travail des femmes n'est pas simple. Il est même de loin très compliqué et ne se fait pas sans un certain nombre de problème.
[...] Au départ de leur mari pour le front, nombre de femmes se retrouvent sans ressource ou au chômage. Les aides versées par l'État n'étant pas suffisantes pour subvenir à leurs besoins, beaucoup d'entre elles se retrouvent dans l'obligation de chercher un emploi. Toutes les législations mises en place sur le travail féminin vont alors être suspendues et, dès 1915, l'État incite les industries à employer de la main d'œuvre féminine. Mais, l'emploi de cette main d'œuvre nécessite une réorganisation ainsi qu'une rationalisation du travail qui passe par une modernisation de l'outillage et une accentuation de la division du travail. [...]
[...] Ce n'est que dans les générations des femmes entrant sur le marché du travail dans les années 1970 que l'on va observer une continuité de l'activité professionnelle. Dès la Libération et jusqu'à la récession de 1974, la pénurie de main- d'œuvre va stimuler le travail des femmes. En effet, alors que bon nombre d'entre elles travaillaient dans le secteur de l'agriculture en 1945, on va s'apercevoir que ce secteur est en net recul alors que celui du tertiaire est celui qui offre le plus de débouchés pour les femmes. [...]
[...] En ce qui concerne les femmes et les enfants, ils étaient souvent classés sous la profession du chef de famille. La distinction entre population active et population inactive s'appuie sur la définition du travail marchand procurant une rémunération directe, par exemple la vente de biens ou le salaire. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les mères au foyer ainsi que les domestiques étaient classées dans la même catégorie : celle de la classe domestique bien que, contrairement aux femmes au foyer, les domestiques étaient rémunérées. [...]
[...] En effet, les modes de recrutements des écoles jouent un rôle important dans l'augmentation de la place des femmes dans les professions supérieures, dans le sens où le recrutement, qui repose sur les performances scolaires, favorise les filles. Concernant l'orientation des filles, cette dernière suit plus une logique de spécialité que de niveau. En effet, elles ne cherchent pas à entrer dans les écoles les plus cotées, mais plutôt dans les écoles qui leur proposent une spécialité, un enseignement qui leur plaise. Dans le cas de la magistrature, il semblerait que l'entrée des femmes dans ces métiers se soit fait en parallèle de la perte d'intérêt des hommes pour ces professions, à cause des salaires peu attrayants. [...]
[...] Tout d'abord, les femmes ne sont pas considérées, quand elles intègrent l'administration, comme de véritables employées, mais comme des auxiliaires Dans les années 1920, lorsque les femmes arrivent à atteindre des postes à responsabilité (ce qui reste rare), on parle d'infiltration des femmes dans les carrières masculines. La crainte de la concurrence subsiste donc toujours. Dans le secteur du tertiaire, le secrétariat est considéré comme une profession exclusivement féminine puisque ce type d'emploi est considéré comme leur convenant le mieux du fait que c'est une carrière de collaboration En effet, loin de les concurrencer, les femmes secondent les hommes. [...]
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