La Chine se trouvant être depuis 1949 un régime communiste, c'est-à-dire athée, toute croyance de nature religieuse est officiellement considérée par les autorités comme une force réactionnaire et obscurantiste incompatible avec la marche du progrès socialiste. Plus profondément et moins explicitement, la pratique religieuse reflète une autonomie de la pensée face à un discours communiste à vocation universelle, ce qui est jugé intolérable par le pouvoir. Dans tout système communiste, la religion est considérée comme un danger pour la conscience de l'individu et surtout pour le pouvoir lui-même : il s'agit donc de l'éradiquer le plus complètement possible.
[...] Ce double mouvement interne et externe n'a pu qu'amener une déliquescence du contrôle de l'Etat sur l'ensemble des activités économiques, mais aussi sociales. La pratique du capitalisme remet en cause les idéaux communistes d'égalité et la foi des masses en ces idéaux. La population chinoise est à présent dans son immense majorité totalement indifférente, voire ignorante des préceptes maoïstes. Cette situation de faiblesse de l'idéologie a ouvert la voie à une plus grande autonomie de la pensée et a ainsi conduit à une évolution du phénomène religieux, facilitée par les moyens modernes de communication. [...]
[...] Cheng cité en bibliographie). On constate ainsi que le phénomène religieux le plus difficilement contrôlable par le pouvoir, en étant le plus souvent apolitique, ne vient pas remettre en cause la stabilité du régime. En outre, les autorités réussissent à manipuler une grande partie du renouveau spirituel pour renforcer la cohésion nationale, fondement primordial à leurs yeux de la pérennité de la République populaire. Conclusion Toute autonomie de la pensée représente un danger pour le pouvoir dans un régime autoritaire. [...]
[...] - l'islam : compte entre vingt et cinquante millions de croyants en Chine qui se répartissent en deux groupes distincts mais quantitativement égaux. Les Hui, descendants des marchands arabes et perses, sont éparpillés dans toute la Chine, en particulier dans les grandes agglomérations et dans la région autonome hui du Ningxia (nord-ouest) où ils constituent 33% de la population. Ethniquement et linguistiquement, pratiquement rien ne les sépare plus de la masse des Han, l'ethnie qui regroupe l'écrasante majorité de la population en Chine. [...]
[...] Or cette menace théorique semble aujourd'hui bien plus qu'hier trouver sa réalisation pratique. Le phénomène religieux ne saurait en effet constituer à lui seul un véritable danger pour le pouvoir, mais en s'inscrivant dans le contexte d'une Chine fortement déstabilisée par les métamorphoses économiques et sociales des vingt dernières années, il peut devenir un des acteurs de l'ébranlement de l'autorité communiste. Son plus grand danger vient en outre peut-être du fait qu'il mine le système communiste de l'intérieur et non plus seulement de l'extérieur. [...]
[...] Ainsi, si la stabilité du régime ne doit pas être considérée comme immuable, tous les facteurs ne sont pourtant pas encore réunis pour que le phénomène religieux représente une menace véritablement actuelle pour le pouvoir communiste en Chine, bien que son évolution soit à surveiller attentivement. Bibliographie Ouvrages généraux Balencte J.-M., Mondes rebelles, Ed. Michelon, Paris L'Etat du Monde, Ed. La Découverte, Paris Rudolph S. et Piscatori J., Transnational Religion and Fading States, West View Press Articles de périodiques Bobin F., Fa Lun Gong, la secte qui donne des sueurs froides aux hiérarques de Pékin Le Monde août 2000. [...]
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