« C'est seulement en 1895 que j'eus le sentiment net du rôle capital joué par la religion dans la vie sociale. C'est en cette année que, pour la première fois, je trouvais le moyen d'aborder sociologiquement la religion. Ce fut pour moi une révélation. Ce cours de 1895 marque une ligne de démarcation dans le développement de ma pensée, si bien que toute mes recherches antérieures durent être reprises à nouveaux frais pour être mises en harmonie avec ces vues nouvelles » Emile Durkheim.
Cette citation d'Emile Durkheim témoigne de la rupture qu'il opère dans sa sociologie en parvenant à étudier les phénomènes religieux, c'est-à-dire l'articulation entre la sphère du sacrée et celle du profane. Alors que dans ses ouvrages antérieurs la religion n'avait qu'une place marginale, celle-ci passe au premier plan à partir de la fin du 19e siècle. Dans son étude sur le suicide par exemple Durkheim n'évoque la religion que comme un facteur parmi d'autres pour expliquer le degré d'intégration sociale d'un individu ou bien de régulation de son comportement. La préparation d'un nouveau cours sur la religion permet à Durkheim de faire la connaissance des travaux de William Robertson - Smith, et marque le début de son intérêt croissant pour la sociologie religieuse. Il écrit plusieurs articles successifs sur ce sujet : « De la définition des phénomènes religieux » (1899), « sur le totémisme » (1903), « Cours sur les origines de la vie religieuse » (1907), et enfin Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912). Ces nouvelles analyses de Durkheim s'appuient massivement sur des travaux ethnographiques, particulièrement sur les sociétés claniques australiennes. L'ambition de Durkheim n'est pas de faire de la religion un nouvel objet d'étude de sa sociologie, mais au contraire de bâtir toute sa sociologie autour de la religion, comme un élément d'explication fondamental de la vie sociale.
Malgré ce tournant majeur dans sa sociologie, Durkheim reste fidèle à certaines de ses problématiques, notamment celle du lien social. Le caractère sacré du social est d'ailleurs très présent déjà dans son ouvrage De la division du travail social. Durkheim instaure une rupture dans sa pensée mais tout en gardant certains éléments propres à sa méthode sociologique. Cependant l'étude de la religion a longtemps été du domaine de la philosophie ou de la théologie et on peut se demander quelle méthode Durkheim emploie pour étudier les religions. En quoi la définition que donne Durkheim de la religion se distingue des analyses traditionnelles de la religion ? En quoi Durkheim reste-t-il fidèle à sa sociologie ? (...)
[...] Le surnaturel entoure donc la sphère du religieux et les croyants sont confrontés au mystère. Pour Durkheim cette vision de la religion est inacceptable et n'est que le reflet de l'incompréhension des observateurs face à des croyances et des pratiques qu'ils ne comprennent pas. Certaines croyances, explique Durkheim, peuvent paraître irrationnelles à certains observateurs mais peuvent ne pas l'être du point de vue du croyant ou du primitif. Le primitif n'est pas confronté au mystère car il pense tout connaître du fonctionnement de la nature. [...]
[...] Il reconnaît l'existence de religions laïques comme celle dont certains objets symboliques inspirent un respect religieux, comme pour le cas des drapeaux ou des hymnes pour une nation. Mais la croyance en ces symboles ne donne pas lieu nécessairement à des pratiques clairement définies. On peut en effet croire au progrès de la science ou à la démocratie sans avoir un comportement clairement défini par ces croyances. De même il existe des systèmes qui conditionnent les pratiques des hommes mais qui ne proviennent pas de système qui conditionnent leurs manières de penser, comme par exemple l'éthique. [...]
[...] Sujet : Le phénomène religieux chez Durkheim. C'est seulement en 1895 que j'eus le sentiment net du rôle capital joué par la religion dans la vie sociale. C'est en cette année que, pour la première fois, je trouvais le moyen d'aborder sociologiquement la religion. Ce fut pour moi une révélation. Ce cours de 1895 marque une ligne de démarcation dans le développement de ma pensée, si bien que toute mes recherches antérieures durent être reprises à nouveaux frais pour être mises en harmonie avec ces vues nouvelles Emile Durkheim. [...]
[...] Malgré ce tournant majeur dans sa sociologie, Durkheim reste fidèle à certaines de ses problématiques, notamment celle du lien social. Le caractère sacré du social est d'ailleurs très présent déjà dans son ouvrage De la division du travail social. Durkheim instaure une rupture dans sa pensée mais tout en gardant certains éléments propres à sa méthode sociologique. Cependant l'étude de la religion a longtemps été du domaine de la philosophie ou de la théologie et on peut se demander quelle méthode Durkheim emploie pour étudier les religions. [...]
[...] Il étudie donc le culte, qui est l'ensemble des pratiques religieuses relatives à des croyances données. Durkheim cherche parmi les caractéristiques du culte celles qui pourraient servir à définir les phénomènes religieux, mais rencontre plusieurs difficultés. En premier lieu le culte est un ensemble de manières d'agir prédéfinies, mais qui ne se distingue alors en rien des pratiques sociales qui sont tout aussi déterminées. Le caractère obligatoire du culte n'est pas non plus un critère suffisant pour définir les faits religieux car le droit et la morale produisent également un système de conduite. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture