Il se passe des choses bizarres. Des millions de personnes débranchent leur téléphone, expédient un repas furtif avant de s'installer devant leur poste, puis leur comportement s'altère : nerveux, ils réclament le silence, pestent contre la pub, monopolisent la télécommande. Les pupilles se dilatent, la bave et quelques gouttes de sueurs perlent. Puis le programme tant attendu commence et un sourire béat illumine leur visage… Tel est le comportement de milliers de fans devant leur héro(s) ou héroïne(s). Ce phénomène, dit phénomène de fans, existe depuis déjà plusieurs décennies et se diversifie de plus en plus. C'est pourquoi il est intéressant de se poser la question de savoir d'où vient ce type de comportement vis-à-vis de son idole et pourquoi la plupart des gens en ont une.
C'est ce à quoi je vais m'intéresser ici, en me concentrant davantage sur les idoles des jeunes des dernières années, plus particulièrement dans le milieu artistique de la musique ou du cinéma.
[...] Il donne du sens au groupe. Selon Maffesoli, des héros, des saints, des figures emblématiques existent, qui sont en quelque sorte des formes vides des matrices permettant à tout un chacun de se reconnaître et de communier avec d'autres. Dionysos, Don Giovanni, le saint chrétien ou le héros grec, Madonna ou Maradona, on pourrait égrener à l'infini les figures mythiques, les types sociaux qui permettent une théâtralité commune, qui servent de réceptacles à l'expression du nous qui favorisent l'émergence d'un fort sentiment collectif. [...]
[...] Selon Anne Bacus, psychologue, ce phénomène de fans est de plus en plus précoce. Avant c'était un mécanisme de l'adolescence, aujourd'hui de la préadolescence, voire de l'enfance. Il est absolument normal de traverser ces périodes d'identification. Quand les enfants ou adolescents sont un peu perdus dans leur identité de fils de ils empruntent une autre identité. Souvent ce sont des périodes où le jeune manque de confiance en lui ou n'a pas encore une personnalité très construite. C'est un véritable besoin sur le plan psychologique. [...]
[...] Et on sait que si l'image, qui n'est rien d'autre qu'un fantasme projeté sur une toile, est mal digérée, elle peut chez les esprits faibles servir de déclencheur pour un passage à l'acte Lorsque Karl Marx parlait de l'aliénation du travail, c'est-à-dire que la force du travail n'appartient plus aux travailleurs mais aux dirigeants, nous pouvons dire qu'il existe maintenant une aliénation du temps libre. En effet, le temps libre ne nous appartient plus car nous sommes dépendants des séries, des films, de la vie de nos idoles Il dépend maintenant des producteurs, donc des personnes riches donc des dirigeants de la société. [...]
[...] Néanmoins, tout le monde a fait ce rêve au moins une fois dans sa vie. Même si le rêve ne portait pas exactement sur Superman, tout le monde s'est pris un jour pour un héros qu'il avait vu dans un livre. D'après ce que je peux tirer de l'observation que j'ai faite pour expliquer ce phénomène, il faut commencer par parler de la recherche d'idéal de l'être humain. En effet chacun d'entre nous a sa propre représentation du bien et du mal. [...]
[...] J'ai assisté personnellement à une réunion d'un groupe de fans de Friends dans les caves d'un bar à Paris. J'avais vu leur site sur Internet et cela me semblait une bonne idée d'y participer pour passer un moment agréable avec des personnes qui partageaient mon engouement. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque le générique de la série débuta. Tout le monde s'est mis à danser, à chanter et à devenir hystérique. C'est là que l'on comprend l'origine du mot fan. Il vient de fanatique. Or ces personnes étaient plus des fanatiques que de simples fans. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture