Dans les années 1970, on a le phénomène communautaire redevenir d'actualité dans le monde occidental, et tout particulièrement aux États-Unis. Un lien unit cette nouvelle floraison de communes à la protestation politique non violente, puis violente qui l'avait précédée et à la contre-culture de la drogue et des drop-outs. Protestation et communauté s'expriment aussi bien dans le domaine non religieux que dans celui des religions, souvent en marge des confessions traditionnelles.
[...] Les hippies de village vivent d'artisanat, d'horticulture, de pêche, d'emplois temporaires. Les relations de voisinage, l'entraide, la communauté de genre de vie, la collaboration dans des tâches données remplacent la cohabitation ou la consommation en commun. Les communautés les plus connues, en Amérique, sont rurales. Là encore la variété caractérise le phénomène. A un bout on rencontre le rassemblement d'artistes ou d'artisans vivant du fruit de leur travail et habitant des maisons séparées sur un domaine possédé et géré en commun. [...]
[...] Il se révèle surtout, sans doute, dans la recherche de nouvelles formes de sociabilité. Les communautés de Jesus People démontrent une relative réinsertion de la protestation dans le tissu social global par le moyen de la religion. Les communautés de base par contre, fixent la protestation contre l'Église et la société dans des microsociétés exemplaires d'avenir incertain tant par rapport à la société politique qu'à l'Église, et dans une idéologie de classe moyenne supérieure ou d'intellectuels de gauche. Mais sur ce phénomène comme sur tous ceux qui ont été évoqués plus haut, il faut se garder d'un jugement fût-il scientifique définitif, car la recherche à leur sujet ne fait que commencer. [...]
[...] Négativement, cela signifie une opposition de principe à toute activité programmée, fût-ce par la simple nécessité de gagner sa vie, la dévalorisation du politique, de l'économie et de l'ensemble de l'éthique du travail chère à la civilisation occidentale moderne. Deux pôles instrumentaux correspondent à ces positions idéologiques : le psychédélisme et la vie en communautés. La liberté de la pratique sexuelle nous semble être une conséquence de la recherche du communionnel et de la nonprogrammation plus qu'un élément constitutif (structurel ou instrumental) de la contre-culture (T. Roszak, Vers une contre-culture, Paris, 1970). [...]
[...] D'autres communes chrétiennes ont pu naître d'initiatives spontanées de hippies ou de drop-out convertis. Mais la plupart, sauf chez les Jesus people québécois (catholiques et francophones), paraissent issues des efforts d'évangélistes déjà adultes et souvent connus, capables d'inspirer confiance aux donateurs pour faire vivre ces groupes. C'est le cas des Children of God, de la Christian Foundation de Tony et Susan Alamo (Los Angeles), de la Jesus People's Army (Seattle, Washington), ou encore du Christian World Liberation Front (San Francisco), etc. [...]
[...] Ces groupes, qui pratiquent des liturgies improvisées par leurs membres, insistent sur la recherche plus que sur la possession de la foi, sur l'égalité des chrétiens dans l'Église au-delà des distinctions entre laïcs et prêtres et, enfin, dans la plupart des cas, sur la nécessité des engagements politiques et syndicaux. Une idéologie communautaire comprise en des sens divers est partout présente dans ces groupes (Américains du Nord ou du Sud, Européens; A. Nesti, L'Altra Chiesa in Italia, Milan et Crisi di una utopia? Milan, 1973). [...]
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