Le thème de la “moyennisation ” de la société française a largement été débattu durant les “Trente Glorieuses ” (Jean Fourastié), période de forte croissance économique et de nombreux changements sociaux. Aussi, cette idée d'un processus de moyennisation de la société française a notamment été défendue durant la présidence de Valérie Giscard d'Estaing (1974-1981) ou par des sociologues comme Henri Mendras.
La moyennisation de la société renvoie à une homogénéisation progressive des pratiques sociales et culturelles ainsi que des modèles de consommation au sein d'une société. Ainsi, la moyennisation de la société semble étroitement liée à la réduction des inégalités au sein même de la structure sociale française.
L'apparition de vastes classes moyennes pendant les années 1970 confirme vraisemblablement le postulat d'une moyennisation de la société française même si celle-ci demeure largement contestée par de nombreux sociologues. Aussi, la moyennisation de la société française peut-elle être remise en cause ou du moins relativisée ? Est-on véritablement en mesure d'affirmer que la société française se serait “moyennisée” ?
Dès lors, a-t-on assisté à une réelle baisse des inégalités et à une homogénéisation de la société française ?
[...] On va véritablement assister à une homogénéisation de la société américaine. Aussi, la montée progressive de nouvelles classes sociales qualifiées de moyennes qui vont rapidement s'imposer comme les classes les plus vastes va entraîner cette moyennisation de la société. Ce phénomène est donc, selon Tocqueville, un processus irrésistible lié au développement de toute société. Il apparaît ainsi logique de dire que l'on assiste à une moyennisation de la société française à certains égards. En outre, le postulat d'une moyennisation de la société reste défendu du fait de la réduction de certaines inégalités durant la période des Trente glorieuses L'économiste Simon Kuznets (prix Nobel d'économie en 1978) a expliqué que les inégalités de revenu pouvaient être représentées dans le temps comme une courbe en U inversé. [...]
[...] C'est par ce caractère cumulatif que Bernard Cohen explique que les inégalités tendent à croître au sein d'un même groupe, d'autant que les inégalités s'expliquent désormais davantage par les revenus du patrimoine que par les revenus des salaires. De sorte, Bernard Cohen explique que les inégalités fractales remettent largement en question la moyennisation de la société. Par ailleurs, les transformations structurelles du marché du travail et ses mutations ont également profondément remis en cause le postula d'une moyennisation de la société française. Malgré le nombre important de salariés du secteur tertiaire, la pénibilité liée au travail ne s'est pas atténuée et s'est étendue aux services (caissières dans la grande distribution par exemple). [...]
[...] Cette remise en cause semble actuellement confirmée par le renouvellement et l'évolution des inégalités. III) Ainsi, on assiste à un renouvellement des inégalités au sein de la société qui va fragiliser le thème d'une moyennisation de la société française. En effet, on assiste depuis une quinzaine d'années au développement d'inégalités que Bernard Cohen va qualifier de fractales à savoir intra-catégorielles. Les disparités au sein des classes moyennes, notamment en termes de revenu, et l'apparition de ces inégalités fractales tendent à remettre en question la moyennisation. [...]
[...] À cet égard, on peut parler d'une moyennisation de la société française sur cette période, et cela du fait même de la baisse des écarts de salaires sur cette période. Cette compression des écarts de salaire semble directement lier à la progression générale des revenus et à l'action de l'État Providence très présent durant cette période et qui tend largement à réduire les inégalités par les mécanismes de redistribution des richesses. Ainsi, on assiste à la mise en place d'une structure sociale en montgolfière (Henri Mendras, La Seconde Révolution française), ou de la population perçoit entre 500 et 2000 euros par mois. [...]
[...] Ces inégalités remettent en cause l'égalité des chances et le thème de la moyennisation de la société. Par ailleurs, on assiste à un regain et à une recomposition des pratiques de distinction culturelle. Dans les faits, il existe au sein de la société française une véritable hiérarchisation des pratiques culturelles. Ainsi, chaque milieu social cherche à maintenir un entre- soi »(Bourdieu), l'endogamie sociale remettant en cause l'idée d'une moyennisation de la société française. En d'autres mots, chaque groupe social cherche donc à se distinguer par des pratiques culturelles propres. [...]
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